Avec 45,2 millions de tonnes en 2020

Le trafic du port de Dunkerque en repli de 14% mais des perspectives encourageantes pour 2021

Ce n’est pas une surprise : la crise sanitaire inédite de 2020 a fortement impacté les activités du port de Dunkerque qui enregistre un repli de 14%. Les trafics des marchandises diverses (- 43%) et du transmanche (-70% pour les véhicules de tourisme) paient le plus lourd tribut. Toutefois, tous les projets et investissements industriels et logistiques ont été maintenus, laissant espérer de meilleurs résultats en 2021.



Avec un trafic en hausse de 63%, le terminal céréalier a fait figure de bon élève en 2020, année compliquée s'il en est pour le port de Dunkerque.
Avec un trafic en hausse de 63%, le terminal céréalier a fait figure de bon élève en 2020, année compliquée s'il en est pour le port de Dunkerque.

Depuis plusieurs années, le port de Dunkerque nous avait habitués à dévoiler des chiffres de trafic en hausse constante. Ce n’est pas le cas cette année. La crise sanitaire, d’une ampleur inédite, est passée par là. «Le port n’a pas été épargné mais a su résister et offrir une continuité de services, même au plus fort de la crise en mars-avril», a souligné Emmanuelle Verger, présidente du conseil de surveillance du port. «Notre trafic global, qui s’établit à 45,2 millions de tonnes, rappelle les chiffres de 2008 au moment de la crise économique mondiale, mais ne tombe pas aussi bas qu’en 2010 quand nous avons dû faire face à l’arrêt de la raffinerie Total.» Une manière de voir le verre à moitié plein alors que le port attend un rebond en 2021, s’appuyant sur les gros projets et investissements industriels et logistiques qui se sont poursuivis et dont certains verront leur concrétisation cette année.

De façon plus détaillée, les vracs solides enregistrent un repli de 40%, en raison notamment de la forte baisse des importations de minerai (8,7 millions de tonnes, -34%) et de charbon (3,6 millions de tonnes, -28%) par l’aciériste ArcelorMittal, qui, pendant cinq mois, a fonctionné avec un seul haut-fourneau sur trois, car touché de plein fouet par l’effondrement du marché automobile. Toutefois, la très bonne tenue du trafic céréalier (3,3 millions de tonnes, en hausse de 63%), porté en grande partie par le marché chinois, permet d’amoindrir la chute. Quant aux vracs liquides, ils terminent l’année à 7,7 millions de tonnes (-18%), un résultat qui s’explique en partie par la baisse de trafic de 31% enregistrée par le terminal méthanier (3,5 millions de tonnes) après une année record en 2019. Un résultat qui, plus qu’à la crise sanitaire, est surtout dû à un repli du marché vers l’Asie, et donc les ports asiatiques. Le trafic des hydrocarbures est, lui, stable à 3,4 millions de tonnes. Le trafic transmanche résiste bien avec 14,8 millions de tonnes, soit une baisse de 1%. Le fret enregistre une hausse de 4% en raison d’un phénomène de surstockage à l’automne en prévision du Brexit. En revanche, le trafic des voitures de tourisme a chuté de 70% et celui des passagers, de 54%. Enfin, terminons par une très bonne nouvelle : le trafic conteneurs poursuit sa croissance avec 463 000 EVP, en hausse de 2%, ce qui constitue un nouveau record. Depuis dix ans, le trafic conteneurs a connu une hausse de 130%. L’arrivée de deux nouveaux portiques de déchargement (qui porte leur nombre à sept) en mai dernier et l’allongement du quai de Flandre vont évidemment participer à accroître encore ce trafic en 2021.

Ces chiffres en demi-teinte ne doivent pas masquer «les bonnes perspectives malgré tout» attendues en 2021, notamment sur les terrains industriel et logistique, et dévoilées par Daniel Deschodt, président du directoire du port par intérim suite à la nomination de Stéphane Raison au port du Havre. Le groupe français SNF, leader mondial des polymères, doit démarrer la construction de son nouveau site de production à Gravelines, un investissement de 160 millions d’euros qui doit engendrer, à terme, la création de 160 emplois et faire bondir de plusieurs dizaines de milliers d’EVP par an le trafic conteneurs du port. Le groupe belge Indaver va également procéder au démarrage de sa nouvelle usine de recyclage de résidus chlorés Indachlor© à Loon-Plage, un investissement de 50 millions d’euros pour 40 emplois créés. Autre investissement belge : celui du groupe familial, Clarebout, parmi les leaders mondiaux de la frite surgelée, qui doit commencer au troisième trimestre 2021 la construction d’une unité de production à Saint-Georges-sur-l’Aa, soit un investissement de 120 millions d’euros et la création de 350 emplois. Deux projets de logistique doivent aussi se concrétiser à court terme : la construction d’un entrepôt de 43 000 m² porté par un promoteur immobilier parisien, la société SFAN, et l’extension de l’entrepôt du groupe familial belge Conhexa, dédié à la logistique des fruits et légumes. Par ailleurs, doit commencer la phase d’instruction de dossier pour la construction d’un entrepôt de 20 000 m² à l’initiative du groupe SAMFI Invest (qui porte également le projet d’implantation d’une usine de production d’hydrogène vert, H2V, à Dunkerque).

Enfin, la mise en place du Brexit au 1er janvier 2021 n’a pas eu, pour l’heure, de conséquences pour le port, hormis un ralentissement du trafic pour les produits de la mer qui doivent désormais passer entre les mains des services vétérinaires avant d’entrer sur le territoire européen. Avec un trafic de 17 millions de tonnes de marchandises chaque année, les îles britanniques sont incontestablement un partenaire essentiel du port de Dunkerque et «elles doivent le rester», a conclu Daniel Deschodt.