Le gouvernement décidé à mener "jusqu'à son terme" le chantier de l'A69

"Force restera à la loi": le gouvernement s'est dit décidé lundi à mener "jusqu'à son terme" le projet d'autoroute A69 Toulouse-Castres, rejeté par des écologistes qui dénoncent la perte de terres agricoles et de biodiversité qu'entraînerait...

Le militant écologiste Thomas Brail (D) et d'autres militants sont perchés dans leur campement établi dans un arbre en face du ministère de la Transition écologique, le 18 septembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN
Le militant écologiste Thomas Brail (D) et d'autres militants sont perchés dans leur campement établi dans un arbre en face du ministère de la Transition écologique, le 18 septembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN

"Force restera à la loi": le gouvernement s'est dit décidé lundi à mener "jusqu'à son terme" le projet d'autoroute A69 Toulouse-Castres, rejeté par des écologistes qui dénoncent la perte de terres agricoles et de biodiversité qu'entraînerait la construction de cette portion de 53 km.

"L’État est déterminé à faire aboutir ce projet, qui a été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge", a indiqué dans un communiqué le ministère chargé des Transports, "le chantier se poursuivra dès ce lundi".

Non loin du chantier, lundi après-midi, à Soual et Saint-Germain-des-Prés (Tarn), la gendarmerie a délogé dans le calme des opposants qui avaient monté des campements aériens dans les arbres, a constaté un correspondant de l'AFP.

Dans la soirée, la préfecture du Tarn confirmé la "reprise des déboisements", faisant par ailleurs état pour les condamner de "menaces avec arme blanche" et de "mise en danger de gendarmes", "commises par des militants".

Selon le parquet de Castres, sept personnes ont été placées en garde à vue à la suite de l'opération des gendarmes qui, selon la préfecture "visait à sécuriser l'intervention des équipes du concessionnaire Atosca qui poursuit ainsi sa campagne de déboisement, conformément à l'autorisation délivrée par l'Etat".

Sur le site de Soual, deux arbres ont en effet été coupés, a constaté le correspondant de l'AFP.

La décision de poursuivre les travaux a été prise après une réunion vendredi à Castres (Tarn), lors de laquelle "une très large majorité des élus locaux, représentants légitimes du territoire dans notre démocratie, a réaffirmé sans ambiguïté son soutien à l'autoroute", selon le ministère.

A l'annonce de la tenue de cette réunion, des opposants au projet, dont M. Brail, avaient interrompu une grève de la soif entamée la veille et une grève de la faim commencée un mois auparavant.

"Cette réunion était une mascarade", a dénoncé lundi auprès de l'AFP Thomas Digard, l'un des représentants du collectif anti-A69 La Voie est Libre qui appelle à un "référendum local".

"Un dialogue approfondi a été mené. Le soutien des élus de la République a été réaffirmé. Il faut donc avancer. (...) Force restera à la loi et à l’État de droit", a affirmé le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, cité lundi dans le communiqué.

Plusieurs recours en justice ont été engagés contre le chantier, pour le moment sans succès, mais certains sont toujours en cours.

Mobilisation à venir

"La règle de droit a été strictement respectée à chaque étape de la procédure" et "tous les recours suspensifs ont été jugés et rejetés", a fait valoir le gouvernement.

Les opposants à cette portion d'autoroute, qui réduirait d'environ 20 min le trajet Castres-Toulouse et doit être mise en service en 2025, ont appelé à un week-end de mobilisation les 21 et 22 octobre sur le tracé. Le lieu exact n'a pas encore été précisé.

"L’État montre clairement qu'il reste ferme sur ses positions (...) ils ont remis une bûche dans le feu et ce qui va se passer ce week-end, nous, on n'en est plus responsables: la colère est en train de monter", a souligné Thomas Brail.

"Aucune violence, aucune incitation à la violence ne peuvent être tolérées (...) dans le cadre des actions pouvant être menées à titre individuel ou collectif", a prévenu le gouvernement.

Localement, le président PS du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, a estimé que l'autoroute était "une absolue nécessité pour le Tarn". 

Le camp des opposants, dont les Soulèvements de la Terre, a reçu de son côté le soutien d'un collectif de 1.500 scientifiques, dont des experts du Giec, qui regroupe les spécialistes du climat de l'ONU. Ils ont publié une tribune assurant que "l'A69 était un de ces projets auxquels il fallait renoncer".

Pour sa part, le ministère des Transports a rappelé lundi que "les travaux engagés pour améliorer les conditions tarifaires de l'A69 (...) et mettre en place de nouveaux services de mobilités décarbonées (...) se poursuivront". 

"Toutes les associations qui le souhaitent pourront y prendre part", a-t-il précisé.

La poursuite du chantier "montre le mépris total du gouvernement pour ce mouvement et pour les scientifiques", a soutenu lundi auprès de l'AFP Cécile Argentin, présidente de l'association France Nature Environnement Occitanie Pyrénées. 

"On n'a aucune assurance des compensations. La seule assurance qu'on a, c'est celle des destructions", a-t-elle ajouté, alors que la préfecture du Tarn a mis en demeure début octobre le concessionnaire Atosca de proposer sous quatre mois un site de compensation pour une zone humide.

33YB8KA