Le financeur des collectivités partout en France
L’Agence France Locale était fin mai en visite à la MEL, chez qui elle a tenu son conseil d’administration délocalisé. L’occasion de faire le point sur la présence du financeur dans la région.
Fondée en 2013, l’Agence France Locale est une banque créée par les collectivités pour les collectivités. Basée à Lyon, elle permet chaque année à des communes ou des communautés de communes de se financer rapidement, et à des taux avantageux, directement sur les marchés, sans craindre de souscrire à des emprunts toxiques. L’Agence s’occupe elle-même, sans intermédiaire, de lever des fonds sur le marché obligataire, qu’elle redistribue ensuite à ses membres selon leurs besoins. L’assurance pour les élus de confier leurs ressources à des financiers aguerris, mais ayant leurs intérêts à cœur, et donc de pouvoir se libérer du temps pour assurer la gestion quotidienne de leur commune. “La structure est ouverte à tous. Nous avons
170 collectivités parmi nos membres, dont beaucoup sont des métropoles, mais aussi la région des Pays de Loire par exemple, ou cinq départements. Mais nous avons aussi beaucoup de communes, dont la plus petite compte 96 habitants, détaille Yves Millardet, le président de l’Agence France Locale. Et la plupart se situent entre 100 et 1 000 habitants. Nous n’opérons pas de discrimination sur la taille, contrairement au monde bancaire traditionnel. Le seul critère qui compte, c’est la note financière que nous attribuons à la commune ou la collectivité. C’est un modèle qui existe depuis longtemps dans d’autres pays d’Europe et qui a traversé toutes les crises.”
Transparence garantie. Contrairement aux banques privées, l’Agence France Locale n’offre pas de formules mêlant taux fixes et taux variables, généralement peu avantageuses pour les emprunteurs : elle propose de choisir entre l’un ou l’autre. Surtout, elle peut autoriser un déblocage quasi immédiat des fonds, dès le versement du capital initial, qui correspond selon les cas à 0,8% du montant de la dette ou à 0,25% des coûts de fonctionnement de la collectivité concernée. “L’existence de ce ticket d’entrée peut effrayer, mais nous avons prouvé que le retour sur investissement est effectif au bout de cinq ans, par la simple différence entre les taux d’intérêt, qui sont beaucoup plus avantageux chez nous, assure Yves Millardet. C’est simple, les collectivités ne peuvent pas faire confiance aux banques pour les emprunts, il y a trop de produits toxiques ou de jeu sur les taux. Nous leur garantissons une transparence parfaite.”
La MEL, adhérente de longue date. Une fois par an, l’Agence délocalise son conseil d’administration pour aller à la rencontre de ses membres et de nouvelles collectivités. Invitée cette année par la MEL, elle a retrouvé l’un de ses plus anciens adhérents. “Nous avons adhéré dès le départ, nous avons tout de suite vu le potentiel de cette solution, à un moment où la MEL mettait en place d’importants projets, mais où l’argent était rare et les crédits difficiles à obtenir, témoigne Alain Bernard, vice-président à la MEL chargé des finances. La sécurité et les conseils offerts par l’Agence nous ont tout de suite convaincus, sans parler des taux disponibles, sur du très long terme.” Dans la région, la MEL n’est pas la seule à être à adhérer à l’Agence France Locale : les communautés de communes d’Arras, de Valenciennes, de Pévèle-Carembault, de Dunkerque ou d’Amiens sont également membres, ainsi que plusieurs communes (voir encadré). Invités à assister à l’assemblée générale et à découvrir le dispositif, certains maires de la région ont pu se montrer intéressés, mais un peu frileux. “En ce moment, les collectivités peuvent avoir l’impression que l’argent se fait moins rare, mais c’est un faux sentiment de sécurité, prévient Yves Millardet. A la première alerte, elles seront de nouveau prises à la gorge. Nous leur proposons une solution sur le long terme, pour qu’elles puissent rester des emprunteurs structurels et tabler sur un endettement sain.” L’agence locale a prêté 510 M€ aux collectivités en 2015. Pour 2016, elle leur a déjà versé 118 M€, sur un total prévu de 700 M€.