Crise sanitaire
Le CIP Côte d'Opale lance un plaidoyer pour anticiper les difficultés
Depuis le début de la crise sanitaire, l’activité du Centre d’information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) Côte d’Opale tourne au ralenti. Toutefois, son président craint un afflux de dossiers au sortir de la crise quand les aides de l’Etat se tariront, et exhorte donc les chefs d’entreprise à venir rencontrer son équipe dès les premières difficultés.
Créé à Dunkerque en 2010, le CIP Côte d’Opale est composé, comme tous les CIP du territoire national, d’un ancien expert-comptable, d’un ancien juge consulaire et d’un ancien avocat. Trois métiers qui se complètent et offrent un bon panel de compétences pour conseiller au mieux. L’association traite en moyenne, gratuitement et en toute confidentialité, une quarantaine de dossiers par an. Souvent des cas assez lourds car pris en charge tardivement.
«Dernièrement, une dame est venue nous voir alors que l’huissier était à sa porte. Beaucoup arrivent aussi alors qu’ils n’ont plus aucune trésorerie ou bien parce que leur banque vient de les lâcher. C’est humainement assez difficile», commente Jean-Marie Engrand, ancien juge consulaire, membre du CIP Côte d’Opale.
Toutefois, depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de dossiers traités est tombé à dix. Ce qui inquiète beaucoup Jean-Pierre Leclaire, ancien expert-comptable et président du CIP Côte d’Opale.
«C’est tout simplement le signe que des entreprises qui auraient dû connaître des difficultés sont artificiellement maintenues en vie grâce aux aides du Gouvernement : report du paiement des charges, prise en charge à 100% du chômage partiel, Prêt garanti par l’Etat. Sans compter celles qui ne vont pas se relever de leur fermeture administrative ou de la baisse drastique de leur chiffre d’affaires. Nous craignons vraiment un afflux de dossiers au moment de la reprise», se désole-t-il.
Piqûre de rappel
D’où l’appel qu’il lance aujourd’hui : «Beaucoup de dispositifs existent pour éviter qu’une entreprise sombre, si le problème ne vient pas d’un mauvais positionnement de marché ou d’un manque avéré de compétences. Seulement, il est indispensable de les mettre en place aux premières alertes. Des difficultés pour payer la TVA doit, par exemple, en être une. Trop de chef d’entreprise ne connaissent pas le CPI, ou bien, par fierté ou par honte de l’échec, n’osent pas y entrer. Or, en fermant les yeux, ils perdent de précieuses chances de s’en sortir. C’est vraiment le message que je veux faire passer aujourd’hui : n’ayez pas peur du CIP. Nous sommes là d’abord pour aider et accompagner !» martèle-t-il.
Des propos forts qui rappellent d’ailleurs ceux régulièrement lancés par Christian Lavallée, président du tribunal de commerce de Dunkerque.
L’étalement des dettes, la médiation du crédit ou encore le mandat ad hoc peuvent être des solutions intéressantes lorsque la situation n’est pas trop grave. Et même l’instauration d’une procédure collective, comme le plan de sauvegarde ou le placement en redressement judiciaire, ne signifie pas que l’entreprise n’est pas sauvable. «Au contraire, ce sont des procédures qui permettent de geler les dettes et d’étaler le remboursement du passif sur dix années. C’est un moyen de donner un second souffle à l’entreprise, de corriger ce qui faisait défaut et de rebondir», plaide Jean-Marie Engrand qui, avec son collègue, regrette que les organismes d’accompagnement à la création d’entreprise ne mettent pas plus en avant la possibilité de l’échec et les dispositifs qui existent pour s’en sortir.
Pour contacter le CIP Côte d'Opale. Tél. : 03 28 66 36 85 ; cipdunkerque@orange.fr