Le manteau dynamique climatique, une enveloppe isolante pour tous les bâtiments

Le manteau dynamique climatique, développé dans la région, permet de répondre aux enjeux énergétiques dans la construction et la rénovation de bâtiments. Le principe a été appliqué dans une école d'Aulnoy-lez-Valenciennes.

Le manteau dynamique a été mis en application dans une école d'Aulnoy-lez-Valenciennes. © Jean-Luc Collet
Le manteau dynamique a été mis en application dans une école d'Aulnoy-lez-Valenciennes. © Jean-Luc Collet

L’un des enjeux majeurs du monde du BTP concerne la rénovation énergétique et la construction de bâtiments toujours plus respectueux de l’environnement. Le manteau dynamique climatique peut répondre à cet enjeu. 

«Les caractéristiques du manteau dynamique climatique sont basées sur des observations que j’ai pu réaliser durant mes dix ans de vie en Afrique et sur des principes physiques datant du XVIIIe siècle», introduit Jean-Luc Collet, architecte et ingénieur. Il est constitué de la façon suivante : une structure en bois est construite à la taille du bâtiment que l’on souhaite isoler, puis un isolant est placé à l’intérieur de la structure, qui n’est rien d’autre que des ballots de paille de 36 centimètres. «La paille est un excellent isolant lourd et stockeur, mais il est également déphaseur. En effet, prenons l’exemple d’un épisode de forte chaleur. La paille va stocker cette chaleur et la rediffuser quinze heures plus tard.» Il en va de même pour les façades et le toit qui sont isolés.

En ce qui concerne le vitrage, qui est la première source de déperdition dans un bâtiment, des doubles fenêtres sont ainsi utilisées. Plus précisément, des fenêtres pariétodynamiques sont installées. Elles chauffent en hiver et refroidissent en été via un cheminement de l’air extérieur vers l’intérieur entre deux lames de vitrage. «Pour expliquer plus simplement, l’air se déplace à la vitesse de 50 cm/s, entre deux lames d’air dynamique de vitrage reliées entre eux. Quand le soleil vient chauffer la fenêtre, il va venir chauffer l’air de la lame d’air extérieure qui entrera ensuite dans la pièce et il n’y a plus de perdition», ajoute Jean-Luc Collet.

«Il faut arrêter de démolir les anciens bâtiments qui sont considérés comme des passoires thermiques. Il existe des solutions et le manteau dynamique climatique en fait partie» explique Jean-Luc Collet © DR

Un produit qui a dépassé le stade du prototype

«Il faut arrêter de démolir les anciens bâtiments qui sont considérés comme des passoires thermiques. Il existe des solutions et le manteau dynamique climatique en fait partie.» En effet, le système peut aussi bien s’appliquer sur les structures en construction que sur les bâtiments anciens, relevant ainsi de nombreux défis de rénovation. «On considère qu’en France il y a 2% de bâtiments neufs contre 98% qui sont existants et anciens», ajoute Jean-Luc Collet.

La «technologie» a déjà été installée dans une école à Aulnoy-Lez-Valenciennes : la ventilation naturelle activée, le vitrage pariétodynamique, la géothermie de surface, le tout combiné à l’utilisation de matériaux biosourcés comme la paille. Les travaux, d’une surface de 4 000 m², ont duré 32 mois pour un budget de 10 millions d’euros. Jugé exemplaire, le bâtiment a reçu, fin 2018, le 1er prix Eurorégion Belgique Grand Est et Hauts-de-France de la réhabilitation en produits biosourcés.

Une technologie encore aux prémices

Le manteau dynamique climatique a également été lauréat Coup de coeur des Hauts-de-France au concours d’innovation EnergieSprong. «Être élu Coup de coeur du jury, nous permet de faire connaître l’innovation. C’est également une proposition d’ouverture auprès des maîtres d’ouvrage», concède l’ingénieur architecte. La technologie doit encore se faire connaître. «Nous sommes en train de définir les prix correspondant à des échelles de rénovation de bâtiments. Passer à l’industrie, cela veut dire qu’il faut être dans une certaine cadence et quantité. On définit des fourchettes sur 1 000, 2 000, 5 000 et 10 000 m² de façade», conclut Jean-Luc Collet.