Un été de sports
Le Club alpin français fête ses 150 ans
Le Club alpin français gère actuellement quelque 120 refuges et chalets de montagne. Né en 1874, lorsque l'alpinisme était le fait d'une élite sociale avant-gardiste, il a suivi l'évolution de cette pratique qui s'est démocratisée tout en virant au sport de l'extrême. Aujourd'hui, il doit faire face aux enjeux écologiques auxquels est confrontée la montagne.
Georges Sand écrivaine, Eugène Viollet Le Duc, architecte... Au moment de sa fondation, le CAF, Club alpin français, est un club extrêmement select. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, en Europe, se déploie une nouvelle pratique : des excursionnistes cultivés, issus de la bourgeoisie, se mettent à gravir les plus hauts sommets des montagnes. Dans de nombreux pays -Autriche, Italie... - ces passionnés se réunissent dans des clubs, afin de poser les bases et organiser ces nouvelles pratiques. En France, le CAF naît en 1874. Ses membres accomplissent des exploits. Par exemple, le 16 août 1877, Emmanuel Boileau, baron de Castelnau, avec ses guides Pierre Gaspard et fils, réalise la première ascension de la Meije, dans les Alpes.
Par ailleurs, le CAF, reconnu d'utilité publique en 1882, devient l'interlocuteur identifié des pouvoirs publics. Il délivre les brevets de guide de montagne. Et aussi, il exerce ce qui deviendra l'une de ses missions majeures- ou en tout cas, parmi les plus visibles- : à partir des années 1890, il participe à la construction de dizaines de refuges destinés à accueillir les alpinistes dans les différentes massifs français. Outre l'alpinisme, le CAF encourage aussi l'émergence d'autres sports de montagne, à commencer par le ski. En 1907, l'un de ses membres, Henri Duhamel, organise la première compétition de ski alpin – qu'il a découvert lors d'un voyage en Norvège - à Montgenèvre, dans les Hautes-Alpes.
Sport extrême et nouveaux refuges
Au fil de son histoire, le CAF continue à accompagner le développement de l'alpinisme dans ses différentes étapes. Comme celle de la fascination des alpinistes pour l'Himalaya, qui se déploie notamment lorsque le Népal ouvre ses portes en 1950. Cette année là, le CAP permet une expédition de l'ascension de l'Annapurna, le dixième sommet du monde (8 091 mètres). L'événement fait la Une de Paris Match et il contribue à l'essor de l'alpinisme qui se démocratise et devient plus sportif. En parallèle, les activités de loisirs en montagne se diversifient aussi ( parapente, spéléologie, trail,..), tandis que se développent des compétitions de sport extrême, comme le ski alpinisme. Le CAP (qui devient la Fédération française des clubs alpins et de montagne en 1995) s'implique alors dans la formation des jeunes.
Mais l'histoire du CAP illustre aussi les contradictions et les difficultés de l'évolution des pratiques sportives en montagne. Fidèle à l'une de ses missions premières, le CAP gère quelque 120 chalets et refuges, qu'il a progressivement rendus moins rudimentaires que les premiers abris pour accueillir des visiteurs moins aventureux que les pionniers du XIXe siècle. Un refuge nouvellement construit, celui du Goûter, situé la voie la plus fréquenté du Mont Blanc a suscité la polémique, relate le journal Le Monde, du 24 novembre 2012. Plus confortable et coûteux que les autres refuges, accessible presque uniquement sur réservation, il incarne la tension entre réponse à la démocratisation des pratiques, évolution des écosystèmes économiques liés à la montagne et survie écologique de cette dernière...