Laurent Cardon, un président connecté aux nouvelles technologies

Laurent Cardon, 61 ans, vient d'être élu président de la chambre d'agriculture de l'Aisne. Longtemps numéro 2 au cours de son long parcours syndical, cet agriculteur de Remaucourt, près de Saint-Quentin, prend donc le premier rôle et succède à Jean-Yves Bricout. Il entend aider les agriculteurs à passer à la transition numérique avec l'intelligence artificielle et les faire entrer dans une nouvelle ère.

Laurent Cardon, nouveau président de la chambre d'agriculture de l'Aisne. (c) Marie-Line Waroude
Laurent Cardon, nouveau président de la chambre d'agriculture de l'Aisne. (c) Marie-Line Waroude

«J'ai toujours été le second, l'homme de l'ombre et celui qui développe», admet Laurent Cardon. Fort d'un parcours syndical «assez dynamique» qui l'a vu s'investir chez les Jeunes agriculteurs, au syndicat agricole de Saint-Quentin ou encore à la chambre régionale d'agriculture Hauts-de-France, il est désormais le nouveau président de la chambre d'agriculture de l'Aisne. Convaincu par le numérique, il souhaite aider les agriculteurs à s'emparer de ces techniques. «J'ai beaucoup travaillé avec les instituts de recherche, j'apprécie l'aspect technique de ces structures comme Agro-transfert, Arvalis. Ce sont des domaines où je vois l'avenir de l'agriculture et j'arrive à projeter ma vision de l'agriculture de demain dans le numérique, les nouvelles technologies, la biotechnologie, explique-t-il. Il faut faire en sorte que ces outils contribuent à une agriculture de solution». 

Le nouveau président prend pour exemples les outils embarqués dans les tracteurs, les GPS et les dispositifs permettant d'apporter une précision et des économies d'échelles sur les intrants. Croyant à ces technologies, il avait fondé l'association Agriculture connectée en Hauts-de-France, et il continue de compter sur une quinzaine d'agriculteurs dans le département pour collecter et analyser des données, restant en veille et en alerte sur ces sujets. «L'intelligence artificielle peut combler des manques. Si vous allez aujourd'hui à la pharmacie, une machine est capable de vous dire ce que vous avez et va envoyer ces données à votre médecin, il faut arriver à faire la même chose pour les plantes et la prise de température chez l'animal, image-t-il. Ces outils sont à vulgariser». 

Attirer des usines agro-alimentaires 

Si Laurent Cardon est là pour «appliquer la politique du syndicat» qui l'a élu, à savoir la FNSEA, il se fixe encore comme priorités de son mandat d'avoir un véritable rôle consulaire et économique en développant les relations et partenariats avec les autres acteurs : l’État, la CCI, la chambre des métiers et de l'artisanat, les collectivités locales. Avec l'objectif affiché de favoriser l'arrivée d'usines de transformation notamment dans le domaine de l'agro-alimentaire. «Dans l'Aisne, nous avons le minerai mais nous n'avons pas la transformation et les dernières usines s'installent plutôt en périphérie du département mais pas chez nous, illustre-t-il. Nous avons des outils de transformation de premier niveau comme à quelques kilomètres de Laon, on lave les pommes de terre et les carottes et cela part en Espagne. L'Aisne a pourtant des atouts avec des axes routiers qui ont été bien améliorés, de la main-d’oeuvre disponible alors il faut trouver comment provoquer l'attractivité. Cela passera par une dynamique collective et par la valorisation des métiers de l'agriculture». 

Des assises départementales de l'agriculture 

Le nouveau président entend proposer un marqueur fort en organisant prochainement des assises départementales de l'agriculture. Un moment dont il entend profiter pour dresser une photographie du territoire, entendre les agriculteurs et pouvoir définir un plan d'action. «Il nous faut parler d'un tronc commun, travailler pour avoir un poids à Paris comme à Bruxelles et vanter ce qu'on fait de bien : nous produisons 10% du champagne, nous sommes champions de petites filières comme les fruits rouges», appuie le président, qui ne manque ni d'idées ni d'enthousiasme à l'orée d'investir sa nouvelle fonction.

L'Aisne décroche le salon Innov-Agri

Le salon Innov-Agri, organisé par le groupe NGPA, et d'envergure nationale, aura lieu les 4 et 5 juin à Essigny-le-Grand. Les agriculteurs pourront découvrir les dernières innovations et assister à des démonstrations grandeur nature, tester de nouvelles pratiques et échanger avec des experts. 15 000 personnes et 150 exposants sont attendus pour cette première édition axonaise. Ces deux journées à Essigny-le-Grand s'organiseront autour de quatre grands villages thématiques : climat, gestion de l'eau et du sol ; nouvelles sources de revenus agronomiques à travers la diversification et l'optimisation des productions agricoles ; les nouvelles technologies ; l'emploi et la formation.

Le salon Innov-Agri aura lieu dans l'Aisne en juin.