Territoires
Le préfet Touvet quitte la Moselle «le devoir accompli»
C’est l’heure des au revoir à la Moselle pour le préfet Laurent Touvet qui prendra ses fonctions dans le Pas-de-Calais dès ce lundi. Face à la presse, il a tiré le bilan de cinq années d’engagement.

Le préfet de Moselle, Laurent Touvet, a rencontré les journalistes et correspondants locaux au Club de la Presse. Avec simplicité, il a évoqué son départ, tracé les grandes lignes du bilan de ses 57 mois passés à la tête de la préfecture, dessiné son avenir et concédé quelques coups de cœur. Par décret du président de la République en conseil des ministres du 9 avril, il a été nommé préfet du Pas-de-Calais. Il prendra ses nouvelles fonctions le lundi 28 avril. «Le devoir accompli», assure-t-il. Quand Laurent Touvet relate la rapidité de cette mutation, on sent poindre quelques accents d’amertume : «Vous savez, le ministère de l'Intérieur m'a prévenu le lundi à 23 h que la décision allait être entérinée le mercredi en conseil des ministres. C’est soudain. Je suis un fonctionnaire d’État, au service de l’État, je n'ai pas refusé. Mon futur poste apparaît moins exposé. On se situe également dans un contexte migratoire. Je ne connais pas le territoire dans lequel je vais. C’est une manière de se renouveler.»
«Esprit de concorde»
Dans le Pas-de-Calais, Laurent Touvet, de racines dijonnaises, entamera son 4e poste de préfet après ceux dans l’Ain, dans le Haut-Rhin, en Moselle et donc dans le Nord. Celui qui choisit le Conseil d’État à sa sortie de l’ENA fut ensuite directeur du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur avant la préfectorale. De son passage en Moselle, il dit «bien sûr toujours regretter de ne pas voir aboutir des dossiers en cours, de les laisser en jachère, comme celui de l'A31 bis qui aura tout de même bien avancé», se disant «fier de la méthode, de la concorde des politiques locales et nationales qui ont permis de concrétiser le projet de la gigafactory HoloSolis à Hambach.» Au fil des mots qui balaient ses cinq années d’engagement en Moselle, le préfet cite «la richesse de son tissu industriel même si je suis inquiet pour l'automobile et la sidérurgie après l'annonce d'ArcelorMittal», «la relation avec le Luxembourg présente dans tous les dossiers», «les échelons locaux ? Le citoyen a du mal à s'y retrouver. il y a 725 communes en Moselle, elles n'ont pas envie de disparaître et ont compris qu'elles doivent travailler ensemble, c'est tout le sens de l'intercommunalité.» Revenant sur la naissance, au 1er janvier prochain, de Thionville-Fensch Agglomération : «Je ne m'y suis pas opposé, bien au contraire. C’est un atout pour le nord lorrain.»
«Affirmez-vous !»
Quant
au dossier épineux qu’il a rencontré sur l’accueil des gens du
voyage : «La
plupart sont déjà installés. Si vous ne créez pas d’aires
supplémentaires, si vous ne trouvez pas d’aménagements adéquats,
ils iront de toutes les façons là où ils veulent, là où il y
a de la place. Il faut trouver la solution la moins mauvaise
possible.»
Laurent Touvet évoque aussi «ces
élus locaux au sens du service et de l’engagement. Je n’ai pas
constaté de vague de démissions de maires. Entre 2014 et 2020, 32
ont démissionné. Sur la mandature en cours, c’est le même
nombre, beaucoup pour des raisons de santé. Ce
qui est le plus préoccupant, c’est le manque de candidats.
C'est de plus en plus compliqué de trouver des personnes qui
s'engagent, s'investissent pour six ans.» Celui
qui quittera donc la Moselle dans les prochaines heures, martèle
: «Vous
avez un potentiel formidable sur bien des plans. Affirmez-vous.»
Derrière le statut qui est le sien «qui
demande nécessairement de la neutralité, on ne peut rien laisser
paraître»,
transparaît l’homme «qui
a développé de réels liens amicaux et des affinités, découvert
de magnifiques endroits et paysages.» Jusqu’à
la nomination de son successeur, c’est pour l’heure le secrétaire
général de la préfecture qui assure l’intérim. Laurent Touvet
l’affirme : «Il
n’y a pas d’interruption du service.»
Alors qu’il s'apprête à ouvrir une nouvelle page de sa
carrière, il synthétise son action en Moselle : «L’installation
des entreprises, la sécurité et la sauvegarde du patrimoine.»