Lors de la visite de la ministre de l’Industrie
La Sambre-Avesnois demande à Agnès Pannier-Runacher davantage de soutien
La ministre de l’Industrie a proposé aux élus de la Sambre-Avesnois de se réunir, ce 21 janvier, pour évoquer la situation et l'avenir du territoire, au moment même où elle annonçait que cinq nouveaux projets du Hainaut-Cambrésis bénéficieraient du plan France relance.
«Pourquoi on a sauvé MCA ? Parce que c’est la meilleure usine Renault de France. Ce n’est pas moi qui le dis mais le patron du groupe, pointe Bernard Baudoux, maire d’Aulnoye-Aymeries et vice-président de la communauté de communes du Pays de Mormal, lors de la table ronde. Il ne faut pas oublier que les gens d’ici aiment l’industrie. C’est notre histoire, et le renouvellement industriel, nous le voulons. Nous y sommes prêts.» Agnès Pannier-Runacher opine. Elle est venue dans le Nord pour apporter un peu de souffle à l'économie. Aux trois projets déjà bénéficiaires dans le Hainaut-Cambrésis du plan France relance - ceux de Nidaplast-Honeycombs et Eoda -, viennent s’ajouter dans l’Avesnois Eurocave à Fourmies et Ort solutions premium à Louvroil, et trois autres dans le Valenciennois : Spac à Neuville-sur-Escaut, le Centre d’essais ferroviaires de Petite-Forêt et Log’s à Denain. «Nous leur apportons plus de 3 millions d’euros de subventions, souligne la ministre de l’Industrie, pour leur permettre de diversifier leur activité, se moderniser, accélérer leur transition écologique, mais aussi de créer 465 emplois et en pérenniser 380.»
«On a besoin d’aides économiques dérogatoires»
«Nous ne sommes pas n’importe quel territoire, rappelle Benjamin Saint-Huile, maire de Jeumont et président de la communauté d’agglomération Maubeuge-Val de Sambre. Notre territoire a conduit Emmanuel Macron à venir ici il y a deux ans signer le pacte pour la réussite de la Sambre-Avesnois-Thiérache.» C’est aujourd'hui un des plus pauvres de France... Le président de la République, pour l’aider à se remettre sur pied, s’engageait en novembre 2018 à y améliorer la mobilité, à faciliter l’accès au numérique, à accélérer la troisième révolution industrielle. «Je souhaite que l’Etat confirme qu’il nous reconnaît comme un territoire particulier qui a davantage de besoins. Si vous ne nous aidez pas, nous n’y arriverons pas seul.» Il donne des exemples. Graham Packaging veut quitter Feignies. «On la retient, mais il nous reste 170 000 euros à trouver. On n’y arrive pas alors qu’il y a 80 emplois en jeu. On a besoin d’aides économiques dérogatoires», tance l’élu. «Mes projets, comme j’ai peu de moyens, je ne peux les réaliser que s’ils sont financés à hauteur de 80%, reconnaît quelques minutes plus tard Arnaud Decagny, le maire de Maubeuge. J’ai déposé des projets pour faire travailler le tissu local, mais combien vais-je avoir d’euros ? Ce n’est qu’en fonction de ça que je saurai quel est le niveau d’accompagnement que je vais pouvoir offrir à l’emploi local.» Agnès Pannier-Runacher leur répond : «Nous allons débloquer de l’ingénierie et des crédits supplémentaires. D’ailleurs, un sixième projet soutenu est dans les tuyaux.»
La formation, au coeur des réflexions
«A Avesnes-sur-Helpe, le taux de pauvreté est de 38%, embraye la députée Anne-Laure Cattelot. Notre population a besoin de travail. L’offre de formations de qualité n’est pas assez présente chez nous. Nous avons ici une filière métaux et acier d’excellence, mais pas de formations à ces métiers.» «La formation, c’est quelque chose qui m’obsède, confie Agnès Pannier-Runacher. Je pense que c’est la mère des batailles. Beaucoup d’entreprises industrielles disent de leur côté qu’elles n’arrivent plus à recruter des techniciens de maintenance, des opérateurs, des conducteurs de ligne. Il faut mettre tout le monde autour de la table pour en parler. La Région a l’ingénierie, le recul et les moyens pour faire ces opérations.» Elle regarde Xavier Bertrand à sa droite. Il y travaille. Il aimerait que les lycées accueillent ces formations. Il a une réunion de travail très prochainement sur ce sujet.
«L’emploi est pour nous un impératif, poursuit le président des Hauts-de-France. La Sambre-Avesnois est un territoire qui tient parce que les élus tiennent. Ils font des miracles avec des allumettes. Vous êtes là, Madame, pour montrer que le plan de relance est de qualité. Moi, je suis là pour Vallourec.» Les élus locaux et régionaux ont conditionné leur participation à la table ronde d’Agnès Pannier-Runacher à sa visite de l’entreprise qui a annoncé, en novembre, la suppression de 130 emplois dans le Nord. «Les négociations sont en cours, leur a-t-elle annoncé. Il y en a une sur le PSE qui est accompagnée par le ministère du Travail, une autre sur la restructuration financière. Un accord pourrait être trouvé dans les prochains jours. Ce qui est important, c’est de sécuriser la restructuration financière. Il faut aussi continuer à travailler leur projet. Nous les incitons à construire quelque chose de solide.»