Aménagement

Le Premier ministre en visite sur le site Cosserat à Amiens

Jean Castex, Premier ministre, accompagné de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et d'Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, est venu samedi 8 janvier visiter l’ancienne manufacture Cosserat. Dans le cadre de France Relance, le Gouvernement déploie un fonds de 650 millions d’euros pour le recyclage des friches et du foncier artificialisé.


Jean Castex a rappelé que « l'artificialisation des sols progresse quatre fois plus vite que la population ».
Jean Castex a rappelé que « l'artificialisation des sols progresse quatre fois plus vite que la population ».


En ce début d'année, le Premier ministre a pu visiter l'ancienne manufacture Cosserat et découvrir son projet de réhabilitation, à l'invitation de la ministre amiénoise Barbara Pompili. Le programme de transformation de la friche Cosserat va bénéficier d'une aide de 300 000 euros pour changer le visage de l'ancienne manufacture textile spécialisée dans le velours, emblématique d'Amiens. 

Dans le cadre de France Relance, le Gouvernement déploie, depuis l’an passé, un fonds de 650 millions d’euros pour le recyclage des friches et du foncier artificialisé. La valorisation de ces terrains répond en effet aux objectifs de maîtrise de l’étalement urbain et de limitation de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers. Ces reconversions contribuent à la réduction par deux du rythme d’artificialisation des sols en cohérence avec la trajectoire "zéro artificialisation nette" en 2050 fixée par le Gouvernement et inscrite dans la loi Climat et résilience.

Logements, commerces et bureaux

Les cinq hectares de la manufacture Cosserat redonneront bientôt naissance à La Tisserie, un quartier convivial de logements et d’activités économiques dans le respect de l’environnement et du patrimoine architectural. Le Premier ministre a échangé à cette occasion avec des acteurs luttant contre l’artificialisation des sols afin notamment de dresser un bilan du fonds friches et d'identifier ses perspectives. 

Abandonnés au début des années 2000, ses bâtiments du XIXe siècle ont accueilli jusqu'à 500 métiers à tisser et 1 000 salariés. Le projet prévoit la réhabilitation de 8 000 m³ de bâtiments, pour 34 000 m³ de construction neuves. Y seront créés 400 logements à l'horizon 2025, ainsi que 9 000 m² de bureaux et 500 m² de commerces. 

« Cette lutte contre l'artificialisation des sols se mène au plus près du terrain avec des élus locaux qui s'engagent sur la question de l'étalement urbain. Cela offre une chance et un moyen de penser l'aménagement du territoire au profit de l'amélioration du cadre de vie. Aujourd'hui, ce qui est en train de s'installer ici, c'est un renouveau économique », a souligné Barbara Pompili.

Le Premier ministre veut « favoriser l'intervention de l'initiative privée » dans ces opérations de recyclage des friches.

Dans la Somme, dix opérations financées

Michel Watelain, président de la communauté de communes du Pays du Coquelicot, qui siège sur la commune d'Albert, a pu témoigner sur l'enjeu de la lutte contre l'étalement urbain sur son territoire : « En tant que collectivités, nous nous devons d'être exemplaires et donc nous avons créé tous nos bâtiments publics sur des friches. Nous allons inaugurer notre espace culturel dans quelques jours, Le Zèbre. 1 600 m² en plein centre-ville. Tout était laissé à l'abandon. Nous avons racheté cela, il a fallu démonter, dépolluer. Cela nous a coûté beaucoup plus cher que si nous l'avions fait sur un terrain nu. » 

Emmanuelle Wargon, la ministre chargée du Logement, de répondre : « C'est en général plus long, plus compliqué et plus cher de construire sur des friches. C'est la raison pour laquelle nous avons créé ce fonds friches à la demande du Premier ministre alimenté une première fois par 300 millions d'euros, puis 350 millions d'euros supplémentaires rien que pour l'année 2021. » Dans la Somme, ce sont dix opérations très différentes qui sont financées grâce au fonds friches, avec souvent du logement privé ou social.

Le Premier ministre a annoncé le lancement d’un nouvel appel à projets doté de 100 millions d’euros durant le premier trimestre 2022.

Cent millions d'euros supplémentaires

Parmi les sujets connexes figurent les immeubles vacants de centre-ville qui pourraient devenir ou redevenir du logement via l'action des services de l'Agence nationale de l'habitat (Anah) et d'autres acteurs comme Solidaires pour l'habitat (Soliha). L'association va localement et au quotidien à la rencontre des propriétaires privés en vue d'améliorer l'habitat. 

« Nous sommes heureux d'être le grand partenaire des petites opérations. Nous travaillons énormément avec les élus locaux autour de toute une série de bâti en état dégradé. Tout un travail de dentelle pour reconstruire la ville sur la ville », a expliqué Helène Pélissard, présidente de Soliha, premier mouvement associatif du secteur de l’amélioration de l’habitat. 

Après l’annonce par le Président de la République de la pérennisation du dispositif, Jean Castex a profité de son déplacement à Amiens pour dévoiler les prochaines étapes de son déploiement et annoncer le lancement d’un nouvel appel à projets doté de 100 millions d’euros durant le premier trimestre 2022. L’Ademe pilote les consultations dédiées aux anciens sites industriels et miniers, tandis que les préfets de région sélectionnent les dossiers concernant les autres types de friches.

« Il faut faire du recyclage à tous les étages »

« Comment aller de façon concrète vers l'urgence climatique, tout en logeant la population qui augmente et encourager l'activité économique, permettre à des entreprises de se développer ? Est-ce que ces objectifs sont contradictoires ou le paraissent-ils ? Surmonter cette contradiction c'est réinvestir l'existant, ressusciter notre histoire. Il faut faire du recyclage à tous les étages, les logements, les friches, il faut optimiser tout cela. C'est là que se trouve la solution », a affirmé le Premier ministre. 

« Ce coup de projecteur nous donne de l'espoir, a conclu Philippe Dessaint, président de l'entreprise d'impression textile CIT Dessaint qui recevait dans ses locaux la table ronde avec le Premier ministre. Plus on parle du site, plus le public s'empare du site pour réussir sa reconversion vers un lieu de mixité parfait : les entreprises, le logement, le loisir, le commerce et la culture. »

Philippe Dessaint, président de l'entreprise textile CIT Dessaint.