La Région vise «au plus tôt» les 50 000 apprentis

Placer la barre à 50 000 apprentis d'ici cinq ans dans les Hauts-de-France : l'objectif est peut-être ambitieux, mais pas irréaliste. Le Conseil régional mobilise pour réussir ce défi. Première réponse à la rentrée de septembre.

Ils sont plusieurs à être intervenus pour témoigner de l'intérêt de l'apprentissage, ici Alain Griset, président de la CMAR Nord – Pas-de-Calais – Picardie.
Ils sont plusieurs à être intervenus pour témoigner de l'intérêt de l'apprentissage, ici Alain Griset, président de la CMAR Nord – Pas-de-Calais – Picardie.

 

D.R.

Quelque 450 personnes ont participé au temps d'échanges organisé au Conseil régional sur le plan Apprentissage.

 

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Ils sont plusieurs à être intervenus pour témoigner de l'intérêt de l'apprentissage : ici Alain Griset, président de la CMAR Nord – Pas-de-Calais – Picardie.

Deux heures après avoir posé la première pierre de l’antenne de l’Université régionale des métiers et de l’artisanat (URMA) de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat (CMAR) sur les communes de Bruay-sur-l’Escaut et de Saint-Saulve, Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, et son vice-président chargé de l’apprentissage, Sébastien Huyghe, ont présenté, le 8 juin 2016, à quelque 400 des partenaires de la Région «l’ambition pour l’emploi» du plan régional pour l’apprentissage. Des partenaires venus de toute la région, de la métropole lilloise certes, mais aussi de Beauvais, de Compiègne. Des directrices et directeurs des centres de formation d’apprentis, membres des réseaux consulaires, services de l’État, responsables de syndicats salariés et professionnels, venus qui pour témoigner, qui pour suggérer une amélioration, mais tous manifestement impliqués pour le meilleur devenir de la formation par l’apprentissage.

Objectif assigné à cette rencontre, «voir comment, tous ensemble, nous pouvons faire en sorte que (le plan régional pour l’apprentissage) marche». Sans doute que la seule identification des besoins du terrain sur laquelle s’est appuyé ce plan n’y suffira pas. Encore fallait-il obtenir l’adhésion de tous les acteurs concernés, «la force de vente de l’apprentissage», comme les a appelés Xavier Bertrand. Ce que semble avoir réussi cette rencontre qui a pris toutes les formes d’une réunion de travail voulue en temps forts successifs avec d’abord des témoignages, puis une présentation du plan et enfin une séance d’interpellations avec les acteurs présents.

«Filière d’excellence», l’apprentissage l’est assurément et les témoignages du Picard Alexandre Etienne, ingénieur informatique par apprentissage et 7e mondial aux Worldskills International à São Paulo en 2015 («l’apprentissage a réellement changé ma vie»), de Laurent Vitoux, directeur régional d’Orange, de Damien Vasseur, responsable de la formation par alternance chez Arc, de Fabien Senez, responsable d’un magasin bio à Arras, et d’Alain Griset, président de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat, l’ont bien montré, grâce à une démarche structurée rendant le parcours attractif et valorisant le tutorat, et en mettant en place un parcours intitulé «Attirer intégrer fidéliser»…

De ces témoignages et des échanges qui ont suivi la présentation du plan avec la salle, ont émergé nombre de constats d’améliorations possibles et d’autres idées, comme l’utilisation de la méthode de recrutement par simulation pour le recrutement d’apprentis, la nécessité d’amplifier la communication sur les aides aux apprentis, la simplification des contrats, l’optimisation de la recherche d’hébergements, l’expérimentation de conventionner via un groupement d’employeurs… Mais aussi que l’argent collecté dans la région aille aux CFA de la région, que le recours à l’apprentissage soit intégré comme clause sociale dans les marchés publics, ou encore que l’apprentissage soit inscrit au menu des services publics de l’emploi régional de proximité…

Que restera-t-il de cette rencontre ? Le sentiment, à coup sûr, d’une forte volonté d’engagement et une certitude à l’instar de celle exprimée par Xavier Bertrand : «Le premier juge de ce plan, ce sera le résultat de septembre. Est-ce que nous aurons, dès cette année, plus d’apprentis ? (…) La seule chose qui compte : un apprenti de plus, c’est un jeune de moins au chômage. Point barre !»

 

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«Un plan pragmatique et ambitieux»

 

Les engagements de la Région des Hauts-de-France

 

Voté lors de la séance plénière du Conseil régional du 26 avril 2016, le plan Apprentissage vise à encourager les entreprises à recruter des apprentis et à dynamiser l’entrée des jeunes dans le monde du travail par des dispositifs d’aides ciblés.

 

Les aides aux entreprises

− L’aide d’initiative régionale. Par triplement du montant actuel de l’Aide au recrutement d’apprentis prévue par le Code du travail. En cas d’embauche d’un apprenti de 18 ans et plus, 3 000 € versés la première année du contrat pour les entreprises de moins de 250 salariés et 1 000 € versés les années suivantes pour celles de 11 à 20 salariés. En cas d’embauche d’un apprenti de moins de 18 ans, 1 000 € versés uniquement la première année de contrat pour les entreprises de 11 à 249 salariés.

− La prime à l’apprentissage. A partir du 1er juin 2016, en cas d’embauche d’un apprenti de 18 ans et plus, 1 000 € versés la première année du contrat pour les entreprises de moins de 250 salariés et les années suivantes pour les entreprises de 11 à 20 salariés. En cas d’embauche d’un apprenti de moins de 18 ans, 1 000 € versés annuellement aux entreprises de moins de 11 salariés.

L’aide d’initiative régionale et la prime à l’apprentissage ne sont pas cumulables la première année de contrat.

− L’aide au recrutement d’apprentis (ARA). 1 000 € aux entreprises de moins de 250 salariés versés la première année du contrat à partir du 1er juin 2016, sous conditions (ne pas avoir employé d’apprentis depuis le 1er janvier de l’année précédente ou justifier embaucher plus d’apprentis qu’au 1er janvier de l’année précédente). Cumulable avec les deux aides précédentes.

 

Les aides aux apprentis

− L’aide de rentrée. 200 € directs aux jeunes entamant un nouveau cycle de formation par alternance dès la rentrée 2016 via la «Carte génération».

− Les aides régionales aux transports, à l’hébergement et à la restauration. Versées annuellement par les CFA aux apprentis et alternants qui partagent leur temps entre trois lieux de vie (CFA, domicile, entreprise) sur la base de forfaits (au kilomètre, par nuitée et par repas).

− Les «appels à projets Mobilités». Auprès des CFA régionaux pour une mobilité européenne accrue et diversifiée des apprentis (jumelage, voyage d’études, réseau de formateurs…).

 

Un bouquet de services

Il doit permettre d’offrir une information individualisée, de simplifier les démarches, de prévenir et prendre en charge les ruptures de contrat d’apprentissage grâce à un accompagnement continu et personnalisé du recrutement à la fin du contrat. Sont ainsi développés un simulateur en ligne pour le calcul des aides, une foire aux questions en ligne, un numéro vert 0 800 02 60 80, la carte “Génération #HDF”, mais aussi la mobilisation d’un médiateur en amont et tout au long de la vie du contrat d’apprentissage, la démultiplication de la prospection d’offres de contrats, via notamment un cofinancement Région – Europe de «développeurs de l’apprentissage» pour prospecter de nouvelles entreprises (lire par ailleurs), la création de points d’information dans les futures antennes régionales des territoires…

 

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L’apprentissage en Hauts-de-France

 

− 33 146 : 21 768 en Nord − Pas-de-Calais, 11 378 en Picardie

− 54 CFA (27 en Nord − Pas-de-Calais, 27 en Picardie)

− 337 sites (257 en Nord − Pas-de-Calais, 80 en Picardie)

− 4% d’entreprises signataires de contrats d’apprentissage

− Près de 70% d’embauches à l’issue de la formation

− Objectif : 50 000 «le plus tôt possible»

 

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De nouveaux acteurs : les développeurs de l’apprentissage

 

Développer l’intérêt des entreprises pour l’apprentissage, c’est désormais la tâche qui incombe aux développeurs de l’apprentissage, force de frappe à qui incombe la mission de «faire signer davantage de contrats d’apprentissage dans la région en pilotant et démultipliant la prospection d’offres de contrats assurée par les partenaires (CFA, consulaires, branches…) et en mobilisant les réseaux du service public régional de l’orientation».

Directement recrutés par les CFA, les chambres consulaires et les branches professionnelles qui bénéficieront du soutien financier des fonds européens et de la Région, ces développeurs de l’apprentissage seront répartis sur l’ensemble du territoire régional et devront, outre y consacrer a minima 50% de leur temps de travail, réaliser, en cas de temps complet, au minimum 400 visites d’entreprises annelles et contribuer à la signature de 80 contrats d’apprentissage.

Leur mission est essentiellement tournée en direction des entreprises auprès desquelles ils promeuvent le recours à l’apprentissage en prospectant et détectant leurs besoins en compétences, en les accompagnant dans leur recherche d’un apprenti et/ou d’un centre de formation adapté, en facilitant la signature des contrats grâce à l’appui technique et administratif apporté et en présentant les dispositifs régionaux d’accès à l’apprentissage ainsi que toutes les mesures proposées par la Région pour faciliter le recrutement.

En complément, les développeurs ont aussi une mission à assurer auprès des jeunes : mise en relation avec l’entreprise, suivi des apprentis tout au long du contrat, du démarrage à son exécution, voire à sa rupture en vue d’un travail de médiation, jusqu’à être l’interlocuteur unique de l’entreprise en cas de difficultés entre l’apprenti et l’entreprise.

Tous les secteurs d’activité peuvent être couverts par l’action des développeurs, mais priorité devra être donnée auprès d’entreprises cibles des secteurs de l’agriculture, de l’artisanat, du commerce et de l’industrie, ainsi que dans les domaines émergents tels l’économie du numérique, l’économie sociale et solidaire, l’économie verte, les services à la personne…

A la mi-juin, ils n’étaient que 26 développeurs à exercer sur le territoire des Hauts-de-France. L’aide financière de la Région devrait aider à leur multiplication.