Le TGV à Beauvais ? pourquoi pas…
La sénatrice Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de l’Agglo, et le président de la chambre de commerce et d’industrie territoriale de l’Oise, Philippe Enjolras, lancent un mouvement fédérateur pour un TGV à Beauvais.
L’utopie, ce n’est pas l’irréalisable mais l’irréalisé » disait Théodore Monod. Et le TGV à Beauvais, Caroline Cayeux et Philippe Enjolras y croient dur comme fer. Conscients que « ce n’est pas pour demain », mais convaincus que « ceux qui ne présenteront pas de projet n’auront aucune chance de le voir se réaliser », l’élue et le président consulaire prennent les devants. Au cours d’une conférence de presse, ils ont expliqué tous les arguments en faveur d’un projet « structurant pas seulement pour Beauvais et le Beauvaisis, mais aussi bien au-delà », et lancé une grande pétition citoyenne en ligne pour soutenir leur action de lobbying.
Un noeud d’échanges multimodal
« Beauvais présente un atout unique, dont aucun autre territoire ne peut se prévaloir sur les tracés possibles de la future liaison TGV Paris-Londres : c’est le seul point où pourrait être créé un pôle d’échanges multimodal combinant l’autoroute, le transport aérien et le rail », argumente Caroline Cayeux. « L’aéroport de Beauvais-Tillé est le neuvième de France, et le seul parmi les neuf à ne pas avoir de gare TGV », renchérit le président de la CCI, détentrice de 51 % des parts de la Sageb qui gère l’aéroport. Le TGV partirait du Grand Paris à La Défense, soulageant ainsi la Gare du Nord saturée, rejoindrait Beauvais, Amiens et Calais en suivant le tracé de l’A16, avant de traverser la Manche vers Londres. « On pourrait penser que certaines distances entre les gares sont trop courtes pour bénéficier de la grande vitesse, mais de nouvelles rames sont actuellement présentées dans des salons ferroviaires internationaux, avec des accélérations extrêmement rapides », ajoute Philippe Enjolras.
Plus d’une heure pour Paris
« Il est impensable que Beauvais ne bénéficie pas d’une liaison ferroviaire rapide lui permettant d’être reliée à la capitale en moins d’une heure », tempête Caroline Cayeux, qui a présidé jusqu’en 2011 l’association des villes situées à moins de 100 kilomètres de Paris. Mais les infrastructures actuelles le rendent décidément impossible : « Pour réduire le temps de trajet, il faudrait supprimer des arrêts et la ligne ne serait plus rentable, ou créer une troisième voie pour contourner le noeud de Persan- Beaumont, un investissement d’autant moins envisageable que le barreau Creil- Roissy est désormais lancé » détaille-t-elle. Selon elle, l’arrivée du TGV est indispensable à la pleine réalisation du projet urbain initié depuis dix ans, qui renforce l’attractivité du territoire sur les plans économique et touristique. « Attirer de nouvelles entreprises créatrices d’emplois, de nouveaux visiteurs qui favorisent le développement de l’économie touristique, de nouvelles familles qui consomment, Beauvais s’y consacre déjà depuis des années et pense au futur », poursuit le maire, rejoignant les préoccupations de la CCIT qui s’attache, elle aussi, à la dynamisation industrielle et commerciale du département.
Anticipation indispensable
Alors que d’autres projets commencent à faire parler, notamment le tracé Paris- Cergy-Rouen-Le Havre, il est indispensable pour les acteurs économiques de l’Oise d’affirmer très vite leur ambition. « Il faut que nous arrivions à convaincre qu’un euro dépensé sur notre projet rapportera plus qu’un euro mis sur les autres », martèle Philippe Enjolras. D’ores et déjà, selon Jean-Louis Bourgeois, vice-président de l’agglo du Beauvaisis en charge des transports, des réserves foncières sont en cours de constitution pour implanter la gare TGV. « Nous devons maintenant nous mobiliser auprès des partenaires et des citoyens », concluent les intervenants, en présentant le site www.tgv-beauvais.fr, sur lequel chacun est invité à exprimer son adhésion au projet. Parce qu’un TGV à Beauvais, c’est possible…