Législatives: Attal dans "l'action", programme commun à gauche et guerre à droite
Gabriel Attal a lancé jeudi dans le Pas-de-Calais la campagne de la majorité présidentielle sur le terrain, promettant d'avoir dépassé la "sidération" de la dissolution, tandis que la gauche a abouti à un "programme de rupture" commun pour son "Nouveau...
Gabriel Attal a lancé jeudi dans le Pas-de-Calais la campagne de la majorité présidentielle sur le terrain, promettant d'avoir dépassé la "sidération" de la dissolution, tandis que la gauche a abouti à un "programme de rupture" commun pour son "Nouveau Front populaire", loin des fractures persistantes à droite.
L'alliance de gauche a finalement fait fructifier ses négociations: dans la soirée, les dirigeants des différents mouvements se sont satisfaits d'un accord sur un "programme de gouvernement et des candidatures uniques", avec "une déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat", après les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.
Mais Raphaël Glucksmann, en tête de la gauche pour les européennes, reste muré dans le silence. "C'est compliqué", a commenté à l'AFP un de ses proches, interrogé pour savoir si Place publique validait le programme.
Le mouvement de l'essayiste avait pourtant bien signé l'accord de principe trouvé entre les différentes formations de gauche du "Nouveau Front populaire" dès lundi soir.
Le contenu précis de l'accord n'a pas encore été dévoilé, pas plus que l'identité du potentiel Premier ministre qui émanera de cette future coalition en cas de victoire.
Une conférence de presse devrait se tenir vendredi pour détailler le programme.
En attendant, Gabriel Attal est rentré dans le grand bain dans le Pas-de-Calais. Le Premier ministre a été interpellé sur des sujets du quotidien comme les inondations, les heures supplémentaires des professeurs ou la réforme de l'assurance chômage, contestée à gauche, qui fera bien l'objet d'un décret "d'ici au 1er juillet".
Un débat Mélenchon-Attal-Bardella ?
Même s'il martèle qu'il est désormais "dans l'action" et non "la sidération", le Premier ministre a tout de même eu du mal à masquer son malaise au moment d'évoquer la manière dont il a appris la dissolution de dimanche, dans l'émission Quotidien.
Emmanuel Macron lui a-t-il demandé son avis ? "Non. Il m'a annoncé sa décision". "C'est sa prérogative", a-t-il évacué, tout en assurant qu'il "n'aim(ait) pas trop raconter (ces) échanges".
Tout aussi ébranlée après le camouflet des européennes, la majorité a dévoilé une deuxième vague d'investitures, dont celle du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné dans les Hauts-de-Seine.
En chef de la majorité, M. Attal s'est également dit "favorable sur le principe" à l'organisation d'un débat télévisé avec Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon, érigés en principaux rivaux du camp présidentiel.
Mais le leader insoumis n'a pas donné suite: le Front populaire "n'a pas encore désigné son candidat Premier ministre (...) C'est donc aux chefs des grands partis de notre coalition d'aller à ce type de débats", a-t-il fait valoir. La veille, il s'était tout de même estimé "capable" d'endosser ce rôle, sans "s'imposer" ni "s'éliminer".
D'autres noms ont également été évoqués pour Matignon, comme ceux de l'autre Insoumis, François Ruffin.
"Si jamais il y a un consensus sur un nom, je suis prêt à prendre la place qu'on voudra pour transformer la vie des gens", a déclaré ce dernier. La députée socialiste Valérie Rabault a de son côté plaidé pour "une candidature féminine", n'excluant pas la sienne auprès de l'AFP.
En tout cas, cet épineux débat de personnes ne semble pas avoir empêché la gauche d'aboutir, même si le patron du PCF Fabien Roussel avait reconnu dans la journée des "débats un peu tendus".
Ciotti déjeune avec Bardella
A droite, le feuilleton continue. Exclu de son parti mercredi par un bureau politique dont il conteste la légitimité et donc la validité de la décision, Eric Ciotti s'est rendu jeudi matin sans entrave à son bureau du siège du parti, au milieu d'une forêt de caméras.
Le tribunal judiciaire de Paris examinera vendredi le recours du député des Alpes-Maritimes contre son exclusion des Républicains, a-t-on appris de source judiciaire. Un nouveau bureau politique, initialement envisagé jeudi, est prévu vendredi entre les ténors de LR.
Eric Ciotti a par ailleurs déjeuné avec Jordan Bardella et Marine Le Pen, martelant son soutien à une "union des droites".
Mercredi, lors d'une journée rocambolesque, tous les cadres de LR ont décidé de confier la direction du parti à Annie Genevard et François-Xavier Bellamy et ont reconduit des candidatures de tous les députés sortants, sauf Eric Ciotti et une proche.
Mais les divergences éclatent au sein des LR sur l'attitude à adopter en cas de duel entre le Front populaire et le RN au second tour. M. Bellamy voterait "bien sûr" pour le RN alors que Florence Portelli, vice-présidente des LR, "voterait blanc".
Maréchal pas candidate
La crise est aussi ouverte à Reconquête!, qui a exclu la tête de liste aux européennes Marion Maréchal, en plein divorce avec Eric Zemmour.
"Je n'ai en aucun cas rallié ou rejoint le Rassemblement national", a insisté la nièce de Marine Le Pen sur TF1, affirmant qu'elle ne serait pas candidate aux législatives et assurant n'avoir pas négocié de poste au sein d'un éventuel gouvernement d'extrême droite.
La porte est en revanche ouverte pour ses proches, dont certains l'ont suivie dans son départ: Guillaume Peltier et Nicolas Bay, vice-présidents de Reconquête!, ainsi que Laurence Trochu.
La campagne commence dans un contexte économique toujours plus incertain. Signe des inquiétudes des investisseurs, le taux d'emprunt à dix ans de la France continue d'augmenter depuis la dissolution et l'écart avec l'Allemagne a atteint son plus haut depuis 2017.
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