Le gouvernement s'attaque à la transformation des zones commerciales, réservoir de foncier
Le gouvernement a lancé lundi un programme expérimental de transformation des zones commerciales situées à l'entrée des villes, qui couvrent près de 500 millions de m2 et constituent un enjeu économique et écologique majeur...
Le gouvernement a lancé lundi un programme expérimental de transformation des zones commerciales situées à l'entrée des villes, qui couvrent près de 500 millions de m2 et constituent un enjeu économique et écologique majeur à mesure que le foncier se raréfie.
Symbole de ce que certains observateurs appellent "la France moche", mais aussi du "tout voiture" et de la consommation de masse, ces zones à l'aspect uniforme construites dans les années 1960 ressemblent à de larges voies bordées de panneaux publicitaires, avec des façades généralement en tôle ondulée et entourées de vastes parkings.
Le programme dévoilé lundi, doté de 24 millions d'euros, vise dans un premier temps une vingtaine des quelque 1.500 à 1.800 zones commerciales que compte le pays.
Cette enveloppe, destinée à "faire levier", servira d'abord à financer des études préalables, à recruter des chefs de projet et à compenser une partie du déficit dans les zones "en déprise", où la vacance commerciale est importante, afin de renaturer les lieux ou favoriser un changement d'activité.
"Ces zones sont à bien des égards l'incarnation du XXème siècle: celui de la consommation de masse, celui de l'automobile pour tous, celui du pavillon pour chacun", a déclaré la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce et de l'Artisanat Olivia Grégoire, devant un parterre d'élus, d'architectes et de représentants de sociétés foncières et de grandes enseignes.
Pour les commerçants, ce modèle a longtemps été "une forme d'eldorado", a reconnu la ministre, avec des magasins construits "sur du foncier agricole peu onéreux, des +boîtes à chaussures+ cubiques bâties à moindre frais".
Ces zones sont malgré tout encore extrêmement populaires puisqu'elles concentrent 72% des dépenses des Français.
Mais dans un monde "qui prend conscience de ses limites, la zone commerciale a atteint les siennes", a estimé Mme Grégoire.
Concurrencées par le développement du e-commerce, elles vont devoir faire leur révolution verte en réduisant de 40% leur consommation d'énergie d'ici 2030 et de 60% d'ici 2050, conformément au "décret tertiaire".
Passoires thermiques
Intégralement artificialisées, elles sont là encore le symbole d'une autre époque, empêchant "l'écoulement des eaux, stérilisant la biodiversité et générant des îlots de chaleur massif", rappelle le gouvernement.
"Nous avons des enjeux écologiques majeurs, à savoir comment on évite d'avoir des bâtiments qui sont des passoires thermiques", a déclaré le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.
"Ce n'est pas d'abord un problème d'argent. Ce qui bloque aujourd'hui ce sont les réglementations, ce sont les délais, les procédures d'autorisation", a-t-il jugé.
Très peu denses, ces zones constituent un "gisement très important de foncier pour l'avenir", a rappelé de son côté le ministre du Logement, Patrice Vergriete, qui mise sur la construction d'habitations là où la ville a rattrapé les zones commerciales.
Les porteurs de projet - aussi bien en ville qu'en zone rurale - devront se manifester auprès des préfectures, qui effectueront une pré-sélection des dossiers.
Deux vagues de lauréats seront désignées, en novembre 2023 et début 2024.
Sur le plan réglementaire, le projet de loi "industrie verte" en discussion au Parlement devrait permettre de lever certains blocages, en autorisant des dérogations au plan local d'urbanisme (PLU) ou des réductions de délais.
Le gouvernement avait déjà annoncé à l'automne dernier son intention de s'attaquer aux entrées de ville dans le cadre de l'acte 2 du programme "Action cœur de ville (2023-2026)", doté de 5 milliards d'euros.
L'objectif premier de ce programme était de revitaliser le centre des villes de 20.000 à 100.000 habitants mais il avait été étendu aux quartiers des gares et aux entrées de ville dans sa version 2.
"On va aller très vite pour pouvoir copier dans le reste du pays ce que seront les retours d'expérience", a assuré M. Béchu, qui souhaiter "diviser par deux les délais" de réaménagement de ces zones.
L'association Intercommunalités de France, dont les adhérents ont la "compétence exclusive des zones d'activités économiques", a regretté une enveloppe financière jugée "modeste au regard des enjeux de réindustrialisation du pays" et appelé à la création d'un fonds "friches commerciales".
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