Le Familistère de Guise et la BD… petites et grandes histoires de passionnés !

L’histoire du Familistère de Guise et de son fondateur Jean-Baptiste André Godin n’en finit pas d’inspirer les auteurs de BD. La rencontre entre le scénariste, Jean-David Morvan, et le dessinateur, Romain Rousseaux Perin, a débouché sur la sortie du tome 1 de «Rue de la grande truanderie» dont l’intrigue se déroule pour partie dans le Palais social.

Jérôme Caron, passionné de BD (au centre) a guidé le scénariste JDMorvan (à gauche) et le dessinateur Romain Rousseaux Perin (à droite) dans les différentes parties du Familistère.
Jérôme Caron, passionné de BD (au centre) a guidé le scénariste JDMorvan (à gauche) et le dessinateur Romain Rousseaux Perin (à droite) dans les différentes parties du Familistère.

Et de trois pour Jérôme Caron ! Guide au Familistère de Guise depuis 17 ans, ce passionné de BD a accueilli récemment sur le site les auteurs de «Rue de la grande truanderie» sortie en avril aux éditions Grand Anglepour une découverte intimiste du Palais social, que les lecteurs identifieront facilement en feuilletant les pages de l’album. Jérôme Caron est devenu désormais LE guide attitré des visites privées de scénaristes et d’illustrateurs du genre, après la sortie du tome 3 de «La guerre des Lulus» et quelques années auparavant déjà, de «De briques et de sang» de Régis Hautière.

En avance sur son temps !

La visite du site provoque chez Jean-David Morvan encore aujourd'hui une vive émotion et suscite une admiration sans retenue pour son fondateur : «Jean-Baptiste Godin est toujours en avance sur son temps». Le scénariste rémois, lors d’une première découverte de l’Histoire du Familistère avec un grand H, avait étudié en détails le projet de Jean-Baptiste Godin au profit des salariés de l’usine d’où sortaient les célèbres poêles, et qui fut à l’origine de la création du système familistérien. Conçu comme un château, qualifié parfois de «Versailles de briques», ce Palais social a vocation «à rendre aux travailleurs la valeur de leur travail»

Partisan d’une école mixte, laïque et gratuite, Jean-Baptiste Godin a construit deux écoles de part et d’autre de l’emblématique théâtre où se déroulaient les assemblées générales durant lesquelles les membres de la communauté des Familistériens échangeaient, discutaient et décidaient selon les principes démocratiques voulus par son fondateur. Parallèlement au développement de ce système coopératif autour de la vie sociale au Familistère, Jean-Baptiste Godin mène sa vie d’homme, marié par deux fois, et père d’un garçon prénommé Émile, né de son union avec sa première épouse, Esther Lemaire.

Une histoire géniale

L’œuvre sociale du Familistère et la vie privée de Godin s’entremêlent et c’est de «ces petites histoires dans la grande Histoire du lieu» dont s’est emparé JD Morvan pour nourrir son scénario. «Toute la BD est née de la femme en colère», confie l’auteur, faisant référence à la fureur de la première épouse de Godin, Esther Lemaire à laquelle est venue s'ajouter la rancœur du fils, Émile, présenté «comme le dauphin qui ne sera jamais roi». En effet, de par la volonté de son père, la propriété du Palais social reviendra aux travailleurs, au travers de l’Association coopérative du capital et du travail créée par Godin. 

«Tout était là pour faire l’histoire», s’enthousiasme l’auteur du scénario écrit depuis cette première découverte de l’œuvre de Godin, et qui attendait la rencontre avec un illustrateur pour prendre vie. Avec «Rue de la grande truanderie», Romain Rousseaux Perin illustre là son premier album. La passion de la BD a fait se rencontrer les deux créateurs, l’histoire du Familistère les a réunis. La BD sera à découvrir en 2 tomes selon le format choisi par les éditons Grand Angle qui la publie et la récente visite privée du Familistère a séduit l'illustrateur, actuellement en pleine production du tome 2, dont l’intrigue se déroule pour partie dans les caves. Et au-delà de l’aspect architectural pour lequel Romain Rousseaux Perin est formé, le dessinateur a dû s’approprier les personnages, et travailler, comme pour la représentation d’Émile par exemple, sur l’unique photo dont il disposait.