Le baromètre Manpower place notre région «en bonne forme», malgré des disparités

Dans son baromètre économique trimestriel, Manpower indique que 29% des entreprises des Hauts-de-France anticipent une hausse de leurs effectifs d’ici la fin de l’année. Un chiffre plutôt bon qui cache de fortes disparités, entre l’industrie, en plein renouveau grâce, notamment, à la mobilité électrique et à la décarbonation et le bâtiment, qui souffre d’une baisse drastique de la construction neuve en raison de la hausse des taux d’intérêts.

D'après le baromètre économique Manpower, le secteur de l'agroalimentaire se porte très bien dans les Hauts-de-France en 2024.
D'après le baromètre économique Manpower, le secteur de l'agroalimentaire se porte très bien dans les Hauts-de-France en 2024.

29% des entreprises des Hauts-de-France comptent embaucher d’ici la fin de l’année 2024. C’est 21 points de moins que l’année dernière à la même époque mais «cela reste un très bon chiffre», temporise Patricia Patrelle, directrice régionale Nord et Est de Manpower, «car sur cette période on a détruit beaucoup moins d’emplois, le solde net est donc positif. L’intérim est très dynamique actuellement. C’est un indicateur fiable pour mesurer la santé économique d’un territoire».

Toutefois, ce chiffre globalement bon cache de fortes disparités. «Si la région concentre une très forte activité économique, il est clair, par exemple, que la Picardie est moins dynamique que le reste de notre territoire», souligne-t-elle. «Et que tous les secteurs d’activités ne sont pas égaux».

Ainsi, le secteur automobile, en pleine mutation avec le passage de la motorisation thermique à l’électrique, voit sa production fortement diminuer. Dans le même temps, les usines géantes de production de batteries électriques - Envision à Douai ; Verkor et ProLogium à Dunkerque - et toutes celles attendues pour fournir l’amont et l’aval de «la vallée de la batterie» qui se met en place en Hauts-de-France ne sont pas encore entrées en production. «Le secteur de l’automobile est un peu dans une cuvette actuellement», explique Patricia Patrelle, qui alerte également sur les énormes besoins à venir en main d’œuvre qualifiée que va générer le secteur à court et moyen termes. «Dans la robotique, dans la maintenance industrielle et dans l’intelligence artificielle, notamment. Avec le souci que tout le monde va quasiment recruter en même temps. Vouloir recruter des techniciens de maintenance avec au moins 10 années d’expérience va très vite devenir problématique. Et aller chercher chez les autres ce que l’on ne trouve pas en faisant, au passage, de substantielles augmentations de salaire va très vite aussi atteindre ses limites», pronostique Patricia Patrelle, qui se satisfait, dans ce contexte, de la très bonne santé du secteur de la formation dans les Hauts-de-France. «C’est une chance car il va falloir former, former et encore former. Pour travailler régulièrement avec des partenaires dans la France entière, je peux vous dire que toutes les régions ne sont pas aussi densément équipées en centres de formation, en lycées et en universités », insiste-elle. «Profitons-en !».

Le secteur de la rénovation énergétique en grande forme

Dans les autres secteurs, le baromètre souligne la bonne santé du secteur de l’agroalimentaire, très présent dans les Hauts-de-France, et notamment à Boulogne-sur-Mer pour la transformation du poisson et de ceux du service à la personne et de la restauration. «En tant que recruteurs, nous sommes de plus en plus sollicités sur les métiers d’auxiliaires de vie, par exemple» note la directrice régionale.

En revanche, deux secteurs tirent la langue : la grande distribution et plus particulièrement les secteurs du vêtement et de la chaussure, très fortement concurrencés par le e-commerce, mouvement qui s’est très clairement accéléré avec la crise sanitaire de 2020-2021. Mais aussi le bâtiment, très impacté par la hausse des taux d’intérêt qui a fait plonger le secteur de la construction neuve. «Il faut toutefois nuancer», précise Patricia Patrelle. «La crise touche très fortement les entreprises de gros œuvre, car il n’y a plus assez de mises en chantier». En revanche, les entreprises de second œuvre sont portées par la bonne santé du secteur de la rénovation, et plus particulièrement de la rénovation énergétique. «Sur ce créneau, les entreprises embauchent sur des métiers techniques et des métiers nouveaux, comme la pose de panneaux solaires, par exemple. Là, encore, il y a urgence à former. Chez Manpower, par exemple, nous savons que les besoins en recrutement seront deux fois supérieurs à ceux que nous pourrons fournir», alerte Patricia Patrelle.