Gaëtan Galliaerde, fondateur du Carré du Hélin

«Le plus dur, c’est de ne pas pouvoir se projeter»

Le monde de l’évènementiel a été et est touché de plein fouet par la crise sanitaire. Comment ces entrepreneurs se réinventent pour pérenniser l’activité de leurs entreprises et préserver les emplois ? Fondateur et propriétaire du Carré du Hélin, à Ennevelin, Gaëtan Galliaerde se confie sur le présent et s’interroge sur l’avenir.

Gaëtan Galliaerde, fondateur du Carré du Hélin, et sa fille Marine qui s’occupe de la communication digitale.
Gaëtan Galliaerde, fondateur du Carré du Hélin, et sa fille Marine qui s’occupe de la communication digitale.

Situé au coeur de la Pévèle sur la commune d’Ennevelin, le Carré du Hélin est un espace paisible où l’on cultive le sens de l’accueil. Acquise il y a une vingtaine d’années par Gaëtan Galliaerde, cette bâtisse centenaire, qui fut longtemps une exploitation agricole, accueille désormais des fêtes privées, mariages, anniversaires, comme des rendez-vous professionnels. «Il manquait de belles salles dans le Nord… tout s’est déclenché en deux ans. Nous avons commencé en 2001 avec un grand traiteur de la région, puis un second dès 2007 avant d’investir dans l’humain pour mieux maîtriser l’organisation et les coûts. Et en 2015, le chef Thomas Laversin nous a rejoint, accompagné d’une brigade de trois personnes, avant la construction d’une nouvelle cuisine trois ans plus tard. Aujourd’hui tout est fait sur place, que ce soit dans le cadre des évènements organisés au sein du Carré ou sur les évènements extérieurs». En moyenne 250 évènements se déroulent chaque année au Carré du Hélin, dont une trentaine de mariages. «Nous disposons d’un produit modulable qui nous permet de répondre à toutes les demandes avec réactivité et souplesse.»


Restaurant éphémère, boutique, coworking…

Une histoire idyllique, jusqu’en mars dernier. «L’impact a été brutal… nous avons déplacé une vingtaine de mariages sur l’été et cette année. Mais l’arrêt est quasiment total sur les évènements d’entreprise. Nous tournions en rond… nous avons lancé une carte à emporter en mai pour exister, pour continuer à communiquer, pour garder le contact avec nos clients. Marine, ma fille, nous a d’ailleurs rejoint en septembre pour prendre en charge la communication digitale». Toutefois le second confinement puis les décisions gouvernementales qui ont suivi achèveront le moral de notre entrepreneur. «Je suis atteint psychologiquement… il me faudra du temps pour m’en remettre. Le plus dur, c’est d’être dans le flou, de ne pas pouvoir se projeter et subir des décisions rapides quant à la fermeture de nos établissements. C’est d’autant plus frustrant que 2019 avait été une superbe année ! Les neuf salariés de l’entreprise travaillent en alternance, tandis que la vente à emporter permet d’exister et de payer les salaires… mais nous aurons besoin que l’Etat nous accompagne encore un moment».

Et de poursuivre : «La vente de plats à emporter fonctionne bien, les habitants des communes voisines sont d’autant plus contents qu’il n’y a pas beaucoup de restaurants proposant ce service aux alentours. Nous continuerons, peut-être uniquement le weekend… nous verrons. J’ai également différents projets en tête : continuer de créer des restaurants éphémères pour des évènements comme la fête des mères ou des pères et aussi ouvrir une boutique d’épicerie fine ou lancer un espace de coworking… à l’avenir il faudra nous diversifier pour conquérir une nouvelle clientèle, sans remettre en cause notre ADN. Il faudra continuer à investir pour que les gens se souviennent de nous, dans la décoration par exemple, continuer à dépoussiérer le Carré… c’est un clou que l’on plante un peu chaque jour, une remise en question perpétuelle pour aller plus loin que les attentes des clients. Et l’objectif, aujourd’hui, c’est de ne pas licencier».