La Réunion en alerte avant l'arrivée du cyclone Garance

Dans la cohue d'un supermarché de La Réunion, Franck Vitry pousse du pied un pack de huit grandes bouteilles d'eau minérale. Comme des milliers d'habitants, il fait des provisions avant le passage du cyclone Garance sur l'île française...

Météo-France suit l'évolution du cyclone "Garance" à l'approche des de l'Ile en alerte, rouge, à Saint-Denis de la Réunion, le 27 février 2026 © Richard BOUHET
Météo-France suit l'évolution du cyclone "Garance" à l'approche des de l'Ile en alerte, rouge, à Saint-Denis de la Réunion, le 27 février 2026 © Richard BOUHET

Dans la cohue d'un supermarché de La Réunion, Franck Vitry pousse du pied un pack de huit grandes bouteilles d'eau minérale. Comme des milliers d'habitants, il fait des provisions avant le passage du cyclone Garance sur l'île française de l'océan Indien et sa voisine, l'île Maurice.

À 12H00 (09H00 à Paris), le phénomène était encore à 270 km des côtes réunionnaises. Selon Météo France, son passage au plus près de l'île est attendu vendredi matin, mais l'alerte rouge sera déclenchée jeudi dès 19H00, interdisant toute circulation et imposant un confinement strict.

Autour de Franck Vitry, des dizaines d'autres clients habitués aux alertes cycloniques prennent leurs précautions dans ce supermarché du Port (ouest). "Je me suis dit que j'avais le temps de faire mes courses, mauvaise pioche", soupire ce père de famille.

"Ça m'a pris 30 secondes pour prendre mon pack d'eau, et là, ça fait 10 minutes que j'attends en caisse!", poursuit le père de famille.

Partout, les chariots débordent de packs d'eau, de bougies, de piles et de boîtes de conserve. À Saint-Denis, le chef-lieu du département, Maryvonne Laurent, 36 ans, pousse son caddie entre les rayons, ses deux fils de 4 et 7 ans sur les talons.

"J'ai pris des rouleaux de pâte feuilletée surgelée, des œufs et du sucre pour faire de la pâtisserie et occuper les enfants pendant l'alerte rouge", explique-t-elle. 

Georges, un autre client qui ne donne que son prénom, respecte lui une tradition bien ancrée. "J'ai acheté de l'eau, des oeufs et une demi-douzaine de boîtes de sardines à l'huile. Il faut bien respecter la tradition", plaisante-t-il, la salade de sardines agrémentée d'oignons hachés et de piment étant un classique des confinements cycloniques réunionnais.

Le temps est encore calme, mais les premières averses ont commencé à tomber en début d'après-midi sur Saint-Denis, dans le nord de La Réunion. 

C'est sur cette zone que Garance devrait toucher terre, selon Météo France. Une nette détérioration des conditions météorologiques est attendue dans la soirée.

Ports à l'arrêt, vols suspendus

Sur le port de Sainte-Marie, près de Saint-Denis, les pêcheurs s'activent depuis la veille. "Hier (mercredi)avec les autres pêcheurs, nous avons hissé toutes les barques bien en sécurité, loin de l'eau", raconte l'un d'eux, occupé à ranger ses filets sous un abri.

Au port marchand de la Pointe des Galets, les activités portuaires ont cessé dès mercredi après-midi. L'aéroport de La Réunion a lui fermé ses portes jeudi matin, interrompant toutes les arrivées et départs.

"On a vraiment eu peur de ne pas pouvoir partir hier soir (mercredi)", souffle une jeune passagère qui ne donne pas son nom, à l'arrivée d'un des derniers vols en provenance de Paris. "Notre vol a été avancé, il a fallu s'adapter en catastrophe, c'est beaucoup de stress mais finalement on y est arrivé", commente-t-elle.

L'aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam de l'île touristique de Maurice, distante de 200 km, avait suspendu ses vols dès mercredi.

Une alerte de niveau 3 a été émise par Maurice, avec des rafales jusqu'à 70 km/h "qui se renforceront au cours de la journée", selon les services météorologiques de Port-Louis. 

Le cyclone "s'approche dangereusement de Maurice et constitue une menace directe pour l'île", ajoute le bulletin, précisant que des inondations sont attendues.  

Pour les agriculteurs de La Réunion, la tempête représente une menace directe. À Étang-Salé-Les-Hauts, dans le sud de l'île, Jean-Christophe Hoareau retire, la mort dans l'âme, les bâches de ses serres. Il sait que ses concombres ne résisteront pas.

"Le sentiment d'être impuissant, de ne pas savoir si ça va résister", dit-il. "À chaque fois, on perd nos cultures parce qu'on ne prend pas le risque. On sauve notre structure, c'est notre outil de travail principal".

Malgré l'intensité du phénomène, la préfecture de La Réunion n'envisage pas, à ce stade, de passer en alerte violette, dernier niveau du dispositif. Celui-ci impose un confinement total, y compris pour les forces de l'ordre et les secours.

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