Le e-commerce au cœur de la politique de la Région

La démarche est enclenchée depuis fin 2018, mais depuis la crise de la Covid-19 et le deuxième confinement, la digitalisation du business est devenue nécessaire... Cette prise de conscience s'est accentuée en 2020. À travers deux dispositifs, la Région Hauts-de-France ambitionne d'accompagner, financièrement et humainement, les entreprises à la transformation de l'acte de vente, devenu en ligne.

© evencake
© evencake

Le numérique est au cœur de la consommation. Drive, click and collect, site e-commerce, application smartphone... acheter se fait maintenant en un clic. Une prouesse technologique qui fait ses preuves durant cette période de crise sanitaire, mais toutes les entreprises sont-elles prêtes ?

«On constate que 84% des Français font au moins un achat sur Internet durant l'année, remarque Christophe Coulon, vice-président à la Région Hauts-de-France, en charge de l'apprentissage et de l'artisanat. Mais, a contrario, 14% des TPE vendent en ligne. On remarque donc que le numérique est un lien tellement évident dans les foyers et surtout l'énorme saut à faire pour les TPE.» 

Ce constat n'est pas nouveau, mais l'urgence de la crise a bouleversé – pour ne pas dire chamboulé – le quotidien des entreprises, notamment celui des commerçants et des TPE.

Si la Région se penche sur la question depuis quelques années, elle a aussi accéléré son accompagnement et sa politique de digitalisation des entreprises. «Internet est une puissance pour les entreprises et un levier de croissance évident, note Christophe Coulon. Le commerce de proximité doit se mettre à la digitalisation pour vendre différemment, sinon les commerces seront menacés à moyen terme. C'est le consommateur qui décide et les habitudes de consommation ont changé. Il faut donc adapter l'offre et proposer des actes de vente en accord avec la société d'aujourd'hui, car le consommateur ne fera pas marche arrière.» Une réflexion profonde est donc en route sur tout le territoire régional, visant surtout les petites entreprises qui ne sont pas encore au point, souvent par manque de moyens financiers et humains, à se lancer dans le e-commerce.

Christophe Coulon, vice-président à la Région Hauts-de-France, en charge de l'apprentissage et de l'artisanat :, «Le commerce de proximité doit se mettre à digitalisation pour vendre différemment sinon les commerces seront menacés à moyen terme.» © Région Hauts-de-France

Deux dispositifs d'accompagnement



Après le choc du premier confinement, c'est véritablement après le deuxième confinement que cette accélération du e-commerce a été mise en route. Dès novembre 2020, la Région a participé financièrement aux différentes marketplaces créées à l'échelle d'un territoire, soit par les collectivités, soit par les associations de commerçants. 

«L'objectif dans un premier temps était de répondre rapidement au besoin des commerçants qui était d'écouler leurs stocks, notamment en fin d'année, présente Christophe Coulon. Nous avons cofinancé ces marketplaces jusqu'à 10 000 euros, et nous avons mis en place une aide jusqu'à 500 euros pour les commerçants présents, ce qui équivaut à un an de loyerUne démarche d'urgence économique qui s'est rapidement transformée en un objectif de développement des entreprises. 

Si l'aide des marketplaces continue, la Région accompagne également à la «digitalisation individuelle». Une aide allant jusqu'à 500 euros des Hauts-de-France est octroyée pour toutes les entreprises créant un site Internet marchand, avec au minimum un service de click and collect. «Le click and collect est installé aujourd'hui dans nos habitudes de consommation, remarque le vice-président de la Région. Et cela permet une activité des commerces, c'est indéniable. Mais plus largement, l'objectif est de transformer ses 14% des TPE présentes sur Internet en au moins 50%.»

« La digitalisation des entreprises est une évolution sociétale majeure »

La Région travaille également de concert avec les chambres consulaires locales, ces dernières étant très présentes de façon opérationnelle pour accompagner les entreprises. «Nous finançons à 100% le dispositif Booster Numérique dont le but est de mettre en place une stratégie et aussi d'accompagner au cours de journées de formation dispensées par les CCI», commente-t-il. Des formations utiles pour lancer un site e-commerce ou faire évoluer l'offre déjà mise en place.

L'accompagnement : la clé de voûte de la transformation

Se lancer dans le e-commerce est aujourd'hui inévitable. Quand on est un grand groupe, le pas est déjà fait depuis longtemps. Quand on est une PME, la vision macro de l'économie engendre naturellement cette transformation. Mais quand on est une TPE, un commerçant ou un artisan, le e-commerce est une longue transformation d'un point de vue technique mais aussi – et peut-être surtout – culturel. «Il y a toujours une difficulté quand on parle de digitalisation et de e-commerce. Le manque de moyen, la méconnaissance de l'outil ou encore la peur bloquent certains chefs d'entreprise. Mais ce qu'il faut comprendre c'est que le e-commerce n'est pas seulement l'acte de vente mais aussi une relation avec les clients», précise Christophe Coulon, impliqué sur ce sujet, étant lui-même dirigeant d'entreprise. 

Et pour cela, il faut des outils, et des outils simples à créer et à utiliser. «Il faut accompagner humainement les entreprises, les aider à comprendre leurs besoins, les impacts sur leur entreprise. Rien que le fait d'être référencé sur Google Business est une base pour être visible sur le Net, continue-t-il. La problématique des outils, nous l'avons en tête. Fin 2018, nous avons mis en place un partenariat avec la société amiénois E-monsite.com qui propose la création d'outils simples. Avec la E-monsite Académie, nous avons donné une vingtaine de conférences en 2019 dans toute la région pour sensibiliser et expliquer l'intérêt de la digitalisation de l'activité et de la vente en ligne car c'est un véritable levier de croissance.» Et présenter aussi l'intérêt des différents outils pour vendre aussi bien via l'intermédiaire d'une plateforme ou d'un smartphone. Du côté des aides, elles sont répertoriées sur le site Internet de la Région, à la rubrique «aides».

"L'acte d'achat commence par une consultation sur Internet, c'est devenu une habitude"

L'accompagnement financier et humain est donc nécessaire pour aider les entreprises à prendre le train de la vente en ligne. La Covid-19 laissera des traces pour les TPE, reste à savoir à quel degré. «Ce qui est sûr, c'est que cette crise est indéniablement un accélérateur de la vente en ligne, il ne faut pas rater cette étape, prévient Christophe Coulon. Je pense qu'à l'avenir, la Région devra poursuivre davantage cette politique d'aide de digitalisation, notamment pour les plus petites entreprises. C'est indispensable.»