Amnéville

La reprise du pôle thermal, symbole des ambitions de la Moselle Nord

Le pôle thermal d'Amnéville, vecteur d’attractivité du Grand Est et de la Lorraine, a été officiellement repris par le groupe Arenadour. Ce site historique prend un nouveau départ. Au-delà de son propre élan, c’est assurément un élément majeur de développement pour l’espace régional. Santé publique, tourisme et économie trouvent ici un dénominateur commun. Dans cette opération, les décideurs ont actionné un levier décisif : l’union pour l’avenir d’un territoire.

Le pôle thermal d'Amnéville représente un vecteur d'attractivité à optimiser. (c) Destination Amnéville.
Le pôle thermal d'Amnéville représente un vecteur d'attractivité à optimiser. (c) Destination Amnéville.

Hier matin, l’atmosphère était à la solennité à l’E-Max Event Factory, sur le parvis de l’Image d’Amnéville. La Cité des Loisirs était le théâtre d’un événement majeur. Certains diront d’un acte fondateur. Effectivement, le terme n’est pas trop fort. Car, c’est bien un nouveau départ que prend le pôle thermal, après des années de doutes et un avenir longtemps en pontillés. La présence du président du groupe Thermal Arenadour, Michel Baqué, et des élus du territoire, Patrick Weiten, président du département et de Moselle Attractivité, et Éric Munier, maire d’Amnéville et président de la Société Publique Locale Destination Amnéville, en tête, symbolisait une unité commune autour d’un projet phare. Avant de se pencher sur l’avenir, faisons un petit détour par le passé. En 1981, le ministère de la Santé donnait son aval pour exploiter la source Saint-Éloy. Cinq ans après, la station thermale était inaugurée. Elle ouvrait ses portes à ses premiers curistes.

Des temps difficiles

En 2021, le pôle thermal d’Amnéville, ce sont trois établissements : la Cure Saint-Éloy, la Villa Pompéi et Thermapolis. Les visiteurs peuvent bénéficier d’un espace de balnéothérapie dédié aux soins du corps, d’un centre de loisirs et de sports aquatiques. Les retombées pour cette parcelle géographique de la Moselle sont importantes. Pourtant, cette pierre angulaire de l’attractivité amnévilloise devait retrouver un second souffle, menacée un temps de liquidation judiciaire. Cela aurait constitué une onde de choc certaine et une perte colossale pour la ville et son périmètre. Pour tout dire, un gâchis. La réalité était là, tel un mur. L’activité avait été mise en vente en début d’année. Les difficultés financières avaient été de plus impactées par les pertes liées à la pandémie. La fréquentation, toujours à l’arrêt, a été divisée par trois, avec 200 000 visiteurs en 2020, contre quelque 600 000 habituellement.

«Joyau de l'Est»

Pour éviter l’issue fatale, les décideurs se sont réunis pour trouver une solution de sauvegarde d’abord, une pérennisation ensuite. La foi en un territoire, la force de conviction, le volontarisme et une vision claire ont été partagés, au fil de longues sessions de travail, de rencontres, d’études. À la manœuvre, la SPL Destination Amnéville, le cabinet d’audit PwC, l’association du Pôle Thermal. Critères pour le choix du repreneur : le maintien des emplois, la poursuite et le développement du pôle thermal et les impacts pour Amnéville. En ce mois de février, le groupe thermal Arenadour, expert de son domaine depuis plusieurs décennies, lequel gère six établissements thermaux autour de Dax et dans le Sud-Ouest, devient le gérant du site. Son président, Michel Baqué, face à son auditoire mosellan, a eu des mots teintés de pragmatisme, décrivant un projet «s’inscrivant dans le temps long, pour bien faire les choses.» Qualifiant le pôle thermal de «joyau de l’Est», il a affirmé son intention de travailler rapidement, avec les collectivités, dont plusieurs sont actionnaires de la Société publique locale et les acteurs de la chaîne du thermalisme. Cela passera en premier lieu par une nécessaire rénovation du site. Le groupe Arenadour investira là pas loin d’un million d’euros chaque année.

Voir loin et ensemble

Le président du département, Patrick Weiten, soulignait, lui, les résultats obtenus reposant «sur une démarche commune sur un territoire symbolique, une union fondamentale, des valeurs et d’un état d’esprit européens.» Rappelant que le pôle thermal lie santé publique, tourisme, économie. Sur le volet financier, le groupe Arenadour versera à la SPL le loyer du pôle thermal et plus de 6 millions d’euros pour apurer la globalité des dettes. Cela permettra à l’association du pôle thermal de faire une liquidation amiable et non pas judiciaire, et de s'acquitter auprès des petits créanciers. Les élus l’ont rappelé au E-Max Event Factory, l’autre matin. L’aventure du pôle thermal, c’est d’abord l’aventure d’hommes et de femmes. Une belle histoire et un remarquable investissement humain. C’est la raison cardinale pour laquelle le groupe Arenadour a préservé les 277 emplois de la cure Saint-Éloy, de la Villa Pompéi et de Thermapolis. Jackie Helfgott, conseiller régional Grand Est et président de la commission Tourisme, décrivait toutes les potentialités de la filière thermale, la voyant comme «un vecteur de développement du tourisme durable et du bien-être.» Dans un allant cordial, il souhaitait à Michel Baqué «la bienvenue sur notre terre lorraine et du Grand Est.» Lionel Fournier, lui emboîtait le pas, parlant des similitudes entre les caractères landais et lorrains. Sur un plan économique, le président de la communauté de communes Pays Orne-Moselle voyait dans ce projet amnévillois, l’incarnation du dynamisme du nord mosellan, via la restructuration de son patrimoine ouvrier, autour, souvent de la transition énergétique et écologique.

Développer la notoriété

Julien Freyburger, président de la communauté de communes Rives de Moselle dégageait une leçon de ce travail partenarial abouti et ouvrant les portes du futur : «Quand les volontés s’associent, quand on œuvre tous ensemble, on y arrive. Ne dit-on pas ? Là où il y a une volonté, il y a un chemin.» Eric Villebrun, président de l'association du Pôle Thermal, abondait dans ce sens. Les maires de Marange-Silvange, Yves Muller, et d’Hagondange, Valérie Romilly, étaient aussi partie prenante dans la démarche. L’histoire, toujours elle, tant porteuse de leçons et source de progrès, a parfois de bien curieuses circonvolutions. Il y a 40 ans, la genèse du pôle thermal était enclenchée. Quatre décennies plus tard, il s’ouvre à de nouvelles ambitions. Michel Baqué le rappelait : «90 % des visiteurs venant sur le site amnévillois sont des curistes locaux.» Accroître la notoriété, séduire de nouveaux visiteurs, hexagonaux et autres : un challenge. L’union est la fondation de sa réussite future. L'un des intervenants notait : «Le Mosellan est accueillant et travailleur.» Deux authentiques qualités assurément, de celles qui font parcourir un long chemin et font se réaliser les plus grands défis.