Le nouveau dispositif d'aide à l'export est-il efficace ?
C’est un peu le talon d’Achille de l’économie française et rien ne semble y faire : l’export ne décolle pas. Les dispositifs d’aide publique aux entreprises sont-ils en cause ? Débat, aux États généraux du commerce extérieur français, organisés récemment à Paris.
À partir d’avril, sur Internet, une «plate-forme des solutions» destinée aux potentiels exportateurs, sera disponible. L’annonce a été faite dans le cadre d’une table ronde consacrée à : «Comment accompagner concrètement les entreprises à l’exportation ?» Cette dernière s’est tenue durant les États généraux du commerce extérieur, organisés sous le parrainage d’Éric Woerth, député de l’Oise et président de la commission des Finances de l’Assemblée, le 14 février, à Paris. Alors, comment encourager les entreprises françaises, faiblement exportatrices, par rapport aux allemandes et aux italiennes ? Aujourd’hui, le dispositif existant se nomme «Team export», né de l’alliance des trois opérateurs, Bpifrance, la banque publique d’investissement, Business France, l’agence publique destinée à favoriser notamment l’export et les CCI, les chambres de commerce et d’industrie. Au total, «250 conseillers internationaux» sont accessibles dans les chambres de commerce, sur tout le territoire, explique Henri Baïssas, délégué général de Business France. À l’étranger, le dispositif prévoit un correspondant unique par pays. Il peut s’agir d’un bureau de Business France, ou un acteur du privé, à l’image de ces huit CCI qui ont remporté les concessions de service public d’accompagnement à l’export. «Nous visons la simplicité. Ce sont des coachs de l’export», qualifie Henri Baïssas. Le dispositif prévoit à la fois une régionalisation et une spécialisation par secteur de ces «coachs», afin qu’ils soient le mieux à même de comprendre les spécificités de chaque entrepreneur. «Nos collaborateurs sont au contact dans les usines, les bureaux, d’abord pour partager une vision et une stratégie. Ensuite, on met en place des financements et des garanties», précise Pedro Novo, directeur exécutif en charge de l’export chez Bpifrance. L’impact de ce dispositif est mesuré. «Aujourd’hui, une entreprise sur deux qui passe par le dispositif transforme l’essai», annonce Henri Baïssas.
«Deux administrations et pas de ministre»
Pour Arnaud Vaissié, président de CCI France international, réseau des CCI à l’étranger, ce dispositif constitue une «réponse simple», et donc, accessible pour les entrepreneurs. Toutefois, il en appelle à une implication plus forte des régions. «Avec la loi NOTre (Nouvelle organisation territoriale de la République), les régions ont la responsabilité de l’économie et elles disposent de moyens, alors que ceux de Business France et des chambres de commerce diminuent. Il faut absolument que les régions prennent un rôle important d’incitation des PME à l’export (…). Il faut regarder nos faiblesses. Elles sont au niveau des PME. Un tiers des primo-exportateurs n’ont pas de site Internet. Parmi eux, 40 % sont seulement en français. Comment exporter dans ces conditions ? Un effort sur l’anglais et la numérisation est nécessaire». Au-delà des faiblesses du tissu économique, il existe un sujet de gouvernance de l’export en France, soulignent les intervenants. Pour François David, ancien président de la Coface, assureur-crédit précédemment chargé par l’État d’accompagner les entreprises pour les garanties à l’export, «ces vingt dernières années, le système du commerce extérieur a explosé en vol.» Des choix d’organisation seraient à l’origine du désastre. Tout d’abord, le rattachement de l’export à la direction du Trésor, à Bercy, que François David juge «totalement hostile à l’aide à l’export.» Le rattachement actuel du commerce extérieur au quai d ‘Orsay lui parait également néfaste. «Le problème, ce sont les PME, or, les ambassadeurs n’ont pas de maillage territorial en France», argumente François David. Pour lui, «on change tous les cinq ans, alors qu’il faudrait une permanence (..). Il faudrait recréer un ministère du Commerce extérieur plein, avec une administration à son service, comme cela existe partout, sauf en France.» Plus modérée, Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d’État au Commerce extérieur, estime «dommage qu’il y ait deux administrations et pas de ministre.» Toutefois, elle constate de «très réels progrès depuis quelques mois», dans l’accompagnement des entreprises.