Le tuning de camions signé Class Design
Les entrepreneurs picards, Alain et Virginie Sureau, ont créé Class Design à Roye il
y a huit ans. Avec une équipe d’une dizaine de personnes, ils
personnalisent, customisent et accessoirisent les camions et poids
lourds venus de toute l’Europe.
Originaire de l'Oise, le couple Sureau lance son premier site Class Design à Rouen en 2016 et vient d’ouvrir son tout dernier à Limoges. Entre temps, il y a aura Class Design en Bretagne né il y a deux ans. Puis, un autre à Poitiers. «Le but c'est de nous installer partout en France, à différents endroits, dans les régions stratégiques où il y a d'abord du transport, de la circulation et du camion. Moi j’ai l'expérience puisque j'ai roulé plus de 30 ans, je suis un ancien routier. J'ai démarré dans le transport, j'avais 18 ans. Donc j'ai parcouru toute l'Europe. J'avais une activité qui demandait beaucoup de temps puisque j'étais en alimentaire, donc je roulais les week-ends. J’ai dû faire un peu plus de 4 millions de kilomètres avec mon camion de 16 mètres de long», raconte Alain Sureau qui a créé Class Design pour répondre à un réel besoin.
«En fait, je me suis aperçu qu'il y avait quand même beaucoup de demandes et de passionnés dans ce corps de métier et que ça allait évoluer. Et qu'au final, en France, il n'y avait pas beaucoup de gens spécialisés dans la vente et la customisation de poids lourds. Moi, en l'occurrence, j'ai toujours aimé ça, décorer un petit peu mon camion. Il fallait toujours qu'on se démarque. Et puis ça a pris une ampleur importante en France».
Un
rassemblement inédit de camions décorés venus d’Europe
En octobre dernier, Class Design proposait sur deux jours, l’international castle’s truck, au pied du château de Tilloloy, près de Roye. Un rassemblement d’une centaine de camions customisés venus de toute l’Europe : Irlande, Portugal, Belgique, Allemagne… Les camionneurs passionnés venaient de loin pour vivre cette expérience inédite et répondre à l’invitation du couple Sureau. «Il s’agissait de leur offrir une forme de reconnaissance, en organisant un événement qui sortait du lot. Habituellement, nous, quand on va sur des meetings, c'est souvent sur des grands parkings d'entreprises, mais jamais dans des châteaux, jamais dans des lieux aussi exceptionnels. Ils étaient tous très contents. Vivement la prochaine édition, sûrement dans deux ans», invite Virginie Sureau.
L’entreprise propose toutes sortes d’accessoires pour les camions : lumières, stickers, équipements intérieurs, sièges, housses de sièges, tapis, et même micro-ondes, bref tout le confort à bord, sans oublier toute la décoration extérieure. «On a parfois des demandes originales voire farfelues, mais nous sommes quand même limités par la réglementation, on ne fait pas tout ce qu'on veut sur un poids lourd. Les routiers aiment beaucoup s’inspirer de leurs homologues scandinaves qui ont plus de libertés avec la décoration de leurs camions, souvent très originaux. Ils ont un temps d'avance par rapport au respect et au regard du conducteur qu'on n'a pas en France. Il n'y a pas le même regard et la même reconnaissance du camion et de son chauffeur».
Valoriser l’image du routier français
Les chefs d’entreprise souhaitent donc aussi redorer l’image du routier et de son véhicule par ce genre d’événements de grande ampleur ouverts au public. «En France, on a plutôt tendance à les rejeter. On les vire de toutes les zones. On ne veut plus les regarder. Ils polluent. Ils gênent sur la route. Ce qui était bien aussi au château, c’est que cela a donné une autre image du camion. Maintenant, quand vous serez sur la route, au loin, vous verrez un camion avec plein de lumières et quand vous allez vous en approcher, vous n'aurez plus le même regard. Vous allez le considérer différemment. Il y en a plein, nous ne prenons pas le temps de les observer. Nous sommes quand même maintenant envahis des camions des pays de l'est qui ne travaillent pas de la même manière non plus. Mais vous avez toujours parmi les vingt à trente camions sur un parking au moins deux trois beaux véhicules», soulignent-ils. D’ailleurs, avant d’avoir Class Design, Alain et Virginie Sureau avaient fondé Class Transport qui a résisté durant six années. Il y a aussi Class Wash dans la zone d’activité de Roye, une station de lavage dédiée aux camions.
Un marché qui tient bon
Avec peu de concurrents dans ce secteur de la décoration de poids lourds, le couple s’est développé seul dans son aventure entrepreneuriale avec le soutien de la communauté de communes du Grand Roye et de la CCI Amiens Picardie. «Nous avons eu la chance d’avoir des conseillers très présents pour nous aider, nous conseiller et nous accompagner à chaque étape de notre projet. D’autant qu’il y a encore un vrai marché dans ce secteur de la décoration de camions. Oui, il n'y a pas de limite sur un camion, c'est quand même un élément imposant. Parce qu'au final, maintenant, les véhicules nous allons les garder bien plus de dix ans. Alors, pour nous, c'est récurrent. Une fois que le client a fini d'équiper son véhicule, il recommence sur un autre. Ou alors parfois il change d'entreprise. Par exemple, s'il avait un Scania et puis qu'il passe sur un Volvo, il faut tout recommencer. Donc ça ne s'arrête jamais, il ne s'arrête jamais», se réjouit Alain Sureau qui observe aussi que ce sont de plus en plus les patrons de flottes de camions qui financent eux-mêmes ces éléments de décoration.
«De toute façon, ils n'ont plus trop de choix puisqu'ils ne trouvent plus de conducteurs. C'est un attrait. C'est un peu, en gros, une carotte qui fait que vous achetez le camion. Un de ces gars peut dire moi je veux un V8, je veux des lumières, je veux qu'il soit bleu. Et puis les patrons, ils cèdent. Alors que c'est compliqué pour eux. Il y a aussi ceux qui vont encore pas trop trop mal économiquement et qui osent cela par plaisir, pour se démarquer et essayer de faire croire aux voisins que son entreprise va mieux que la leur en achetant des véhicules flambant neufs avec tout ce qu'il faut dessus».
Des équipements qui peuvent atteindre des montants autour de cent mille euros sur un camion valant cent trente mille euros. Il faut compter un mois pour préparer un camion nu. «Nous venons de recevoir un camion arrivé tout blanc chez nous. Il est ressorti tout beau, tout neuf, avec toute une décoration très personnalisée. Là, le tracteur lui a coûté 138 000 euros et le client a remis vingt mille euros d'accessoires. On a fait toute la peinture, tous les accessoires ont été montés. En moyenne, un tracteur avec un semi, tout équipé, peut arriver à un montant total de 250 000 à 300 000 euros». Ne dit-on pas que les routiers sont sympas ? Ils sont aussi très sentimentaux avec leurs véhicules adorés.