Le PRCTE a accompagné 26 600 personnes en 2015

Dès 2001, la Région s'est, avec le PRCTE, impliquée dans la problématique de la création d'entreprise jusqu'à - de façon très complémentaire, à partir de 2012 - s'orienter dans une stratégie de sensibilisation à l'esprit d'entreprendre. Regards sur les actions conduites en 2015, alors que se profile une redéfinition des volontés régionales à travers le futur SRDEII.

Ils étaient quelque 3 000 10-25 ans à participer le 27 mai 2015 à la deuxième édition du Festival de l’Initiative à Lille Grand Palais « pour créer, entreprendre et développer l’esprit d’initiative ».
Ils étaient quelque 3 000 10-25 ans à participer le 27 mai 2015 à la deuxième édition du Festival de l’Initiative à Lille Grand Palais « pour créer, entreprendre et développer l’esprit d’initiative ».

 

D.R.

Lors de la deuxième édition du Festival de l’initiative à Lille Grand-Palais le 27 mai 2015.

 

D.R.

Ils étaient quelque 3 000 10-25 ans à participer au Festival de l’initiative à Lille Grand-Palais «pour créer, entreprendre et développer l’esprit d’initiative».

 

Lancé en 2001, le Programme régional pour la création et la transmission d’entreprises vit ses derniers jours dans sa forme actuelle, la nouvelle majorité régionale ayant entrepris, conformément à la loi NOTRe qui a renforcé les compétences des Régions en matière économique, d’écrire un nouveau Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Les consultations sont en cours1 avant que la Région ne l’adopte avant le 31 décembre et que l’État ne l’approuve.

Alors que se profile la 10e édition du Salon Créer, les 12, 13 et 14 septembre, qui est l’une des initiatives phares développées dans le cadre du PRCTE depuis 2007, il est apparu intéressant de dresser un bilan, loin de tout exhaustivité, de l’utilité du PRCTE dans son volet création d’entreprise et d’un de ses dispositifs mis en œuvre, «La suite dans les idées».

36 000 «bénéficiaires» du PRCTE. Grâce à son extranet, Nord France innovation développement (NFID), qui a en charge le PRCTE, dispose de données volumétriques alimentées par ses soins et par plusieurs de ses partenaires réseaux de conseil, BGE, CCI, chambres de métiers. Rappel préalable : en 2015, ce sont 22 059 nouvelles entreprises qui ont vu le jour en Nord – Pas-de-Calais, à 70% dans le département du Nord. Comme l’indique Franck Seels, directeur délégué en charge du PRCTE, analysant les données 2015, «s’il n’y avait pas de PRCTE, la création aurait été compliquée. Certes, des créations se font naturellement, mais il y a certains publics qui ne se seraient pas autorisés à se lancer ou qui n’auraient pas été au bout de la création si le PRCTE n’avait pas existé. L’idée, l’objectif du PRCTE, c’est d’apporter un accueil, un accompagnement. Quand on est accueilli, renseigné, accompagné, financé, suivi, on a plus de chance de réussir son activité». Illustration : pour être 40% des 22 059 créations, les demandeurs d’emploi sont 68% des personnes qui sollicitent des prestations dans le cadre du PRCTE : 69% au moment de l’accueil, 68,5% au moment de la création et 65% lors de l’accompagnement.

Au total, en 2015, ce sont 36 004 personnes qui ont bénéficié d’au moins une action ou d’une prestation (accueil, accompagnement, financement…) et 26 600 qui ont été accompagnées entre une heure et dix heures pour valider l’un ou l’autre point de leur projet avec un accompagnement moyen, stable dans la durée, de 6 heures. Au final, 7 561 créateurs accompagnés ont vu leur projet aboutir. Ce taux de création de 34% est notoirement plus élevé qu’au niveau national qui s’affiche à un peu moins de 20%. «Notre objectif n’est pas d’atteindre les 100%, mais que tout habitant de la région puisse avoir accès au réseau, quitte à décider de ne pas poursuivre la démarche ou de ne pas en bénéficier. Le créateur a le doit de rester seul, de ne pas être accompagné, mais nous estimons qu’il a tout intérêt à l’être pour éviter un certain nombre d’écueils.»

1 750 prêts d’honneur. Côté financement, et bon à savoir, 1 750 prêts d’honneur ont été octroyés via les plates-formes d’initiative locale pour un montant de 7 365 € et un effet levier de 6,1 auprès des établissements bancaires. Les 13 M€ prêtés à taux zéro par les plates-formes ont donc généré près de 80 M€ à la création régionale sur ce seul dispositif.

Si, après la création, les porteurs de projet qui ont créé peuvent bénéficier d’un suivi pendant trois ans, ils sont 7 715 à en avoir profité sur l’année 2015 : plus nombreux lors de leur première année de création que ceux en troisième année. La durée moyenne de suivi est de 18 mois, l’idée étant qu’ils deviennent progressivement indépendants.

À quelque 27%, la part des femmes créatrices est demeurée légèrement inférieure aux 29% de la France entière. Logique si on considère que le public féminin ne représente que 40% de ceux qui sollicitent le PRCTE. «Moins nombreuses à souhaiter créer, elles créent moins. Le développement du programme ‘La suite dans les idées’ traduit la volonté d’inciter toujours davantage, malgré les freins psychologiques, le public féminin à la création. Les dispositifs existent…»

De plus en plus de jeunes. Autre indication, l’augmentation depuis dix ans de la part des jeunes : une création sur six émane d’une personne de moins de 26 ans. Ils représentent 18,5% des prestations globales du PRCTE. A cet égard, Franck Seels note que ces jeunes ne s’inscrivent plus dans une projection linéaire : «Ils créent pour quelques années ou pour une première expérience, revendent ou repassent au salariat. La création d’entreprise d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a quinze ou vingt ans. Les mondes du salariat et de l’entrepreneuriat ne sont plus parallèles, ils s’entrecroisent de plus en plus, notamment chez ce public jeune qui s’intéresse de plus en plus à l’entrepreneuriat. Parler de taux de pérennité ne signifie pas plus forcément taux d’échec.» Toutes créations confondues, chiffres INSEE ou données PRCTE, sept entreprises sur dix sont toujours en activité, note encore Eric Sees, mais «le PRCTE touche un public plus en difficulté. Là est notre valeur ajoutée». Les bénéficiaires du RSA représentent ainsi de 7 à 10% des créateurs accompagnés : «La création peut être pour ce public qui n’arrive pas à retrouver un emploi salarié un moyen d’insertion par l’économique.»

Sensibiliser au mode projet. Au-delà de sa contribution directe à la création d’entreprise, le PRCTE, devenu jecrée.com, développe depuis 2012 un programme original de développement des initiatives et de l’esprit d’entreprise qui a pris le nom de «La suite dans les idées». «Son objectif est de sensibiliser un maximum de publics pour les mettre en condition de développer des initiatives et de créer entreprises, associations sportives, culturelles… En clair, de se mettre en mode projet.» Pour ce faire, ce programme bénéficie de l’appui de publics relais ou copilotes essentiels à l’acquisition-transmission de la fibre entrepreneuriale : rectorat, enseignants, dirigeants d’entreprise, élus locaux… C’est ainsi qu’entre septembre 2014 et juin 2015, 1 557 actions ont été mises en œuvre en faveur de la sensibilisation à l’esprit d’initiative et d’entrepreneuriat pour 54 756 personnes, de l’élève (15 830) à l’étudiant (37 474), dont 6 633 femmes et jeunes filles. Depuis le lancement du programme, ce sont 128 000 personnes qui ont bénéficié de cette sensibilisation.

Les actions mises en œuvre par le rectorat de Lille, rectorat pilote au niveau national et bénéficiant de l’appui de trois référents, ont ciblé 15 062 élèves du secondaire et même 768 du primaire, touchés sur la base de 80 projets pédagogiquement entendables, tant du point de vue de l’élève (pertinence pédagogique) que sur la prise d’initiative (qualité de l’action), et dûment labellisés. Démarrant du CMI-CM2 jusqu’au BTS, ces actions sont proposées en trois types − sensibilisation, initiation et formation − pour répondre aux besoins des enseignants. À l’échelon de l’enseignement supérieur, les 7 hub houses régionaux ont permis d’accompagner 279 étudiants dans leurs projets de création et de concrétiser 30 créations. Au total, ce sont aussi quelque 1 200 dirigeants d’entreprise qui sont impliqués de près ou de plus loin dans le programme «La suite dans les idées», qui décline ses actions auprès de six publics : élèves du primaire, élèves du secondaire, étudiants, jeunes sorties du système éducatif, public féminin et enseignants. Des publics qui ont leur journée annuelle matérialisée dans le Festival de l’initiative et organisée à Lille Grand-Palais. Celle du 27 mai 2015 a ainsi réuni 3 000 jeunes, 600 enseignants et une centaine de chefs d’entreprise.

Je crée.com a pour but d’aider ceux qui ont le souhait et le projet de créer, résume Franck Seels. ‘La suite dans les idées’ a pour projet de travailler les mentalités pour faire en sorte qu’à terme il y ait davantage de Nordistes à s’intéresser à la création. C’est une brique supplémentaire qui doit contribuer dans leur futur à alimenter et à développer la création dans la région.» Une affaire de longue haleine à coup sûr et qui nécessite de la continuité.