Le Deeptech Tour fait escale en région

4 000 start-ups ont été créées en France cette année grâce à Bpifrance. Parmi elles, quelques-unes spécialisées dans la deeptech. La banque publique d'investissement organise actuellement un tour des campus universitaires pour sensibiliser les chercheurs et les étudiants sur la question.

Marion Aubert, co-fondatrice de Wavely, a témoigné de son expérience dans la Deeptech.
Marion Aubert, co-fondatrice de Wavely, a témoigné de son expérience dans la Deeptech.

Les solutions aux problèmes de demain se trouvent dans la “deep tech”, du moins, Paul-François Fournier, directeur exécutif Innovation de Bpifrance en est persuadé. C’est pourquoi il est le principal organisateur du Deeptech Tour, où chercheurs et start-uppers prennent la parole dans plusieurs campus universitaires de France pour sensibiliser l’auditoire au monde de l’entrepreneuriat.

Et puisque la deep tech « c’est la technologie qui se développe dans les laboratoires », le Deeptech tour a fait escale à la cité scientifique de Villeneuve-d’Ascq (Nord), début décembre.

Un fond important débloqué

La Banque publique d’investissement s’apprête à investir 1,3 milliard d’euros sur cinq ans dans les projets deeptech.  « Le fonds accordé à ce genre de projet va tripler, mais il reste encore inadapté. Il faut savoir qu’une innovation deeptech prend bien plus de temps et de moyens à aboutir qu’une innovation numérique classique », indique Paul-François Fournier.

Bpifrance définit la deeptech selon quatre critères : « L’innovation doit être en lien avec le monde de la recherche, elle lève un verrou technologique, apporte une différence compétitive par rapport aux technologies déjà existantes, et son élaboration est plus longue qu’une innovation numérique traditionnelle », cite-t-on.

Et la région a son lot de chercheurs-entrepreneurs précurseurs dans la matière. Marion Aubert, co-fondatrice de Wavely, Nicolas Vellas, docteur en électronique et CEO de MC2 Technologies ou encore Manuel Day, fondateur et président de Vekia, étaient présents pour témoigner de leur passage de simple chercheur à entrepreneur. Tous ont commencé par élaborer leur produit en laboratoire, avant de devenir prestataire pour des clients dans le domaine de l’industrie.

Les scientifiques et les entrepreneurs ont le même  goût du risque, ils n’ont pas peur d’avancer à tâtons”

Pour avoir collaboré avec un acousticien et un chercheur au CNRS,  Marion Aubert a remarqué une lacune commune à tout scientifique souhaitant lancer son activité : le marketing. Issue du monde des relations publiques, elle détaille : « Notre solution détecte des anomalies industrielles grâce à l’analyse des bruits. Mais il est difficile pour mes collègues de vulgariser les résultats. C’est peu vendeur », sourit-elle.

Savoir s’entourer

Manuel Davy, qui accompagne les supply chain grâce  à l’algorithme de son entreprise Vekia, confirme que le chercheur n’a pas toutes les clés en main pour vendre au mieux son  produit. Cependant, il souligne un point commun entre scientifiques et entrepreneurs :  « Tous deux ont le goût du risque, ils n’ont pas peur d’avance à tâtons ».

Les intervenants présents étaient toutefois unanimes : un accompagnement dans la création de son entreprise par des structures dédiées est indispensable. Plus qu’une banque, Bpifrance propose par exemple des séances de coaching pour travailler ses pitches et son business plan. Les fondateurs de Wavely ont quant à eux eu recours à la SATT (Société d’accélération des transferts des technologies) pour la rédaction de leur brevet. « L’étape décisive qui nous a lancé est aussi la participation aux LMI Awards. Les concours sont de bonnes portes d’entrées pour débloquer des fonds, faire des connaissances et rencontrer des potentiels clients », continue Marion Aubert.

Cet été, un tout nouvel accompagnement a été développé par l’INRIA. Nommée “Start-up Studio”, l’initiative vise à détecter les chercheurs prêts à devenir de futurs entrepreneurs et les accompagner. « 10 start-ups ont été créées en 2019 et 5 à 10 projets sont en gestation », précise François Cuny, directeur général de l’innovation à L’inria. Manuel Davy, lui, encourage ses confrères chercheurs à suivre l’exemple : « C’est une aventure que je revivrai sans hésiter. »

Marion Aubert, co-fondatrice de Wavely, a témoigné de son expérience dans la deep tech.