Prévention
Laetitia Burckhart : le visage de l’Apesa en Moselle
Vice-présidente de l’Union des entreprises de Moselle et gérante de la société Impretex, Laetitia Burckhart vient de prendre la tête du dispositif Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) qui est opérationnel en Moselle depuis quelques jours. Rencontre et explications avec une dirigeante convaincue.

La Moselle vient de se doter du dispositif Apesa, rappelez-nous le rôle de cette association nationale née en 2013 de la rencontre entre un greffier du Tribunal de commerce de Saintes et un psychologue clinicien.
L'Apesa vise à apporter une aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë, quand ils rencontrent des situations problématiques qui les mettent en danger et les isolent. Nous allons nous appuyer sur un maillage de sentinelles et de psychologues avec la possibilité d’un accès à cinq séances gratuites pour les chefs d'entreprise fragilisés. En Moselle, l’association vient d’être créée par sept membres fondateurs représentant des fédérations patronales ; l’Union des entreprises de Moselle, l’U2P 57, la CGPME 57 , la Chambre de commerce et d’industrie 57, la chambre de métiers et d’artisanat 57, l’ordre des experts-comptables du Grand Est, l’association 60 000 Rebonds Grand Est et la fédération du BTP 57. Tous se sont mis autour de la table avec un même constat : il fallait agir pour prendre en compte la souffrance psychologique des chefs d’entreprise.
Pourquoi vous êtes-vous engagée personnellement ?
Je suis vice-présidente de l’Union des entreprises de Moselle et, comme tant d’autres, je sais que de plus en plus de chefs d’entreprise se sentent seuls. Il existe des soutiens financiers, au niveau de la comptabilité mais rien n’était proposé sur notre territoire pour la souffrance psychologique. Dans le même temps, les Tribunaux de commerce formulent la demande de se saisir de cette problématique. Il nous fallait combler cette carence en Moselle. J’ai porté ce dossier depuis près d’un an, j’ai donc pris naturellement la présidence, mais chaque membre fondateur est engagé, je tiens à le rappeler. Ce sera un travail d’équipe.
Quels sont vos objectifs pour que le dispositif soit le plus vite opérationnel sur le terrain ?
Il va nous falloir avoir le plus de sentinelles sur tout l’ensemble du territoire et pas seulement sur l’axe Metz-Thionville. On ne doit oublier personne et notamment la Moselle Est. Ce sera le premier défi de trouver des personnes bénévoles et surtout, sensibles, à l’écoute qui seront évidemment formées. Idéalement ces Sentinelles devraient être au contact quotidien des dirigeants, ça peut être un comptable, un chargé de compte dans une banque, un mandataire judiciaire, un avocat… je lance un appel à tous ces professionnels qui gravitent autour des entrepreneurs. L’autre enjeu sera de faire connaître ce dispositif encore méconnu. Nous allons prendre nos bâtons de pèlerin.
Vous créez ce dispositif en Moselle dans un contexte international et économique troublé. Est-ce un hasard ou une réponse à cet environnement incertain ?
C’est un concours de circonstances car ça fait une petite année que nous travaillons en amont pour mettre autour de la table tous les acteurs concernés et monter le projet. Il ne faut pas non plus aller trop vite car nous allons devoir trouver des financements sachant que chaque alerte et chaque suivi coûtent 450 euros à l’association. Nous allons monter en puissance en 2025. Je veux simplement dire aux dirigeants de ne pas rester seuls en cas de difficulté psychologique, car nous pouvons tous être concernés un jour ou l’autre, personne n’est à l’abri.