Stratégie

Près de Laon, Le lin français-Jean Decock contribue au développement de la filière en France

Il y a plus d'un an, l'entreprise de teillage Le lin français-Jean Decock inaugurait une nouvelle usine près de Laon, sa deuxième après celle située dans le Dunkerquois. Une nouvelle unité de production nécessaire pour répondre à la demande d'un marché porteur.

Quentin Decok dirige le site de production de Laon.
Quentin Decok dirige le site de production de Laon.

Le lin tisse sa toile depuis plus d'un an dans le Laonnois avec la création d'une usine de teillage dans la zone du Griffon de Barenton-Bugny, idéalement située à quelques centaines de mètres de l'autoroute A26.

Cette nouvelle implantation était une nécessité pour l'entreprise Le lin français-Jean Decock qui est déjà présente depuis plusieurs générations à Quaëdypre dans le Nord. « Choisir l'Aisne, c'était se rapprocher de nos producteurs axonais avec lesquels nous travaillons depuis plus de 35 ans, mais aussi de ceux de Seine-Maritime, explique Quentin Decock qui dirige l'usine laonnoise. L'Aisne produit environ 5 800 hectares de lin, quasiment autant que le Nord qui est à 6 200 hectares. Le marché du lin est en croissance depuis une dizaine d'années, il nous fallait augmenter nos capacités de production. »

Un marché dynamique et porteur

Signe du dynamisme du marché, selon le dirigeant, la demande de lin mondiale est supérieure d'environ 20% à l'offre actuelle. Les clients de l'entreprise sont principalement les filatures en Inde et en Chine et 80% de la production est ainsi exportée à l'étranger. L'Europe concentre aujourd'hui environ 85% de la production mondiale de lin, en France donc mais aussi en Belgique et aux Pays-Bas.

Deux lignes de production créent de la fibre de lin, revendue majoritairement dans des filatures en Inde et en Chine.

Le lin produit dans l'Aisne va pouvoir servir à l'habillement mais aussi être utilisé dans l'ameublement intérieur, pour la création de panneaux agglomérés, comme isolant ou encore comme combustibles d'une chaufferie biomasse. Dans le lin, rien ne se perd, tout se transforme et justement, un projet de chaufferie biomasse reliant l'usine de Barenton-Bugny à la partie nord de la ville de Laon, est à l'étude. L'agglomération du Pays de Laon qui travaille sur ce sujet évoque la possibilité de chauffer la piscine-patinoire Le Dôme et les immeubles d'habitation des quartiers Champagne et Moulin-Roux.

À l'occasion de la Journée lin et chanvre en Hauts-de-France qui s’est déroulée en octobre, Quentin Decock a fait visiter l'usine à un public d'agriculteurs et de professionnels de la transformation. Il fait la démonstration d'un outil de production qui va travailler le lin pour en séparer les fibres longues et courtes, pour le nettoyer, l'étirer, l'égrainer.

Une trentaine d'employés travaillent dans l'usine créée il y a plus d'un an.

Selon la qualité de la fibre, le prix de revente peut varier du simple au double. « Dans la récolte 2022, nous avons toutes sortes de qualité et cette qualité dépend de la date de semis et de l'irrigation, explique Quentin Decock. Nous venons d'avoir trois années de suite de récolte légère en volume. » La qualité de la fibre dépend du travail du liniculteur mais aussi beaucoup de la météo, notamment dans la période allant du semis à la floraison.

À Laon, une trentaine d'employés font tourner les deux lignes de production créées. Ils sont répartis en trois équipes permettant de produire du lundi au samedi matin. Ces hommes et ces femmes recrutés localement perpétuent la tradition du lin français.