Le Monténégro stoppe l'extradition de Do Kwon, l'ex-roi des crytpo, et ordonne un nouveau procès

La justice du Monténégro a annoncé vendredi annuler l'extradition de Do Kwon, le fondateur de la blockchain Terra que la Corée du sud et les Etats-Unis aimeraient tous deux juger, et ordonné un nouveau procès, laissant en suspens...

Le sud-coréen Do Kwon, fondateur de la blockchain Terra, escorté par les forces de l'ordre monténégrines à Podgorica, au Montenegro, le 23 mars 2024 © SAVO PRELEVIC
Le sud-coréen Do Kwon, fondateur de la blockchain Terra, escorté par les forces de l'ordre monténégrines à Podgorica, au Montenegro, le 23 mars 2024 © SAVO PRELEVIC

La justice du Monténégro a annoncé vendredi annuler l'extradition de Do Kwon, le fondateur de la blockchain Terra que la Corée du sud et les Etats-Unis aimeraient tous deux juger, et ordonné un nouveau procès, laissant en suspens le sort de l'ex roi de la cryptomonnaie.

"La Cour d'appel du Monténégro, après la séance du conseil tenue le 17 mai 2024, a rendu une décision acceptant les appels de l'accusé", a-t-elle fait savoir dans un communiqué, et ordonné de "renvoyer l'affaire au tribunal de première instance pour un nouveau procès".

Kwon Do-hyung, de son vrai nom, est recherché par la Corée du Sud et les Etats-Unis pour son rôle dans l'effondrement de son entreprise Terraform en 2022, qui a fait perdre environ 40 milliards de dollars aux investisseurs, et ébranlé le marché des cryptomonnaies.

Après des mois de cavale, il avait fini par être arrêté au Monténégro au printemps 2023. Interpellé à l'aéroport de Podgorica en possession d'un faux passeport, il comparait devant la justice monténégrine pour falsification de documents et écope en juin 2023 de quatre mois de prison. 

Parallèlement, il comparait aussi dans une double procédure d'extradition - la Corée du Sud, dont il est citoyen, et les Etats-Unis, ont demandé à la justice du Monténégro de le leur livrer. 

Après de nombreuses décisions et appels, les juges ont finalement tranché, début mars, et décidé de l'extrader vers Séoul. Mais ses avocats ont à nouveau contesté la décision. 

Le conseil de la Cour d'appel leur a donné raison vendredi, estimant que la décision d'extradition "était affectée par des violations significatives" de certaines dispositions de procédure pénale, notamment un manque de motivation de la décision. 

L'affaire doit donc être à nouveau jugée en première instance - ce qui laisse présager de longs mois de procédure avant toute décision d'extradition. 

Ponzi

Né en 1991, M. Kwon a étudié avec l'élite sud-coréenne, avant de rejoindre les bancs de l'université américaine de Stanford. 

En 2018, il fonde Terraform Labs avec Daniel Shin - lié par son oncle à la famille qui contrôle le géant Samsung - et développe les cryptomonnaies Terra (TerraUSD) et Luna. Il devient rapidement célèbre, notamment grâce aux relations de M. Shin, s'imposant comme une jeune figure de proue du secteur.

Terra est alors présentée comme un "stablecoin", un type d'actif crypto dont le cours est généralement adossé à des actifs stables comme le dollar, pour éviter des fluctuations de prix trop importantes.

Mais, contrairement à d'autres "stablecoins" adossés à de véritables actifs comme l'or ou des devises traditionnelles, Terra était algorithmique, liée à sa cryptomonnaie jumelle Luna, au moyen des mathématiques et de mécanismes d'incitation.

De quoi inquiéter nombre d'experts qui avaient prévenu depuis longtemps que le modèle de M. Kwon était fondamentalement défectueux, certains le qualifiant même de système de Ponzi.

Do Kwon avait réussi à quitter la Corée du Sud juste avant l'effondrement de Terra en mai 2022 - parvenant à se cacher plusieurs mois avant son arrestation au printemps 2023 à Podgorica.

Son partenaire d'affaires, lui aussi arrêté et uniquement identifié par ses initiales J.C.H., a été extradé du Monténégro vers la Corée du Sud en février.

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