Le mégaprojet saoudien Neom courtise les investisseurs chinois
Les promoteurs du mégaprojet Neom, une cité futuriste dans le désert d'Arabie saoudite, ont achevé une tournée destinée aux investisseurs chinois, dévoilant ses grandes lignes...
Les promoteurs du mégaprojet Neom, une cité futuriste dans le désert d'Arabie saoudite, ont achevé une tournée destinée aux investisseurs chinois, dévoilant ses grandes lignes mais sans répondre aux controverses.
Le projet porté par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), et dont la construction pourrait coûter 500 milliards de dollars, a été lancé en 2017.
Il doit abriter notamment une station de ski futuriste et un bâtiment de 170 kilomètres de long, construit à partir du golfe d'Aqaba à travers le désert, selon ses promoteurs.
Après être passée par Pékin et Shanghai, la tournée s'est arrêtée deux jours à Hong Kong, pour montrer une présentation spectaculaire du projet aux potentiels investisseurs.
Neom vise un équilibre entre "la protection de la nature, l'habitabilité humaine et la prospérité économique", a expliqué son directeur exécutif, Tarek Qaddumi, à des journalistes après une visite de l'exposition consacrée au projet, au musée M+ de Hong Kong
"C'est probablement l'initiative la plus passionnante et la plus visionnaire du 21e siècle", a-t-il déclaré.
Aucun accord majeur n'a été cependant annoncé lors de cette tournée.
L'exposition a permis de rendre Neom "moins mystérieux" et les invités à une réception dédiée au projet ont eu des réactions "plutôt neutres", a observé Leonard Chan, président de l'Association pour le développement des technologies innovantes de Hong Kong.
Mais le Hongkongais ne se dit pas prêt à habiter dans la pièce maîtresse du projet, The Line, un bâtiment aux deux façades en miroir prévu pour s'étendre sur 170 kilomètres à travers le désert.
"Je le visiterai pour le plaisir, mais je n'y vivrai pas. On se croirait dans SimCity", a-t-il déclaré à l'AFP.
Plato Yip, président de l'ONG Les Amis de la Terre de Hong Kong, qui discute d'hydrogène vert avec Neom, estime également que The Line "donne l'impression d'être enfermé dans une cage, même si c'est très confortable".
Révision à la baisse ?
En dévoilant The Line en 2022, le prince MBS a annoncé qu'il abriterait plus d'un million d'habitants en 2030, et neuf millions en 2045.
Mais les promoteurs auraient révisé leurs ambitions à 300.000 habitants et 2,4 kilomètres du projet construit d'ici la fin de la décennie, selon l'agence Bloomberg. Neom n'a pas répondu aux demandes de clarification.
Devant une maquette de The Line - une lame étincelante s'enfonçant dans les terres depuis la mer Rouge - M. Qaddumi a juste dit vendredi que l'objectif de neuf millions d'habitants serait atteint "au fil du temps".
Le complexe doit déboucher sur le golfe d'Aqaba, et comprendre un "port de plaisance caché". Des tunnels permettront de traverser les montagnes du désert et un aéroport est prévu avec une capacité de 100 millions de passagers par an, a-t-il détaillé.
"Vous descendrez de l'avion et entrerez dans la ville à pied. Nous éliminerons tous les soucis liés au passage dans un aéroport, qu'il s'agisse de l'immigration, de la sécurité". "Vos bagages seront envoyés directement à votre adresse".
Une station balnéaire de luxe pouvant héberger une flottille de yachts dans l'île de Sindalah sera "achevée d'ici la fin de l'année", selon M. Qaddumi.
Trojena, une station de ski futuriste dotée d'un lac artificiel et de 36 kilomètres de pistes, doit être achevée avant 2029, pour les Jeux asiatiques d'hiver.
D'autres éléments seront construits "après 2030", a déclaré M. Qaddumi.
Attirer des investisseurs
Le projet est mené en parallèle avec d'autres grands projets dans le cadre de "Vision 2030", destiné à assurer le développement du premier pays exportateur mondial de brut dans un potentiel avenir sans pétrole.
L'année dernière, Ryad, seul candidat, a emporté l'organisation de la Coupe du monde de football de 2034, et a une décennie pour construire les stades et les infrastructures adéquates.
Le ministre des finances Mohammed al-Jadaan a indiqué en décembre que le calendrier de certains projets majeurs serait repoussé au-delà de 2030, sans préciser lesquels.
Robert Mogielnicki, de l'Institut des États arabes du Golfe à Washington, relève que les projets liés à des événements spécifiques seront probablement prioritaires. "Les Saoudiens ne vont pas pouvoir avancer indéfiniment à cent à l'heure dans toutes les directions sur le front du développement".
Ryad a besoin d'attirer un flux d'investissement étranger dans différents secteurs. Et "ce n'est un secret pour personne qu'ils n'y sont pas encore parvenus."
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