Le Nord-Pas-de-Calais peut optimiser ses atouts

Dernier volet du bilan socioéconomique 2011 de la région : l’énergie (chiffres 2009 disponibles à ce jour), les services marchands, la construction, les transports et le tourisme.

Evolution des mises en vente, des ventes et des stocks depuis 2000 en Nord-Pas-de-Calais.
Evolution des mises en vente, des ventes et des stocks depuis 2000 en Nord-Pas-de-Calais.

 

Evolution de l’éolien et du photovoltaïque.

Evolution de l’éolien et du photovoltaïque.

La baisse de l’activité industrielle – grosse consommatrice – s’accompagne logiquement de celle de l’énergie (soit 12 millions de tonnes équivalent pétrole contre 14,4 en 2004). “En 2009, la consommation baisse dans la région après une année de stabilité.” Elle est particulièrement bien équilibrée entre les produits pétroliers (en tête), le gaz, l’électricité et le charbon. Les énergies renouvelables poursuivent leur progression et représentent un peu moins de 4% de l’énergie consommée dans le Nord-Pas-de- Calais. La carte des consommations donne une part pétrolière de 30% et une part de gaz à 24%. Toutes les deux sont en baisse en 2009. Spécificité régionale, la région consomme encore 17% de son énergie à travers des combustibles solides au premier rang desquels le charbon (mais uniquement consommé par l’industrie). Et 23% de l’énergie consommée l’est au travers de l’électricité. Les plus gros consommateurs énergétiques restent les industries qui totalisent à elles seules 46% de la consommation totale de la région. “Cette part n’est que de 23% en France” précise Nicolas Prud’homme, du service connaissance division stratégique des études statistiques de la Direction régionale de l’environnement. La crise a donc fortement frappé avec une baisse conséquente de -13,6% en 2009. “Le secteur résidentiel-tertiaire consomme relativement moins d’énergie compte tenu de son importance économique alors que l’emploi tertiaire régional est équivalent au niveau national.” Plus responsables les Nordistes ? En tout cas, la consommation s’est stabilisée après des hausses en 2007 et 2008. Les transports ont également été moins gourmands et affichent une chute de 2,2%. Globalement, le Nord- Pas-de-Calais fait partie des quatre régions de France qui montrent les baisses de consommation les plus significatives.

Activités dans les services. Opinion des chefs d’entreprise sur leurs activités passées. Opinion sur la tendance prévue sur la demande.

Activités dans les services. Opinion des chefs d’entreprise sur leurs activités passées. Opinion sur la tendance prévue sur la demande.

Des baisses dans l’énergie et les services marchands.Les énergies renouvelables poursuivent leur montée en charge”, notamment le solaire. La région compte 400 MW raccordés au 31 décembre 2011 (9e rang national pour l’éolien), dont un parc photovoltaïque de 47 MW (16e rang national). Globalement, la progression de ces énergies est moins importante que la tendance nationale. La région a encore des efforts à fournir. Dans les services marchands, Evelyne Lorenski, du service études et diffusion de l’Insee, donne à voir un tableau mitigé : “Alors que le rythme d’activité des services marchands semblait s’accélérer en fin d’année 2010, le bilan de l’année 2011 s’inscrit dans une conjoncture incertaine. Après le point haut du premier trimestre 2011, l’activité régionale s’est affaiblie tout en restant à un bon niveau.” Dans ce domaine, il faut noter que les mesures relèvent des soldes d’opinion. L’année 2011 apparaît comme suit : décélération lors de l’été (+1,5% au premier trimestre et +0,3% au second trimestre), et stabilisation lors des trimestres suivants (+0,3%). “Au final, le dynamisme du début d’année a contribué significativement à la croissance des services qui affiche une progression moyenne de la production de 2,8% après +1,2% en 2010.” Les perspectives semblent être du même acabit en 2012 avec un premier trimestre à +0,1% et une croissance lente au second trimestre. La cause de cette atonie réside principalement dans l’incertitude. Toutes les enquêtes mensuelles de conjoncture montrent une même tendance à l’attentisme : “en décembre 2011, l’indicateur synthétique du climat des affaires (…) s’établissait à 91 (…), 17 points en dessous de son maximum d’avril 2011 et en deçà de sa moyenne longue période (100)”. Perspective identique cette année avec un indicateur qui affiche un piteux 93 en mars dernier. Le Nord-Pas-de-Calais n’échappe pas au ralentissement de l’activité : la seconde partie de l’année dernière donne le signal de ce ralentissement. Selon les chefs d’entreprise interrogés, “le niveau d’acti-vité devrait se maintenir à un niveau faible au cours des premiers mois de 2012 en raison d’une demande globale mal consolidée”. Pour autant, l’emploi a continué de progresser dans l’intérim, quoique plus lentement qu’au niveau national (+0,8% contre 3,3%). Reste que “les secteurs des activités scientifiques, techniques, des services administratifs et de soutien à l’intérim totalisent 50% des emplois contre 45% au niveau national (…). Les progressions les plus importantes ont été observées dans les activités d’hébergement- restauration (+2,1%), de la finance et des assurances (+2%) et de l’information-communication (+3%).

Evolution des mises en vente, des ventes et des stocks depuis 2000 en Nord-Pas-de-Calais.

Evolution des mises en vente, des ventes et des stocks depuis 2000 en Nord-Pas-de-Calais.

Un marché qui se maintient difficilement. La construction s’est globalement maintenue en 2011. Tendance constatée dès 2010, l’activité suit la même courbe qu’au niveau national “mais de façon un peu moins accentuée”. Pourtant, les ventes de logements neufs sont en berne, contribuant à la dilatation des stocks. “Les prix de vente restent à un niveau élevé malgré une légère baisse pour les maisons” note Nicolas Prud’homme. Enfin, la construction des locaux poursuit sa hausse contrairement aux deux dernières années et le foncier également sauf pour les surfaces achetées. Dans le détail, on observe que le marché du neuf est en décalage avec celui de l’ancien : 16 250 logements ont été mis en chantier en 2011, en hausse de 18,9%. “Ces résultats sont à nuancer selon le type de logement : si les logements individuels ont augmenté de 12,3% dans la France entière avec 202 260 logements mis en chantier en 2011, en revanche la hausse atteint 33,9% pour les logements collectifs.” En 2011, 7 732 appartements ont commencé à être construits (soit 60,1% de plus qu’en 2010) ; 8 524 maisons individuelles ont été mises en chantier (une diminution de 3,6%). Les stocks sont impactés par le niveau d’activité : “2 190 logements neufs ont été vendus en 2011, soit un niveau proche du record bas atteint en 2010”. En outre, les mises en vente sont également à la baisse avec une chute de 27,9% par rapport à 2010. Ainsi, plus de 3 000 logements neufs restaient disponibles sur le marché en 2011. Dans ce contexte incertain, le prix des logements est en hausse pour les appartements (+3,6%, soit 3 319 euros/m²) et en baisse pour les maisons individuelles (-3,1% avec un prix de 2 285 euros/m²). Pour 2012, les perspectives des professionnels sont optimistes : “les autorisations de construire délivrées dans l’année représentent un bon indicateur de l’activité de la construction neuve pour les mois à venir”. Avec +8,8% en 2011, il semble y avoir de quoi être positif. Pour autant, il convient d’émettre une réserve avec l’attrait pour la maison individuelle plus fort que pour le logement collectif. Les autorisations pour le collectif sont plus facilement annulées que pour l’individuel… “La fin de l’année pourrait donc être plus terne en fonction de l’anticipation des promoteurs immobiliers et des investisseurs.”.

Des mouvements sur la Côte d’Opale. Les transports bénéficient d’une progression globale des trafics “mais avec des évolutions contrastées selon le mode de transport” fait observer François Pinchemel, de la Dreal. Si 2010 fut en demi-teinte, 2011 affiche un mieux. Tous les trafics sont en progression : ferroviaire, maritime, fluvial et aérien. A Dunkerque, on a observé une reprise des trafics après deux années de baisse (+11,2% de tonnage). Cette augmentation est principalement due aux hydrocarbures (+49%). Mais la fermeture du site de Total augure très probablement d’une forte contraction pour 2012… Les vracs sont en légère hausse (+4%), ainsi que les conteneurs avec un bond de 36% (270 000 conteneurs). A Calais, les derniers mois ont été marqués par l’arrêt des ferries de SeaFrance. Mais le port termine 2011 avec une hausse du fret de 1,8%. Les touristes sont en légère baisse avec -1,6% comme le port de commerce qui affiche une diminution de ses flux de 2,1%. Au total, Calais voit son trafic progresser de 1,8%. Le gagnant est Eurotunnel qui voit son trafic augmenter de 6% pour les passagers, +16% pour le fret. Eurostar est en hausse de 2% avec près de 10 millions de personnes transportées. Les trains de marchandises affichent une hausse de 17%. Reste une ombre au tableau : le port de Boulognesur- Mer qui s’effondre (69,1%) avec ses 150 000 tonnes… Côté fluvial, une baisse de 1,5% est à noter en tonnage et de -2,1% en tonnage-kilomètre. “La légère hausse des trafics internationaux ne compense pas la baisse du trafic interne de la région (-6,4%)”. Idem en ce qui concerne la hausse des trafics des produits métallurgiques (+9,8%) et des matériaux de construction (+13,3%) qui n’équilibrent pas les chutes du transport de charbon, des hydrocarbures (-14%) et des produits alimentaires (-2,6%). Les engrais poursuivent leur forte baisse avec -48,4%. Dans les airs, on observe un ralentissement de la baisse du fret (-21,6%) et du trafic passager (-0,5%). Enfin, le trafic ferroviaire des passagers maintient une tendance haussière régulière. Les TER font ainsi voyager 23 millions de personnes.