Le vin en héritage…

Vincent Laroppe, huitième génération à la tête de la maison Laroppe.
Vincent Laroppe, huitième génération à la tête de la maison Laroppe.

Chez les Laroppe, c’est comme dans un bon film de Claude Sautet, il y a Vincent, François et les autres. Tous cultivent, ou ont cultivé, l’amour du vin. Vincent a repris en 2000 le domaine fondé à Bruley par son ancêtre François au XVIIe siècle. L’an dernier, il a décidé de faire prendre un virage à 180 degrés à son vignoble. Terminée la chimie, place au bio et à ses produits naturels, à consommer cette fois-ci, sans modération !

Son prénom n’est certainement pas le fruit du hasard. Est-ce bien utile de rappeler que Saint-Vincent est le patron des taverniers, vignerons et autres vinaigriers ? Ajoutez à cela un patronyme qui fleure bon le gamay, le pinot noir et l’auxerrois dans le toulois… Bref, vous l’avez compris, Vincent Laroppe pouvait difficilement échapper à son destin. Pourtant, il est formel, ses parents n’ont jamais fait pression sur lui pour qu’il reprenne le domaine familial. «C’est venu naturellement. J’ai commencé à travailler avec mon père à l’adolescence et j’ai tout de suite accroché avec le travail dans les vignes» explique-t-il tranquillement.

Vinum, Vedi, Vici

C’est tout aussi tranquillement qu’il enchaîne avec une licence de biochimie décrochée à Nancy puis un diplôme en œnologie à Dijon. Ses études à peine terminée en juin 1998, l’armée se rappelle à son bon souvenir. Pendant dix mois, il effectue son service militaire à Toul, pas très loin de chez lui. «J’avais un capitaine qui était fils d’agriculture. Il me laissait prendre mes permissions pendant les vendanges» se souvient Vincent Laroppe. Mais il a hâte de retrouver ses vignes. D’autant que son père Marcel est prêt à lâcher du lest. La transmission s’est faite en douceur et sans accroc. «J’ai sorti ma première cuvée en 2000, mon père travaillait encore à mes côtés» ajoute-t-il. Puis du jour au lendemain, Marcel a définitivement raccroché le sécateur. «Je pensais que ça allait être plus difficile pour lui. Un matin il est arrivé, il a vidé son bureau, on ne l’a plus jamais revu» ajoute-t-il. Vincent sait pourtant que la succession ne sera pas aisée. Marcel Laroppe a en effet beaucoup contribué à la renaissance du vignoble de Toul. Il s’est battu bec et ongle pour obtenir l’AOC, finalement décrochée en 1998.

 Des idées qui pétillent

Mais l’AOC n’a pas eu les effets escomptés tout de suite. Les vins de Toul traînent derrière eux une mauvaise réputation, qu’ils se démènent ou qu’ils restent cois comme dirait Brassens…Vincent Laroppe en est conscient que la vigne est un métier de patience. Il sait surtout que le vignoble de Toul n’a pas été épargné par le passé et qu’à chaque fois, ses ancêtres se sont relevés. Très vite, il apporte sa patte en imaginant un gris de printemps, des vendanges tardives puis la cuvée Chaponière qui porte le nom d’une parcelle de pinot noir. C’est son bébé et surtout la pépite de la maison Laroppe. Depuis qu’il a pris la tête des seize hectares de vigne, Vincent Laroppe soigne l’image de la maison. Il veut tirer le meilleur de la terre pour valoriser le vignoble. Pour cela, il travaille du matin au soir. Même le week-end, la météo l’obsède. Visiblement pas assez, car l’an dernier, il a décidé de faire le grand saut vers le bio. Exit les produits de synthèse, place au cuivre et au soufre. «Nous avons de plus en plus de demandes des consommateurs» souligne-t-il. Vincent Laroppe a déjà entamé les démarches auprès de l’organisme Ecocert. La première cuvée 100% bio est attendue en 2020. Pour y arriver, Vincent Laroppe est même prêt à reprendre sa binette pour désherber les ceps. En attendant, il s’offre quelques jours de congés, au soleil ou à la montagne. Et à votre avis, que peut faire un vigneron pendant ses vacances ? Visiter des caves bien sûr !