Bouillancourt-en-Séry

Le château se transforme

Alors que la toiture principale vient à peine d’être terminée, une nouvelle souscription est lancée pour transformer les écuries en restaurant d’insertion. Le lieu va accueillir dès le 1er mai des séminaires et proposera des chambres d'hôtes.


 Caroline Pirotais, Vincent et Fabienne de Lardemelle et Evrard de Nervo.
Caroline Pirotais, Vincent et Fabienne de Lardemelle et Evrard de Nervo.

Le projet de rénovation du château de Bouillancourt-en-Séry en tiers lieu lui a valu de retenir l’attention de la Fondation du Patrimoine puis de la Mission Bern. Sur 860 000 euros de travaux, la Mission Bern a en effet alloué à travers le Loto du patrimoine une enveloppe d’aide de 300 000 euros. La direction régionale des affaires culturelles finance, quant à elle, le projet à 40%. À cela s’ajoutent 30 000 euros de la Région Hauts-de-France et 20 000 euros de la Fondation Airbnb.

Un projet tourné vers l'humain

C’est un soutien essentiel pour Fabienne et Vincent de Lardemelle, qui ont eu un coup de cœur pour la bâtisse et ses bâtiments annexes. Alors qu'ils l’ont achetée en 2020, ils n'ont pas eu le projet d'y habiter - ils vivent à 7 km de là - mais d’en faire profiter les autres, avec des projets divers mais tournés vers l’humain, la terre et le patrimoine. « Nous sommes entourés d’une cinquantaine de bénévoles, explique Joseph Petit, pilote du projet de tiers lieu. Il y a tout d’abord bouillon de savoir qui rassemble des étudiants en histoire faisant des recherches sur le château qui vont créer un parcours de visite : "Bouillon de cuisine" qui est une expérience gastronomique nous avons d’ailleurs invité récemment le chef Sébastien Porquet installé à Eaucourt-sur-Somme, "Bouillon de printemps" qui proposera des expositions notamment dans le fruitier en cours de transformation, des festivals, des rencontres artistiques, des résidences d’artistes. »

Quant à l’épiSéry du bouillon, épicerie participative, elle a ouvert le 24 mars. On y trouvera des produits locaux comme les confitures et la viande de la famille Defacque à Vismes-au-Val, le miel de Mickael Dechepy à Embreville, les cafés et thés de la Brulerie d’Abbeville, des pommes de terre de Grégory Canaple, installé à Bouillancourt… « Et puis les légumes du bouillon potager de Kévin, le maraîcher du château qui sur près de 5 000 m² s’est lancé dans la permaculture. Il intervient dans deux entreprises du Vimeu : Delabie à Friville-Escarbotin et FTH Thirard à Fressenneville. Il peut également créer des jardins chez des particuliers », ajoute-t-il

Joseph Petit, pilote du projet de tiers lieu, dans l’epiSéry

Forteresse militaire au XIIIème dont les deux tours restantes sont en cours de rénovation, résidence seigneuriale au XVIIIème siècle, relais de chasse au XIXème, maison de famille au XXème siècle… le château de Bouillancourt-en-Séry s’apprête donc à vivre une nouvelle vie. Dès le 1er mai, il accueillera des séminaires. Quatre chambres d’hôtes avec sanitaires et trois chambres de bonnes dans un esprit Auberge de jeunesse seront disponibles.

L’écurie en plein bâchage.

Participation des entreprises

Dans la cour, des artisans s’affairent sur le toit d’un beau bâtiment. « L’écurie est en cours de bâchage car elle est très exposée, soulignent les propriétaires. En fonction du succès de la souscription auprès de la Fondation du patrimoine, nous en lancerons les travaux en septembre 2024 ou en septembre 2025. C’est un projet à 500 000 euros, pour que la Fondation du patrimoine suive il nous faut au moins 60 000 euros de dons privés… Le but est d’en faire un restaurant d’insertion. Nous allons prendre en charge toute l’installation technique. »

Ils ont déjà entamé des discussions avec des associations. « Le but est de créer une salle d’une trentaine de places au rez-de-chaussée, une terrasse donnant sur le potager de Kévin, deux salles privées à l’étage pouvant accueillir des séminaires. Ce projet est important pour nous car il concerne la réinsertion de personnes éloignées de l’emploi », soulignent ils.

Dans cette aventure, les propriétaires espèrent bien séduire des entreprises de la région. Environ 100 d’entre elles seront contactées par mail et chaque souscription est déductible à 60% de leurs impôts. Par ailleurs, un programme de contreparties a été mis en place. Par exemple, pour un don de 1 000 à 2 999 euros, leur logo sera visible sur le site Internet, une visite privée et commentée par les propriétaires du château est prévue de même que la mise à disposition du rez-de-chaussée du château durant quatre heures en semaine (du lundi au jeudi).

La toiture et la charpentes sont neuves. Les maçonneries notamment des cheminées ont été refaites.

En attendant, c’est un bouillon d’artisans qui prend soin de la demeure. Couvreur à Oust-Marest, Grégory Boclet a mobilisé trois ouvriers depuis septembre sur la toiture. « C’est un chantier de référence pour nous, qualifie-t-il. C’est très valorisant de passer après de grands artisans car la pose d’ardoises au clou en cuivre on n’en fait plus. » Caroline Pirotais, architecte des bâtiments de France à la DRAC, confie : « La maitrise d’ouvrage est très motivée, très impliquée. C’est un projet global porteur de sens. »

Et les propriétaires sont ravis de ces travaux. « Nous sommes impressionnés par la dynamique du chantier, suivi par l’agence d’architectes Brazier & Nervo d’Abbeville, confient avec simplicité Fabienne et Vincent Lardemelle. Nous pouvons compter sur une équipe incroyable qui n’est pas gâtée côté météo depuis le début du chantier. Ils avaient le sentiment de savoir que le bâtiment était en danger. La charpente et toiture étaient en si mauvais état qu’il y avait des bassines au grenier pour recueillir les eaux de pluie. Nous avions peur qu’une cheminée tombe. Nous sommes heureux de les voir travailler au quotidien et par tous les temps. Ils sont très attachés au monument cela nous touche beaucoup. »