Territoires
Le marché de l’immobilier mosellan contrasté
Les indicateurs sont plutôt favorables quant au marché de l’immobilier. Pourtant, les volumes de vente restent atones. Le climat de non-confiance dans le pays y est pour beaucoup. Mais, jamais rien n’est définitif… Des pistes de dynamisation existent. Zoom sur la situation de la Moselle.
Alors que la Banque Centrale Européenne (BCE) vient de décider le 12 septembre dernier d’une nouvelle baisse des taux directeurs, permettant d’espérer une poursuite de la baisse des taux d’intérêts des prêts immobiliers, et par conséquence un accès plus aisé au crédit par les particuliers, le temps est au bilan pour la période du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024 des marchés immobiliers. Me Gabriel Weyl, notaire à Strasbourg et président de la Chambre des notaires du Bas-Rhion , Me Olivier Fritsch, notaire à Mulhouse et président de la Chambre des notaires du Haut-Rhin, Me Catherine Merlin, notaire associée à Thionville et présidente de la Chambre des notaires Moselle, ont décrypté un marché parfois peu aisé à cerner car soumis à des variations ces derniers mois. Analyse partagée : le contexte politique n’est pas propice à une confiance en l’avenir. Comme dans tant d’autres secteurs, le temps est à l’attentisme. Comme il a été rappelé «difficile de se projeter quand on ne sait pas où l’on va.» Visiblement, la brusque dissolution de l'Assemblée nationale a des effets systémiques que l'on avait sous-estimé. Pour combien de temps ? La question reste sans réponse. Cette sorte de "glaciation" et d'attentisme essaimé ne contribue pas à tomber dans la béatitude...
Les chiffres du territoire mosellan
Si nous nous situons dans un contexte de baisse des prix et des taux d’intérêts, d’une hausse des salaires, donc plutôt favorable, cela ne suffit pas, pour l’heure, à dynamiser les volumes de vente. Au 2e trimestre, tous types de biens confondus, la régression en Moselle est de - 24 %. Elle atteint des niveaux nous ramenant une décennie en arrière. Quant aux prix, leur baisse est constatée. À la fin juin, le marché des maisons anciennes en Moselle est en retrait de - 5,9 % (188 100 €). Avec des disparités selon les territoires : - 7,4 % pour le Pays du Fer, - 5,2 % pour le Pays du Charbon, - 7,8 % pour le Pays de Sarre et Bitche, - 5,8 % pour Montagnes et Lacs, - 5,6 % pour le Pays du Sel. L’agglomération messine se replie à - 5,5 % contre - 12,6 % pour Metz et - 2,2 % pour les environs messins. Dans le département, sur une période de 10 ans, la hausse est toutefois significative : + 24%. Les maisons anciennes les plus vendues correspondent aux biens de 5 pièces (34 % des transactions annuelles). Sur le volet du marché des appartements anciens, toujours à le fin juin, le prix au m² médian chute en Moselle de - 4,5 % sur l’année. Seul le secteur Pays de Sarre et Bitche (+ 1,6 % à 1 320 €/m²) résiste. Les baisse les plus visibles se situent à Forbach : - 11,2 % à 800 €/m² et Yutz : - 8,4 % à 2 180 €/m². Tous les autres secteurs du département connaissent un recul de leur prix médian, compris entre - 1 % (Metz à 2 370 €/m²) et - 7 % (Pays du Fer à 2 160 €/m². Les appartements anciens les plus vendus correspondent aux biens de trois pièces (35 % des transactions). Dernier point d’analyse : celui du marchés des terrains à bâtir. En Moselle, il régresse de 2,1 %. Les superficies les plus vendues sont des terrains de moins de 600 m² (49 % des transactions).
L'incertitude énergétique
On notera, enfin, que la répartition des ventes annuelles par étiquette énergétique du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) laisse voir une représentation relativement importante de maisons anciennes des classes les plus énergivores (F et G) : 20 % en Moselle (- 5 % par rapport à 2023). La part des maisons anciennes les plus vertueuses en termes de performances énergétiques (classes A et B) augmente légèrement en Moselle passant en un an de 5 % à 6 %. Les mesures annoncés par le Premier ministre sont plutôt bien accueillies par les professionnels de l’immobilier, notamment cette possibilité d’élargir le prêt à taux zéro. Des interrogations demeurent, comme celle-ci, essentielle : à compter du 1er janvier 2034, en plus des logements classés F et G, tous les logements classés E (environ 2 600 000 logements) devraient être interdits à la location, dans le cadre de la loi «Climat et Résilience». Comme les trois notaires l’ont redit :
«tous les bailleurs ne sont pas des rentiers, ils doivent composer avec des travaux onéreux, et souvent vendre leur bien.» La tonalité est «de réenclencher le marché.» Condition, toujours la même : la confiance générale à recouvrer.
- 20 %
C'est la baisse des volumes de vente annuels observée en Moselle, tous types de bien immobilier confondus.