Le réseau de chaleur de Doullens : plus gros programme de Terrritoire d'énergie Somme
Initié en 2017, le projet de réseau de chaleur de Doullens s’est concrétisé l’été dernier par le lancement d’une première phase de travaux en centre-ville. Fin septembre, toutes les parties prenantes se sont réunies pour poser la première pierre de ce qui est à ce jour, le programme le plus important porté par Territoire d’énergie Somme.
« En 2017, Doullens a décidé de confier son projet de réseau de chaleur à Territoire d’énergie, qui est vraiment l’acteur principal du département en matière de transition énergétique. Sept ans plus tard, les travaux sont lancés », sourit Christelle Hiver, maire de Doullens. Long de 6,5 km, il alimentera 40 bâtiments, dont la mairie, le CCAS, l’hôpital, le centre aquatique ou encore le lycée Montalembert.
« Ce projet est très ambitieux. Il répond à quatre objectifs : l’efficacité énergétique, la baisse de la facture énergétique, la limitation de la production de gaz à effet de serre et le soutien à la filière lin locale, puisque les chaudières seront alimentées chaque année par 3 000 tonnes d’anas de lin » détaille l’élue, qui souligne l’innovation que représente le choix de ce combustible. « C’est une première dans la Somme, les autres réseaux de chaleur étant alimentés par du bois » précise-t-elle.
Les 14 millions d’euros d’investissement nécessaires pour ce programme sont pris en charge par Territoire d’énergie Somme, l’Europe, l’État et la Région. « Cela veut dire que cela ne coûtera rien aux Doullennais » insiste Christelle Hiver.
Un outil de décarbonation
Depuis une décennie, Territoire d’énergie accompagne les communes de la Somme à revoir leur mode de chauffage urbain. « Nous sommes un opérateur en qui les collectivités peuvent avoir pleinement confiance, puisque nous sommes dénués de tout objectif lucratif » rappelle Franck Beauvarlet, président de Territoire d’énergie Somme. « Ce type de réseau est l’outil n°1 en matière de décarbonation de la chaleur. Il nous permet de nous libérer des énergies fossiles, mais aussi d’être indépendant financièrement et énergétiquement » précise-t-il.
En plus d’éviter le rejet de 4 000 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 2 000 allers-retours quotidiens entre Paris et New York, le réseau de Doullens engendrera une économie de 400 000 euros par an pour la commune. Une somme qui sera réaffectée à d’autres postes, améliorant de fait l’offre publique à destination de la population.
Des enjeux environnementaux et financiers
Le réseau de chaleur proposera également aux abonnés un tarif allégé en moyenne de 12 %. « Ce dernier ne sera pas soumis aux fluctuations du marché » précise Franck Beauvarlet. « Ces projets sont indispensables d'un point de vue environnemental, mais aussi pour l'équilibre social et économique de notre pays » abonde Régis Bejanin, président de la CRAM en charge de la réalisation du réseau.
« 45 % des consommations d'énergie sont consacrées à la production de chaleur dans notre pays, c'est énorme » pointe-t-il avant de souligner que le projet doullennais sera alimenté à 87 % par de l’énergie renouvelable. « Les trois chaudières poly-combustibles seront assistées par une chaudière à gaz, qui sera utile lors de la maintenance ou des pics de froid » conclut Régis Bejanin.
Une chaudière alimentée par des anas de lin
Le réseau de chaleur de Doullens sera alimenté par des anas de lin, une première dans la Somme. Ces fragments de paille, récupérés lors du teillage, proviendront des coopératives Opalin et Calira, situées à moins de 50 km de la chaufferie. « Nous cherchions à valoriser cette matière à proximité de la coopérative » explique Vincent Delaporte, directeur de la coopérative Calira, qui fournit déjà des anas de lin pour la fabrication de panneaux isolants, mais aussi pour des litières pour chevaux. « Nous allons approvisionner le réseau de chaleur de Doullens à hauteur de 3 000 tonnes de matière par an, ce qui représente une part très faible de notre production, qui tourne autour de 25 000 tonnes, mais cela reste un débouché intéressant qui pourrait être développé » ajoute-t-il.