Le Pôle de conservation du Louvre se dessine à Liévin

Etape clé pour l’avenir et le développement du Louvre, mais aussi de tous les musées de France, la construction du Pôle de conservation des œuvres du plus beau musée du monde se dessine à Liévin, à quelques encablures du Louvre-Lens. Un projet à 61 millions d’euros, dont la livraison est prévue pour septembre 2018. Explications.

Le gros défi autour de ce projet de réserves décentralisées sera d'assurer le service logistique avec Paris.
Le gros défi autour de ce projet de réserves décentralisées sera d'assurer le service logistique avec Paris.
Rogers Stirk Harbour + Partners / Mutabilis

Le Pôle de conservation du Louvre s'intégrera parfaitement à l'environnement : il a été imaginé avec une toiture végétalisée.

Le Louvre-Lens a été comme un petit miracle pour l’arrondissement de Lens et, par extension, pour la région Nord-Pas-de-Calais. Un musée qui a déjà reçu la visite de près d’1,5 million de visiteurs, dont 50% habitant la région, et qui n’en finit pas d’étonner par sa beauté, sa conception et sa parfaite intégration dans le paysage minier.

Avant même d’évoquer le geste que l’Etat fait à nouveau pour la région, Jean-Luc Martinez, président-directeur du Louvre, précise que la construction du Pôle de conservation des œuvres devient plus que jamais urgente pour le Louvre : “Le risque d’une crue centennale est de plus en plus important. Notre mission est de garantir la conservation et la transmission des milliers d’œuvres que nous possédons.

Parallèlement au besoin de sécurisation des réserves, les usages des ressources ont évolué. “Nous avons aujourd’hui besoin d’espaces différents, de lieux de vie ou dédiés aux fonctions de photographie, de décontamination, de restauration“, énumère-t-il.
Il fallait donc trouver un lieu idoine et cela n’a pas été une mince affaire. Depuis 2008 et le lancement de ce projet de décentralisation des réserves, 17 sites ont été visités, un projet a même été abandonné à Cergy. “Finalement, c’est la proximité avec le Louvre-Lens et l’accessibilité du lieu qui ont joué un rôle prépondérant dans notre choix.
Alors, certes, Liévin est à 200 kilomètres de Paris et il y aura un gros défi logistique à relever, “mais avec les navettes et le TGV, c’est possible“, affirme Jean-Luc Martinez, qui voulait un lieu accessible, ouvert sur son environnement et offrant de meilleures conditions de travail qu’à Lille par exemple.
À Liévin, le Louvre a trouvé un terrain pouvant accueillir 10 000 m2 de stockage et 10 000 m2 de lieu de vie, offrant surtout une certaine stabilité en termes de climat. Soit un investissement estimé à 60 millions d’euros, financé à 51% par l’État, via le Louvre et sa licence de marque “Louvre Abu Dhabi”, et à 49% par la Région.

Rogers Stirk Harbour + Partners / Mutabilis

Le Pôle de conservation disposera d'un espace de vie de 10 000 m2, ouvert sur l'environnement extérieur et très agréable pour les salariés.

Rogers Stirk Harbour & Partners. En tout, 173 candidats architectes ont déposé un dossier pour la réalisation du bâtiment. “À l’issue d’une première phase, nous en avons retenu cinq, pour finalement retenir un groupement associant l’agence britannique Rogers Stirk Harbour & Partners au paysagiste français Mutabilis, au cabinet d’études techniques Egis bâtiment Nord, le bureau d’études environnementales Inddigo SAS et l’économiste VPEAS SAS“, indique le président-directeur du Louvre.
Le cabinet retenu a plusieurs grandes références à son actif, notamment la construction du nouveau World Conservation and Exhibition Center du British Museum de Londres en 2014. Il a également reçu le prestigieux prix Pritzker en 2007.
Le groupement a imaginé un bâtiment de 20 000 m2, avec une toiture végétalisée, légèrement inclinée. Un ensemble sobre, élégant qui s’intègre parfaitement à son environnement. Fonctionnel et accessible, il pourra accueillir scientifiques et chercheurs à partir de fin 2018. Sa construction démarrera en 2017.
Le bâtiment conjugue espaces de travail et de circulation pour les œuvres et haute technologie pour assurer la stabilité (température et taux d’humidité) nécessaire à la bonne conservation des collections du Louvre. “Un gros travail commence maintenant. Objectif : inscrire le Louvre dans le XXIe siècle, commente Jean-Luc Fernandez, tout en ajoutant que l’ENA à Strasbourg “était de la poésie face au Louvre à Lens, avec ses réserves et toutes ses équipes.
Environ 250 000 œuvres, actuellement conservées dans plus de 60 réserves différentes, au sein du palais du Louvre et à l’extérieur (en Ile-de-France et en régions), y seront transférées dès livraison du bâtiment afin d’y être rassemblées à proximité immédiate du Louvre-Lens.