Laurent Sicard crée l’authentique

Le parcours de Laurent Sicard a tout d’atypique. Aujourd’hui, le couturier nancéien met son talent et son côté artistique au service de la création pour les femmes, entre robes et accessoires de mode. Du haut de gamme pour s’habiller lors d’une soirée de gala, un rallye mondain, un événement de la vie, une sortie à l’opéra. La marque No Clone s’affiche avec élégance.  

Certains diront de la trajectoire de Laurent Sicard qu’elle est tortueuse : «J’aime être là où on ne m’attend pas», assure le couturier, installé à Nancy… chez lui. Dans le quartier Bonsecours, sa porte ouvre sur une galaxie minimaliste et surprenante. Ici, des plumes d’autruche, là un ramage de paon, du tissu et encore du tissu. Des robes finies ou en confection semblent nouer un étrange dialogue. Dans ce havre de paix, à peine troublé par le bruissement des feuilles d’un arbre d’un proche jardin, Laurent Sicard exerce avec méticulosité sa profession. Si le créateur aime écouter son esprit vagabond le guider dans ses réalisations, il est d’abord pro jusqu’au bout des doigts. Laurent Sicard est natif de la cité de Stanislas, inspiré depuis enfant par la nature, l’Art nouveau de l’École de Nancy : «J’aurais pu aussi bien être peintre, musicien, sculpteur…», se souvient-t-il. Il se dirige vers le lycée de Tomblaine, aujourd’hui Marie Marvingt, pour y obtenir un CAP montage et un BEP coupe. C’était en 1986. Son premier poste, il le trouve à Maxéville, dans l’industrie de l’habillement, où on lui enseigne la conception. Puis, il traverse la Manche pour s’installer à Londres. Au cœur de la City, l’une des capitales mondiales de la mode, il mène une vie à la Gavroche, se nourrissant de sa soif de liberté et de petits jobs.

Des modèles uniques et personnalisés

 De retour en France, on le verra chargé d’entretien en bâtiment dans un foyer social puis vendeur en téléphonie, de Metz à Nancy à Remiremont jusqu’à Bergerac. En Dordogne, il a la révélation : «Peut-être la crise de la quarantaine ! J’ai eu cette prise de conscience de vouloir vivre pour moi-même. J’ai lancé ma marque : No Clone. L’idée était de réaliser des modèles uniques et personnalisés de robes pour sublimer celles qui les porteraient. En 2011, je suis revenu à Nancy». Depuis, il a fait grandir son réseau, développé sa notoriété, exposé dans plusieurs boutiques sur la place nancéienne et séduit une clientèle charmée par ses créations originales. Il y a dans ses modèles, confectionnés à partir de coupons de tissu, suivant leur dimension, avec une harmonie de couleurs, une grande légèreté dans les courbes. Aux côtés des vêtements, Laurent Sicart propose aussi des sacs, ceintures, colliers, bracelets brodés. La question lui est posée : «Tout cela pour quels événements ?» Lui de répondre : «Chacun peut se créer son événement !» L’histoire de Laurent Sicard aurait pu commencer par Il était une fois… Formé en autodidacte à la broderie de Lunéville, il s’évertue à ennoblir les matières utilisées avec des perles, des paillettes. De son étoile d’artiste, il n’est pas prêt de redescendre. Prochainement, il va ouvrir sa propre boutique au 107 Grande-Rue, en face de la chapelle des Cordeliers, près de la porte de la Craffe. Ecarquillant les yeux, ce gourmand de la vie, lâche : «Là, je réalise mon rêve». La passion lui a dessiné un bien joli chemin.