Le rachat d’Aluminium Dunkerque se précise
Des rumeurs de vente de l’usine Aluminium Dunkerque persistaient depuis le mois de septembre. Le groupe Rio Tinto souhaitait se séparer de ses unités de fabrication d’aluminium acquises à Alcan en 2007. Son rachat par le groupe GFG Alliance se précise et la consultation statutaire des employés, du comité d’entreprise, des actionnaires et des associés est lancée.
Mi-décembre, le groupe anglo-indien Liberty House (la branche industrielle de GFG) proposait une offre de rachat concernant Aluminium Dunkerque qui fabrique de l’aluminium pour l’industrie automobile ou entrant dans la fabrication des boîtes de boisson (Rio Tinto souhaite recentrer ses activités sur ses actifs miniers). La proposition concerne aussi l’usine Ascométal de Leffrinckoucke qui élabore des aciers spéciaux à destination de l’industrie automobile et mécanique et était menacée de fermeture depuis plusieurs semaines (l’usine est placée en procédure de sauvegarde et l’offre de reprise, déposée auprès du tribunal de grande instance de Strasbourg). Ces deux usines réunies emploient près de 1 000 salariés : 570 chez Aluminium Dunkerque et 400 pour Ascométal. Liberty House devait également déposer une offre pour Ascoval, une filiale d’Ascométal basée à Saint-Saulve.
Spécialiser le site dunkerquois en produits automobiles
Les choses n’ont pas tardé à avancer et, dès le 10 janvier, Liberty House annonçait avoir présenté une offre de rachat pour l’usine Aluminium Dunkerque de 500 millions de dollars, «la meilleure option pour le développement futur du site» selon Rio Tinto. La vente devrait être conclue dans le courant du second trimestre 2018. GFG Alliance, détenue par l’industriel britannique Sanjeev Gupta, prévoit un investissement total de 2 milliards d’euros en France (acquisition, modernisation, développement de la filière en aval) et «estime pouvoir créer plusieurs milliers d’emplois». Le groupe prévoit de spécialiser le site dunkerquois, d’une capacité de 280 000 tonnes d’aluminium par an, dans les produits automobiles en créant un site intégré : production d’aluminium et fabrication des pièces. En 2016, le groupe avait acquis la fonderie d’aluminium de Rio Tinto en Écosse. Il prévoit par ailleurs le rachat du groupe sidérurgiste Asco Industrie (quatre sites dont Ascométal), placé en redressement judiciaire et qui emploie actuellement 1 500 salariés. 100 millions d’euros y seraient injectés sur cinq ans. L’audience judiciaire est attendue pour le 24 janvier. Pour le Dunkerquois, ce rachat a des «airs de déjà vu» : en 2006, Mittal (un groupe indien basé lui aussi à Londres) lançait une OPA sur le leader de l’acier Arcelor.
Liberty House fait partie du groupe international GFG Alliance basé à Londres et détenu par le milliardaire Sanjeev Gupta. Ses activités concernent la production d’énergie, la fabrication des métaux, l’ingénierie, les ressources naturelles, l’extraction minière, l’immobilier et les services financiers. Il compte dans ses actifs 35 sites, en Grande-Bretagne, en Australie et aux Etats-Unis, et a effectué en 2017 neuf acquisitions. Son chiffre d’affaires est de 10 milliards de dollars (8,4 milliards d’euros). Il emploie 12 000 salariés.