Le cinéma français en repli à l'étranger en 2024

En excellente santé sur ses terres, le 7e art français fait un peu moins recette à l'étranger: les films tricolores ont attiré 38,1 millions de spectateurs dans les salles l'an dernier, portés par l'Allemagne et la Russie...

Les acteurs du film "Un p'tit truc en plus" à Cannes dans les Alpes-Maritimes le 22 mai 2024 © LOIC VENANCE
Les acteurs du film "Un p'tit truc en plus" à Cannes dans les Alpes-Maritimes le 22 mai 2024 © LOIC VENANCE

En excellente santé sur ses terres, le 7e art français fait un peu moins recette à l'étranger: les films tricolores ont attiré 38,1 millions de spectateurs dans les salles l'an dernier, portés par l'Allemagne et la Russie, dans un contexte difficile pour le cinéma mondial.

Les performances françaises à l'export, qui remontaient la pente chaque année depuis le Covid, sont cette fois en recul de 11% sur un an, selon des chiffres publiés lundi par Unifrance, organisme chargé de la promotion du cinéma et de l'audiovisuel français à l'international. Les films tricolores ont rapporté 250 millions d'euros de recettes.

Ces chiffres "marquent un retour à la normalité", a expliqué le président d'Unifrance, Gilles Pélisson, à l'AFP : la France, avec ses records de fréquentation des salles obscures, fait figure d'exception l'an dernier, les cinémas étant partout ailleurs à la peine.

Outre les sorties en salles, Unifrance note de "belles progressions" sur les plateformes, où les nouveautés françaises se classent par exemple loin derrière les productions américaines ou britanniques mais nettement devant les œuvres sud-coréennes, pourtant très à la mode.

2025 pourrait être porteur au vu de la saison des prix aux États-Unis, où "Emilia Perez" de Jacques Audiard vient de décrocher quatre Golden Globes, souligne M. Pélisson. Quant à "Un p'tit truc en plus", carton de l'année en France, "il est vendu et commercialisé dans de nombreux pays même si les entrées ne sont pas encore là".

L'an dernier, l'Allemagne a été le pays le plus friand de productions françaises, avec 4,1 millions d'entrées. Et un effet "Anatomie d'une chute", la Palme d'or 2023 étant portée par une actrice allemande, Sandra Hüller.

La Russie, où les films américains ne sont plus officiellement diffusés depuis l'invasion de l'Ukraine, finit sur la deuxième marche du podium, avec 3,7 millions d'entrées. Les sanctions économiques occidentales à l'encontre de Moscou n'interdisent pas l'exportation de films français, même si certaines productions ont décidé de ne plus y diffuser leurs œuvres.

Russes francophiles

Le pays continue donc d'être un débouché important pour le cinéma français, qui y a fait, ces dix dernières années, entre 1 et 6 millions d'entrées annuelles. "Il y a un appétit de la population russe pour notre cinéma, beaucoup de Russes francophiles qui sont attirés par notre culture", explique Gilles Pélisson.

En la matière, les liens remontent à l'époque soviétique, développe pour l'AFP le critique de cinéma russe Maxime Erchov, qui souligne la popularité en leur temps des comédies avec Pierre Richard, Gérard Depardieu ou Louis de Funès.

"Après la disparition des blockbusters américains, (les distributeurs russes) achètent volontiers leurs films en France. Ils n'ont pas un énorme choix de pays". Cette année, les Russes ont apprécié "Le comte de Monte-Cristo" et attendent "avec impatience" le biopic de Saint-Exupéry, interprété par Louis Garrel, qui doit sortir dans le pays en février, ajoute-t-il.

"Le cinéma français en Russie a une position de niche mais stable", confirme Pavel Verechtchaguine, l'un des dirigeants du distributeur moscovite Central Partnership. "Il ne rivalise pas avec les blockbusters américains (diffusés avant 2022) ou les blockbusters russes" mais "attire son public", avec des vedettes très identifiées comme Jean Reno ou Vincent Cassel.

"Valérian et la Cité des mille planètes" (en 2017) et "Lucy" (en 2014), les deux derniers grands succès français en Russie, signés Luc Besson, avaient attiré chacun plus de trois millions de Russes en salles.

D'une manière générale, la nouvelle adaptation du "Comte de Monte-Cristo", avec Pierre Niney, succès en France qui avait été taillé pour fonctionner aussi à l'export, fait une belle carrière internationale. C'est le film le plus vu de l'année hors des frontières (3,3 millions d'entrées, 20,7 millions d'euros de recettes dans 54 pays), notamment en Belgique et au Luxembourg mais aussi en Bulgarie ou en Ukraine.

"Anatomie d'une chute" a continué d'attirer les cinéphiles du monde entier, avec 4,9 millions d'entrées depuis sa sortie, dont 3,2 millions l'an dernier. Sur la troisième marche du podium, "Le dernier jaguar", un film d'aventures familial qui n'a fait qu'un million d'entrées en France, a réuni 2,4 millions de spectateurs dans le reste du monde.

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