Le e-commerce, amortisseur de la crise en 2020 ?

En 2020, le e-commerce devrait croître de 6% pour atteindre 109,6 milliards d'euros de chiffre d’affaires, d'après les projections de la Fevad. Au troisième trimestre, les enseignes traditionnelles ont davantage bénéficié de la croissance qu'Amazon. Et Noël devrait se révéler exceptionnel.

© Aurielaki
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«Globalement, le e-commerce a connu un coup d’accélérateur énorme qui devrait continuer à Noël», explique François Momboisse, président de la Fevad, Fédération du e-commerce et de la vente à distance, qui regroupe plus de 600 entreprises du secteur. Le 8 décembre dernier, lors d’une conférence de presse en ligne, celle-ci présentait les résultats du troisième trimestre 2020 et ses prévisions pour l’année 2020. Entre juillet et septembre, le e-commerce a crû de 8,1%, contre 10,9% durant la même période de l’année précédente. Au total, 452 millions de transactions ont généré un chiffre d’affaires total de 26,6 milliards d’euros.

Fait majeur, dans un contexte de très vive polémique sur les bénéfices qu’un acteur comme Amazon pouvait tirer de la crise, «les enseignes de magasin restent de très loin celles qui ont connu la croissance la plus importante, devant les pure players», dévoile Marc Lolivier, directeur général de la Fevad. Les premières ont connu un taux de croissance de +29% au troisième trimestre, les seconds, de 11%. Cette même tendance avait déjà été observée durant le premier confinement. Toutefois, le top 3 (Médiametrie) des sites marchands les plus visités en France demeure stable : derrière Amazon qui conserve la première place, suivent Cdiscount et la Fnac.

Autre phénomène marquant, les ventes réalisées pour le compte de tiers (sur les places de marché) ont fortement progressé. Elles ont crû de 22%, soit le double de l’an dernier. Au total, entre janvier et septembre 2020, le volume d’affaires réalisé sur les marketplaces représente 15% du total. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour le commerce de proximité, estime la Fevad. «Les petits sites profitent également de ce développement», pointe Marc Lolivier, qui souligne, de manière générale, le rôle «d’amortisseur économique du e-commerce» pour les enseignes obligées de fermer.

Un Noël «exceptionnel», pour une année moins fructueuse que 2019

Les différents secteurs n’ont pas bénéficié de manière égale de la croissance du e-commerce : la demande s’est plus tournée vers les biens physiques. Au troisième trimestre, ces derniers représentent 49% du chiffre d’affaires global, contre 44%, en moyenne, sur l’année 2019. Alimentation et produits de consommation, beauté-santé et mode-habillement en ont particulièrement bénéficié, avec des taux de croissance respectifs de + 36%, 31 et 17%, d’après le baromètre de Nielsen. A contrario, victime de la quasi-impossibilité de se déplacer, les ventes de voyage, secteur important du e-commerce, ont baissé de 39% au troisième trimestre.

Pour la fin de l’année, les boutiques physiques ne pouvant pas accueillir les même foules qu’à l’habitude, «le e-commerce devrait connaître un Noël exceptionnel», estime François Momboisse. D’après l’étude Médiametrie pour la Fevad, neuf cyber-acheteurs sur 10 prévoyaient de profiter des opérations commerciales autour du Black Friday et du Cyber Monday pour acheter tout ou partie de leurs cadeaux pour les fêtes. L’an dernier, ils étaient 71% seulement à l’avoir fait. Mais la crise encourage les consommateurs inquiets en ce sens. Dans le même sens, un quart d’entre eux prévoient de dépenser moins que d’habitude, en raison des incertitudes économiques, mais aussi des modalités restrictives dans lesquelles devront se tenir les événements familiaux. Toutefois, Noël reste Noël… Et près des trois quarts des cyberacheteurs ont l’intention d’utiliser Internet pour faire plaisir à leurs proches. En tête des intentions d’achat  : les produits culturels, jeux et jouets… Résultat, la Fevad anticipe un chiffre d’affaires à hauteur de 110 milliards d’euros sur l’année entière, soit un taux de croissance de 6%. En 2019, celui-ci était de 11,6%.

 


Les chiffres du Black Friday

Selon les chiffres dévoilés le 14 décembre, par la Fevad, les ventes sur Internet ont progressé de 20%, lors de la semaine, décalée, du Black Friday (du 30 novembre au 6 décembre), par rapport à l’an dernier, contre une croissance de 22% en 2019. Parmi les secteurs qui enregistrent la plus forte hausse cette année 2020 : la décoration, les meubles, l’aménagement de la maison et les produits techniques… L’étude, menée auprès d’un panel de sites leaders, confirme la bonne tenue des commandes passées sur les sites des enseignes de magasin, à un niveau comparable, voire supérieur, à celui des pure-players, malgré la réouverture des commerces physiques le dernier week-end de novembre.