La Nancéienne épice son essor
L’entreprise La Nancéienne fait partie des adresses lorraines incontournables en matière d’épices et autres condiments. Son gérant, Éric Cormenier, a su lui donner le succès à l’export.
Éric Cormenier est un artisan de convictions, qui a fait ses premières armes comme fournisseur en matériel de boucherie. La corporation des bouchers-charcutiers, il a appris à en mesurer le labeur et à l’aimer. Non loin de la zone d’activités Marcel-Brot, boulevard Jean Moulin, sa société La Nancéienne a pignon sur rue. Quand on en franchit le seuil, impossible de ne pas être envahi par une enivrante odeur d’épices. À presque donner l’envie de composter un billet d’avion pour un pays lointain. Ici, le produit lorrain est roi. Éric Cormenier est fer de cette identité. Le 1er juillet 1983, il ouvre, boulevard d’Austrasie, sa première échoppe. Presque trente-deux après, les résultats sont là. Un long cheminement où le travail lié à la patience et la haute qualité des produits ont su séduire la clientèle, essentiellement des charcutiers-traiteurs. Un univers où le raffinement du goût va de pair avec une exigence quotidienne, autant dans la pratique de fabrication que dans la recherche des saveurs. Cette originalité dans la création demeure l’une des marques de fabrique de La Nancéienne. Éric Cormenier, photo de son premier magasin en main, aime rappeler : «Je suis un marathonien de la vente !» Fabrication en gros de condiments, épices, vinaigres, sauces constitue une belle palette pour l’entreprise qui compte neuf collaborateurs aux côtés du gérant. Rien ne prédestinait Éric Cormenier à se pencher un jour sur la question de l’exportation. Le virage se situe il y a une quinzaine d’années. L’enseigne Cora l’incite à s’intéresser au marché hongrois. Le coup d’essai se transforme en coup de maître.
Une haute qualité de produits
La Nancéienne ouvre un laboratoire à Budapest, s’y implantant durablement. Peu de temps après cette incursion initiale, une autre opportunité se concrétise : la Roumanie. Quand il parle de ces deux pays, Éric Cormenier évoque deux cadres bien différents. Si la Hongrie a rapidement rattrapé la logique de l’économie de marché, sa voisine roumaine peine à sortir d’une relative pauvreté. L’entrepreneur, quand il fait visiter son laboratoire et le grand entrepôt à Nancy, ne se dépare pas de deux mots : innovation et investissement. Spécialiste de l’assortiment de la charcuterie, La Nancéienne a bien évolué : extension de sa zone de chalandise hors des frontières hexagonales, locaux plus fonctionnels (en attendant un projet d’agrandissement). Mais sans perdre un iota de son ADN d’origine. Éric Cormenier a trouvé en 2013 de nouvelles destinations de diffusion pour ses denrées fines, qui n’ont rien du tourisme d’agrément : la Martinique et la Guadeloupe. L’export, il le mesure comme un vital besoin : «Actuellement, il représente 40 % de mon chiffre d’affaires. C’était 20 % il y a peu et ce sera à courte échéance 80 %. Quand on voit comment, en France, les entreprises sont contraintes par les réglementations en tout genre, la fiscalité…, l’export est une solution nécessaire !» Rappelant au passage ses relations avec la proche Allemagne, numéro un mondial dans le secteur des épices, Éric Cormenier regarde à présent de l’autre côté de l’Atlantique. Vers le Canada. Tout a débuté par une démonstration faite là-bas et de précieux contacts noués, qui laissent tous les espoirs à La Nancéienne pour s’y faire une place. L’entreprise lorraine devrait prendre part à une mission de prospection à Montréal organisée par le CCI International en septembre et pourrait s’associer à la célèbre course à la voile Québec-Saint-Malo. Éric Cormenier, en bon capitaine de son embarcation entreprenariale, a hissé la grand voile vers des horizons fructueux et trouvé le bon cap.