La pomme de la discorde verte
Dans le sillage de la Confédération de l’Artisanat et des Petits Entreprises du Bâtiment, son entité mosellane monte au créneau. En cause : une future réglementation environnementale (RE2020) revue après les dernières décisions gouvernementales.
Les mots de Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, sont sans détours : «Nous attendions une réforme intelligente, agile et territoriale, nous avons, au travers des annonces gouvernementales, une posture politique. Le Gouvernement restreint les énergies utilisables et met en avant un seul type de matériau sans aucune considération pour la diversité des situations de construction et sans concertation avec les acteurs du secteur. Nous demandons en urgence des études d’impacts économique et technique approfondies qui justifieraient les surcoûts de construction engendrés et permettraient de comprendre les choix gouvernementaux ! La brutalité de ce calendrier va mettre à mal plusieurs filières, ne laissant que très peu de possibilité d’adaptation à celles-ci pour faire face à ces mutations. Ces décisions poseraient inéluctablement des questions en matière d’emploi et d’impact économique pour de nombreuses entreprises. Nous rappelons l’importance du bon matériau au bon endroit, nous rappelons la diversité de nos territoires et notre filière de proximité, nous rappelons que l’approche à privilégier est le développement de solutions énergétiques hybrides, nous rappelons enfin que la meilleure énergie, c’est celle non-consommée». Voilà qui a le mérite de la clarté dans des propos où se mêlent incompréhension et déception. L’ambition initiale de la RE2020 visait à garantir une qualité globale des bâtiments tant en termes de performances techniques que d’usage et ce, en utilisant les bons matériaux et les énergies pertinentes au bon endroit. Un travail au préalable des acteurs de la construction avait été fait durant ces dernières années dans la phase expérimentale du label E+/C, amené à préfigurer la RE2020. Cette même expérimentation avait permis de montrer que plusieurs solutions énergétiques ainsi que tous les matériaux pouvaient permettre d’atteindre les performances ambitieuses du label, que ce soit au niveau de la consommation énergétique que des émissions de CO2.
Quid des hydrides ?
Le nouveau schéma gouvernemental exclut désormais du cadre plusieurs solutions décarbonées, comme la construction en pierre, et restreint le libre arbitre du maître d’ouvrage au moment de choisir les solutions lui convenant. La Capeb y voit là une façon de réduire la place de la production locale et des équipements hybrides. Ces derniers sont en effet connus pour leur efficience quant aux consommations énergétiques et aux émissions de CO2, en associant la pompe à chaleur et la chaudière à très haute performance énergétique. Mariage qui permet la meilleure énergie au meilleur moment. La Capeb conclut : «Avec le seuil maximal d’émission de CO2 des consommations énergétiques annoncé par le gouvernement, il est surprenant de constater que dans certains cas de figure les équipements hybrides seront bannis des maisons individuelles neuves ». Dossier à suivre en cette période où la crise sanitaire se multiplie en plusieurs crises. Dont la crise environnementale et l’urgence climatique. «Le quoi qu’il en coûte» se traduit déjà par une addition abyssale. Budgétaire mais pas seulement. Pour écoper le bateau France, doit-on rabattre quelques ambitions ? Fussent-elles écologiques et considérées il n’y a pas si longtemps comme prioritaires ?