Le tunnel de plus en plus rentable

Toujours au-dessus du milliard d'euros de chiffre d'affaires, Groupe EuroTunnel continue d'afficher une croissance soutenue et surtout une rentabilité insolente : 200 millions d'euros. Des trafics en hausse (hors les passagers des Eurostar et les autocaristes) et des projets rémunérateurs qui se profilent continuent de placer le groupe au centre de la croissance du Calaisis.

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 «Nous avons fait en 2016 la meilleure année de notre histoire. Nos trois métiers sur-performent, chacun dans son domaine : la Liaison fixe est un actif unique dans le monde des infrastructures, ElecLink est entré en phase de réalisation et Europorte est le plus performant de son secteur», a déclaré son PDG, Jacques Gounon. En effet, les chiffres sont très bons : 1,02 milliard d’euros de chiffre d’affaires (+4% par rapport à 2015), des charges d’exploitation visiblement maîtrisées à 509 millions d’euros (+1%). En outre, le résultat d’exploitation s’apprécie d’année en année avec 509 millions en 2016 contre 477 millions en 2015, dépassant d’ailleurs l’objectif fixé. Enfin, le résultat net avant impôt passe la barre des trois chiffres, à 154 millions d’euros contre 80 millions en 2015. Il faut préciser qu’un tiers du résultat provient d’un réajustement de valeur d’action de la part de capital rachetée à Star Capital sur ElecLink en août 2016. Qu’importe, GET peut compter sur une trésorerie de 347 millions d’euros fin 2016. De quoi se payer cash ses sous-stations électriques… Consolidé, son résultat touche la barre des 200 millions contre 75 millions en 2015. Un triplement qui ne devrait pas s’arrêter selon son PDG : « Nos perspectives sont très bonnes et nous annonçons de nouveaux objectifs en progression pour 2017 et 2018.» GET doit devenir encore plus rentable…

Le lien fixe tire la croissance du groupeLa progression de ses activités le laisse d’ailleurs espérer. La concession sur le lien fixe a permis de transporter l’an dernier 2,66 millions de véhicules de tourisme et 1,64 million de camions. A lui seul, le tunnel détient 55% des parts de marchés des véhicules. Pour les camions, la part de marché s’est étendue à près de 40% ! En outre, GET se fait fort de soigner le transport des animaux, «facteur de fidélisation des clients», avec plus de 300 000 chats, chiens, etc., en progression de 16% par rapport à 2015. Seule ombre à ce tableau idyllique, le transport des passagers a décru de 4%, légèrement au-dessus de la barre des 10 millions de personnes. La chute est plus marquée sur le secteur des autocars, qui dévisse de 8% tout en accroissant sa part de marché. Le groupe reste optimiste quant au lancement de la ligne Eurostar Londres-Amsterdam annoncée pour fin 2017. Concernant sa filiale logistique Europorte, le groupe enregistre une baisse de son chiffre d’affaires de 7% par rapport à 2015, «une diminution principalement liée aux longues et successives grèves de la SNCF au printemps et à la baisse des volumes de céréales» selon le transporteur. Le résultat d’exploitation demeure équilibré grâce à la vente, en novembre dernier, de sa filiale de fret ferroviaire britannique, GB Railfreight, à EQT Infrastructure II.

D’autres investissements pour tenir à distance la concurrence maritime. Si le groupe se dit «confiant dans la solidité du modèle économique de son activité Liaison fixe», il ne peut cependant ignorer les velléités des ports de la Côte qui veulent lui reprendre des parts de marché après avoir essuyé la majorité des impacts migratoires en 2015 et 2016. Aussi, GET compte investir dans l’agrandissement de ses terminaux et la mise en service de trois nouvelles navettes pour les camions. Objectif : 2 millions de camions et 3 millions de voitures d’ici 2020. Concernant l’aspect logistique et fret, GET «s’attachera en 2017 à développer Europorte en privilégiant la rentabilité de ses opérations». Manière de s’organiser sur un segment de la chaîne de valeur encore incertain.

D.R.

Groupe EuroTunnel réalise 1,02 milliard d'euros de chiffre d'affaires soit une hausse de 4% par rapport à 2015.