Le canal Seine-Nord Europe, une stratégie logistique métropolitaine

Projet colossal de 107 km, le canal Seine-Nord Europe promet d’être un véritable hub stratégique. Beaucoup d’études ont été réalisées pour mener à bien ce projet. Le 25 novembre, celle concernant la stratégie multimodale a été présentée à la CCI Hauts-de-France.

Edouard Dequeker, professeur à la chaire d’économie urbaine de l’ESSEC. © Aletheia Press/E. Chombart
Edouard Dequeker, professeur à la chaire d’économie urbaine de l’ESSEC. © Aletheia Press/E. Chombart

Le canal Seine-Nord Europe (CNSE) promet de créer de la valeur ajoutée tout au long de ce corridor fluvial. Pour être sûr de son bon fonctionnement et de pouvoir en bénéficier, de nombreuses études ont été menées par l’ESSEC et certaines agences d’urbanisme comme celle de l’Artois (AULA) et celle de Lille Métropole (ADULM). L'une de ces études a été dévoilée aux principaux acteurs du projet le 25 novembre dernier à la CCI Hauts-de-France, avec l'objectif de valoriser le report modal vers la voie d'eau.

Le transport fluvial comme transport d’avenir ?

«C’est un sujet d’échelle, selon Edouard Dequeker, professeur à la chaire d’économie urbaine de l’ESSEC. Lille se situe au cœur de ce que l’on appelle une mégarégion ouest-européenne, autrement dit un tripôle, entre Paris, Londres, Rotterdam et Anvers.» Ce n’est pas à négliger puisque c’est un lieu stratégique du trafic international. Dans cette perspective européenne, le projet de liaison Seine-Escaut apparaît véritablement comme un maillon manquant dans l’Europe des échanges. «L’enjeu est de créer des alternatives au transport routier, qui est favorisé en France à 90%, avec notamment le ferroviaire et le fluvial.»

Les entreprises favorisent de plus en plus ces deux derniers moyens de transports, et ce, pour des flux de longue distance, massifiables et réguliers. Mais au-delà de son rôle pour l’agroalimentaire et l’industrie, le fluvial peut jouer un rôle majeur en matière de desserte des zones métropolitaines. Il pourrait notamment devenir une alternative aux camions, pour la desserte dans les villes, le transport des déchets, matériaux du BTP, vrac, colis… Ce que les trains ne pourraient pas accomplir étant donné le poids et la priorité accordée au flux de voyageurs.

Les plateformes multimodales de Nesle et Marquion

Outre ses 107 km, le CSNE permettra aussi d’accueillir des convois poussés de 185 m de longueur et 11,40 m de largeur, pouvant contenir jusqu’à 4 400 tonnes de marchandises. Sur ce tronçon, seules les plateformes de Nesle et de Marquion apparaissent capables de permettre une articulation des axes Nord-Sud et Est-Ouest. Nesle, notamment, présente une interconnexion avec l’axe Le Havre-Dijon, permettant ainsi de faire transiter des flux par le rail entre l’axe Seine et l’Axe Nord. Quant à Marquion, la plateforme offre également une interconnexion, mais cette fois avec l’axe Douai-Cambrai. 

Autre opportunité présente à Marquion : la possibilité de créer un second terminal Eurotunnel pour désengorger celui de Coquelles (qui n’utilise actuellement que 57% de sa capacité ndlr), maximiser le trafic fret, approfondir l’hinterland de Calais et fluidifier les échanges transmanche. Sur les quatre plateformes aujourd’hui prévues sur le Canal, ce sont les deux seules qui pourraient se transformer en multimodal d’ici à la fin des travaux du CSNE dans sept ans.