Économie sociale et solidaire

Le Relais poursuit son activité à Crouy

Après l'incendie criminel qui a ravagé le centre de tri de vêtements à Ploisy en septembre 2022, le Relais revit à Crouy. L'entreprise d'insertion a trouvé un nouveau local dans lequel ses 150 salariés retravaillent depuis un an. L'an prochain, elle devrait retrouver une usine toute neuve à Ploisy et compte se développer davantage pour créer 25 emplois supplémentaires.

Emmanuel Pilloy (au centre), responsable du site le Relais de Soissons, avec Aurélien Gall et Caroline Varlet, conseillers départementaux de l'Aisne, lors d'une visite du site de Crouy le 5 mars.
Emmanuel Pilloy (au centre), responsable du site le Relais de Soissons, avec Aurélien Gall et Caroline Varlet, conseillers départementaux de l'Aisne, lors d'une visite du site de Crouy le 5 mars.

Le Relais de Soissons a retrouvé un certain rythme de croisière du côté de Crouy. Un an et demi après l'incendie qui a touché cette entreprise d'insertion, ses 150 salariés se retrouvent désormais dans un nouveau local temporaire. « Il a fallu réorganiser nos lignes de tri, réinvestir dans des machines, refaire l'électricité, la dalle au sol également mais voilà, nous nous sommes adaptés et l'activité a pu reprendre, personne n'est resté sur le carreau », souligne Emmanuel Pilloy, responsable de la structure soissonnaise.

Une entreprise d'insertion

À l'occasion d'une visite du groupe des conseillers départementaux de gauche et écologistes emmenés par leur président Aurélien Gall, le Relais de Soissons rappelle son fonctionnement. « Nous sommes une entreprise d'insertion et une SCOP, c'est-à-dire qu'au bout de cinq ans, nos salariés deviennent actionnaires, explique Emmanuel Pilloy. L'objectif de l'entreprise, c'est de créer un maximum d'emplois, c'est de permettre à un maximum de personnes en insertion de pouvoir travailler ici. Nous avons un impact social, environnemental et économique énorme. Notre activité part du déchet textile, quelque chose qui partait à la poubelle et qui va redevenir de la matière, va être réutilisé et ces déchets évités vont faire faire des économies à la collectivité. »

Le tri s'organise en plusieurs étapes dans l'entrepôt du Relais à Crouy qui emploie au total 150 salariés, principalement des personnes en insertion.


Le Relais créé il y a 40 ans à Bruay-la-Buissière (62), s'inscrit pleinement dans l'ESS, l'économie sociale et solidaire, et est aujourd'hui le principal acteur de la filière de récupération et de revalorisation du déchet textile. En France, 250 000 tonnes de vêtements passent des containers de collecte que l'on trouve dans toutes les communes à l'usine de tri. Le centre de Soissons traite lui 9 000 tonnes de déchets par an. « On a créé un centre à partir de 4 000 tonnes de textile récoltés donc nous sommes ici sur un centre important, précise le responsable. Nous collectons jusqu'à 150 km autour de Soissons, donc dans l'Aisne mais aussi jusqu'en région parisienne et nous avons une trentaine de chauffeurs et de camions qui vont relever les containers, parfois plusieurs fois par semaine. »

Des textiles triés, recyclés, revendus

Arrivés au centre de tri, les déchets vont passer sur un grand tapis et dans les mains de plusieurs opérateurs. Chacun d'entre eux va traiter chaque jour un peu plus d'une tonne de vêtements et chaussures. Plusieurs tris sont effectués. Une partie de la collecte composée de vêtements en bon état, et environ 50% va finir dans les boutiques Ding Fring du Relais, à Soissons, Château-Thierry, Compiègne, Nogent-sur-Oise et Reims. Une autre partie de la collecte, environ 30% va être exportée en Afrique où le Relais est présent au Sénégal, au Burkina Faso et à Madagascar. « Les vêtements d'été notamment vont partir là-bas et vont être revendus sur les marchés, précise Emmanuel Pilloy. Nous employons 1 000 personnes en Afrique et les excédents qui y sont réalisés, restent là-bas pour y développer des projets, des centres de tri bien sûr mais aussi d'autres de différentes natures : des projets maraîchers, du soutien à une miellerie par exemple... »

Le reste de la collecte, des vêtements en trop mauvais état (par exemple les jeans) vont être envoyés dans une usine pour être recyclés en matériaux isolants pour les maisons. Une autre partie va finir dans le chantier Chiffons d'Essuyage de Picardie, également basé à Crouy, il s'agit d'un chantier d'insertion qui emploie neuf personnes.

« Nous sommes fiers de donner de l'emploi à des personnes qui sans nous seraient au RSA, explique Jean-Marc Auguet, chargé de développement du Relais. Une étude a été réalisée avec le Département et démontre qu'un euro investi dans l'insertion permet d'en économiser 3 à 4 à l'arrivée. » Une preuve que l'économie sociale et solidaire peut être bénéfique pour la société.

Une nouvelle usine de tri au printemps 2025

Les travaux ont déjà débuté à Ploisy et doivent permettre au Relais de retrouver une usine de tri adaptée sur son ancien site, là où un incendie a tout ravagé en septembre 2022. Le nouveau bâtiment fera 6 000m² et sera donc plus grand que l'ancien (4 500 m²). Une extension était en effet prévue avant l'incendie, l'usine arrivant alors à saturation. « Nous espérons avec cette extension développer l'activité et créer 25 emplois supplémentaires », explique Emmanuel Pilloy, responsable du site. Le nouveau centre du Relais de Soissons devrait ouvrir ses portes en mars-avril 2025.