La Mutuelle Familiale quitte le groupe Humanis

Nouveau coup d’éclat chez Humanis après le limogeage de Damien Vandorpe en janvier : la Mutuelle Humanis familiale a décidé de quitter le groupe pour retrouver sa liberté et son autonomie d’action.

C’est à une «écrasante majorité», 96 voix pour, 6 abstentions et 2 voix contre, que les délégués de la Mutuelle Humanis familiale ont décidé, en mai dernier, de quitter le groupe Humanis dont elle était la principale composante avec 300 000 personnes protégées et 180 M€ de cotisations perçues. Pour son président, Pierre-Marie Hébert, «le dossier de la sortie est clos, nous avons pris nos responsabilités, nous avons décidé de les assumer seuls pour l’instant. Il n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour d’envisager autre chose. Il nous reste à signifier cette sortie, à la négocier le plus intelligemment possible dans le respect des adhérents, des salariés, de la mutuelle et du groupe Humanis».

Pierre-Marie Hébert est explicite sur les raisons de ce départ : «Les objectifs de la fusion entre la Mutuelle Familiale Vauban-Humanis, Radiance Nord-Pas-de-Calais et Radiance Picardie étaient de quatre ordres : pouvoir porter efficacement la parole mutualiste au sein du groupe paritaire et mutualiste, assurer une meilleure qualité de services, faire des économies d’échelle et voir notre souveraineté préservée. Sur ces quatre aspects, nous avons constaté ces derniers mois que tout le contraire se produisait. Nous avons tiré des signaux d’alerte, nous avons été négligés, ostracisés, je le regrette pour avoir moi-même plaidé pour l’adossement au groupe Humanis…  Nous avons présenté un projet alternatif que nous pensons plus à même d’atteindre ces quatre objectifs et de permettre de nous développer tant par croissance externe qu’interne. Nous sommes convaincus que le modèle que nous allons mettre en place sera de nature à séduire d’autres mutuelles

Même s’il est de notoriété que les relations entre institutions de prévoyance et mutuelles au sein d’un même groupe de protection sociale sont loin d’être toujours une sinécure, cette décision de sortie traduit une situation de conflit que les dirigeants d’Humanis ont détaillé par le menu dans une pleine page de publicité parue dans les quotidiens La Voix du Nord, Nord Eclair et Le Courrier Picard, la veille de l’assemblée générale à l’adresse des délégués de la mutuelle. Leur «charge» contre Pierre-Marie Hébert, par ailleurs aussi membre du CA de l’association sommitale Humanis au titre du Medef, aura non seulement révélé l’importance de leur différend, mais soudé des délégués qui l’ont reconduit comme administrateur à 95%.

L’information a été donnée au personnel du site lillois par le nouveau directeur général du groupe, Jean-Pierre Menanteau, qui a insisté sur le maintien de la qualité de services pour que les clients n’en soient pas impactés. Quelque 750 personnes travaillent peu ou prou pour la MHF qui les finance à due concurrence, soit quelque 400 équivalents temps plein.  Elément rassurant : les délégués de la MHF ont voté une résolution confirmant l’engagement pris vis-à-vis du personnel de maintenir l’emploi et les bassins d’emploi.