Le Calaisis fait du pied aux touristes britanniques
Depuis 2016, les initiatives de la Ville de Calais se multiplient pour promouvoir le territoire auprès des touristes britanniques. Et la méthode commence à porter ses fruits...
La stratégie de marketing territorial du Calaisis visait clairement le public britannique ces trois dernières années. La Ville s’est fendue d’une multiplication d’événements à destination des touristes anglais, depuis les concours lancés outre-Manche dont le lot était une visite de la cité des Six Bourgeois, jusqu’à l’inauguration d’une statue de Winston Churchill et du Général de Gaulle dans un des parcs de la ville, en passant par l’invitation de délégations anglaises à Calais. Tout a été mis en œuvre pour que les Britanniques se sentent à Calais comme chez eux…
Après la pluie, le beau temps
Calais revient de loin. Les Britanniques s’étaient peu à peu écartés du Calaisis au fur et à mesure des années, depuis l’arrêt du duty free jusqu’à l’arrivée de la crise migratoire. «Il fallait les faire revenir, témoigne Pascal Martinache, responsable du marketing territorial à la Ville. Pour cela, nous exploité deux axes : d’une part, une communication traditionnelle sur la partie événementielle, sur les animations estivales et hivernales ; d’autre part, une promotion dans les journaux britanniques, essentiellement dans le Kent (la région la plus proche du Calaisis, ndlr) pour susciter l’intérêt de la population britannique.»
Opérations de communication en série
Ainsi, dès septembre 2016, une délégation calaisienne s’était déplacée à Ashford pour rencontrer les personnalités du monde politique, économique et touristique pour affirmer l’identité du Calaisis malgré les difficultés que traversait le territoire : le camp de la Lande (autrement appelé la Jungle) n’était alors pas encore démantelé.
En février 2017, c’est une délégation britannique qui était accueillie dans la ville la plus peuplée du département. Une trentaine de chefs d’entreprise étaient reçus pour renforcer les liens qui s’étaient créés cinq mois auparavant et tendre une main au monde entrepreneurial sept mois après le référendum autour du Brexit. En mars, une quarantaine de représentants du territoire du Kent étaient invités à leur tour. Le 24 juin, un millier de citoyens britanniques tirés au sort parmi 4 000 à 5 000 participants faisaient la visite de la ville. «Natacha Bouchart, le maire de Calais, a tourné dans un clip promotionnel pour le territoire qui est passé sur ITV, chaîne anglaise, détaille-t-on du côté du service marketing territorial. À ce moment-là, les candidatures pour le concours ont explosé.» Ce jour-là, les statues de Winston Churchill et du Général de Gaulle ont été inaugurées dans le parc Richelieu : tout un symbole. Les heureux élus étaient «ravis» de leur séjour. L’occasion de profiter d’un bouche à oreille favorable.
Le retour des Britanniques ?
Ces derniers mois, on entend à nouveau parler anglais dans les rues de Calais. S’ils ne sont pas aussi nombreux qu’à l’époque du duty free, leur présence est remarquée, tout au moins de façon empirique. «En 2018, on estime à plus de 300 000 personnes les personnes qui sont venues à Calais lors de la saison estivale.» Un chiffre qui ne donne pas précisément le nombre de touristes anglais qui ont fait le déplacement, mais dont la Ville peut se réjouir : «Nous avons la volonté de proposer des animations de haut niveau. Entre le dragon Long Ma, qui a défilé dans les rues de Calais en 2016, et l’exposition China Light qui s’est installée dans le parc Saint-Pierre, en face de la mairie, cet hiver, nous voulons faire passer le message que Calais mérite mieux. Nous sommes capables de faire de très belles choses.»
De son côté, l’Union des métiers de l’industrie hôtelière pondère ce chiffre. « Il a fait beau lors de l’été 2018 et il y avait des événements, c’est très bon pour le tourisme, détaille Pierre Nouchi, président régional de l’UMIH. De notre côté, nous avons essayé de recruter l’été dernier, même s’il est compliqué de trouver de la main-d’oeuvre.» Quant à un retour des touristes britanniques, le restaurateur est pour sa part plus prudent : «Après la crise migratoire, il est vrai qu’on a vu revenir les Britanniques. Mais c’est aussi dû à notre situation géographique. S’ils ont besoin de venir, ils viennent. La fréquentation en 2018 était plutôt normale par rapport aux autres années, il n’y a pas d’évolution flagrante.»
Quoi qu’il en soit, désormais la Ville concentre ses efforts sur la communication autour du dragon géant qui devrait prochainement s’installer sur le front de mer – un nouveau clip promotionnel a été diffusé récemment sur les réseaux sociaux. Une opération à suivre, qui pourrait amener d’autres publics encore…