Le cintrage du PVC, c’est son domaine

Cette entreprise de 18 personnes s’affirme comme l’un des spécialistes français de cette fabrication. Si l’usage du PVC s’est généralisé et diversifié, sa mise en forme reste une opération technique et délicate.

Pierre Degay, directeur général de Nord cintres, aux commandes depuis 2003, explique que l’entreprise a quitté le stade artisanal, progressé et aussi évolué (voir encadré). Il la présente comme une spécialiste du cintrage du PVC, évoluant parmi les leaders nationaux dans ce domaine, et la seule du genre dans la région. “Nous sommes à la fois sous-traitant et fabricant, explique-t-il. En France, on compte environ sept cintreurs multigammes. On ne s’adresse qu’aux professionnels et on ne fait pas que des cintres. Aujourd’hui, 60% du chiffre d’affaires vient des cadres et 40% des cintres.”

Il précise que sur “un marché du châssis PVC, mâture et structuré”, l’offre s’est fortement étoffée. Les formules, gammes et profils sont, dit-il, diversifiés. Et c’est bien là que Nord cintres entend faire jouer son savoir-faire. Le rythme de production de l’entreprise du Cambrésis tourne autour de 400 cintres et de 80 châssis par semaine. Depuis trois ou quatre ans, elle a conclu un contrat national avec le fabricant Lapeyre pour les portails et, depuis 2003, elle fait partie du groupe industriel FPEE, qui possède le réseau Art et Fenêtres. “Il représente 20% de notre chiffre d’affaires mais nous travaillons en toute autonomie”, précise le directeur général.

Une opération toujours délicate. Pierre Degay explique qu’en dépit d’un usage généralisé et démocratisé du PVC, l’opération de cintrage reste délicate, très technique. “Un cintre doit être bien posé, bien ajusté, sinon des complications apparaissent, venues des contraintes techniques et des variations de température. Des professionnels hésitent parfois à les poser. Notre but, c’est de banaliser cette pose, quelles que soient les formes, en sur-mesure ou en séries. Les châssis sont ainsi renforcés, rigidifiés avec de l’acier, c’est une de nos particularités en France.” Une partie des 1 500 m2 de l’entreprise est dédiée à un autre savoir-faire de Nord cintres : la fabrication de fourreaux, des gabarits qui se glissent à l’intérieur des formes. Ils sont un atout de poids dans le développement de l’activité. Le directeur général insiste au passage sur la transmission en interne du savoir-faire sous la forme du tutorat. A sa connaissance, en effet, il n’existe pas de formation dans ce métier, notamment dans les aspects thermiques du travail. A l’entreprise donc d’innover par ses propres moyens.

Numérisation depuis 2009. L’organisation intérieure de l’entreprise reflète les différentes étapes de la fabrication. Les barres de PVC, de 6 mètres de long, sont stockées et rangées par fournisseurs et clients, dans un espace réservé. “La matière première vient d’Allemagne, de France et de Belgique. Avec le temps, les gammes, les couleurs et les profils se sont bien diversifiés. Il n’y a pas que du blanc, les profils sont teintés dans la masse ou recouverts d’une pellicule”, fait remarquer Pierre Degay. Un autre espace est dévolu au cintrage qui s’effectue sur huit grandes tables, la matière étant chauffée et ramollie dans des bains d’huile. L’espace le plus grand, occupé par des machines à commande numérique maintenant, concerne les opérations de “parachèvement”, l’usinage et le montage.

Pierre Degay précise à ce sujet : “L’effort d’investissement a été constant depuis huit ans, entre 100 000 et 180 000 euros par an. On a modernisé, je le précise, en recourant à nos fonds propres. Depuis 2009, la commande numérique s’est imposée.” Le parc des machines a été ainsi étoffé petit à petit. Une machine à tracer qui permet d’accélérer le rythme et la découpe est arrivée récemment. Vers la fin de l’année ou début 2012, un robot d’usinage, faisant le travail de quatre machines, devrait rejoindre le parc et permettre la création de deux postes de travail.