La mobilité durable se met en route dans le Nord-Pas-de-Calais

Avec près de 30 millions de véhicules individuels en France, les trajets quotidiens en voiture sont au cœur des préoccupations environnementales et économiques. Ainsi, pour impulser des pratiques de déplacement durables dans notre région, l'initiative Déclic mobilités s'est mise sur orbite, à Lille, le 4 février.

Le vélo, une alternative à la voiture individuelle.
Le vélo, une alternative à la voiture individuelle.

Dans le Nord Pas-de-Calais, les trois quarts des actifs utilisent leur voiture pour se rendre au travail, émettant à eux seuls près de 93% des émissions de gaz à effet de serre provoqué par l’ensemble des déplacements routiers (personnes et marchandises confondues).

L’enjeu environnemental est évident et il se double d’un enjeu économique au niveau local puisque les ralentissements dans la région, provoqués par l’usage massive des véhicules individuels, représentent 1,4 milliard d’euros de perte par an1.

Pour favoriser le changement de ces comportements aux impacts négatifs, Réseau Alliances a lancé, le 4 février dernier, Déclic mobilités, qui se définit comme une communauté de pratiques de la mobilité durable. Objectif déclaré de cette initiative regroupant des acteurs aussi bien privés (AG2R La Mondiale, Mobivia groupe, Transpole groupe Keolis) qu’institutionnels (ADEME direction régionale Nord-Pas-de-Calais, Région Nord-Pas-de-Calais) : sortir du «tout-voiture».

Pour impulser cette évolution de comportement, Déclic mobilités devra surmonter deux défis essentiels. Le premier est celui de l’inter-opérabilité, c’est-à-dire faciliter le passage d’un mode de transport à un autre, mais aussi et surtout faire évoluer les mentalités. En effet, la voiture est parfois davantage considérée comme un indicateur de réussite sociale que comme un moyen de locomotion. Le véhicule individuel est consommé «seulement 10% de son temps», précise Hervé Pignon, directeur régional de l’ADEME : «il faut viser un plus haut taux d’occupation et d’usage», ajoute-t-il.

Le covoiturage n’est pas la seule bonne pratique que le nouvel organisme cherche à promouvoir : transports en commun, vélo, etc. Pour diffuser ces usages durables et encourager leur reproduction, le projet Déclic mobilités va s’appuyer sur différents services :

− L’organisation et l’animation d’ateliers d’échanges de bonnes pratiques sur la région, mis en place dès 2009 par le Réseau Alliances et sous l’impulsion d’AG2R La Mondiale (il y en a eu une quinzaine depuis). 

− Le pilotage de groupes de travail pour favoriser l’innovation et la recherche collaborative d’outils pour la mobilité durable. 

− La création d’un véritable écosystème d’acteurs de la mobilité en aidant les entreprises à échanger leurs idées via la plate-forme web collaborative déclic-mobilites.org.

Lancé en octobre 2013 à l’occasion du World forum de Lille,ce site permet à la fois de partager les expériences et les bonnes pratiques d’entreprises privées ou publiques, collectivités, clubs d’entreprises, zones d’activité, etc. (par exemple celle de Weldom qui a mis en place une flotte de vélos de fonction), et d’accéder à un répertoire de contacts (experts, prestataires…). La mutualisation des expériences des entreprises est au centre du dispositif mis en place par Déclic mobilités.

Olivier Decornet, directeur des nouvelles mobilités à Transpole, met en avant l’importance primordiale de l’information dans ce dispositif. Pour les transports en commun, il s’agit de mieux connaître le réseau pour mieux l’utiliser. Dans ce cadre, Transpole a mis en place une cellule de conseil aux mobilités pour les entreprises, pour les collectivités et pour le grand public. L’enjeu est de taille puisqu’on dénombre pas moins de 4 000 000 de déplacements quotidiens dans la métropole lilloise.

Déclic mobilités compte bien s’appuyer sur cet acteur incontournable qu’est Transpole, mais aussi sur l’expérience ancienne d’un autre partenaire : AG2R La Mondiale, qui mène depuis une décennie un plan ambitieux, motivé à la fois par des préoccupations environnementales et économiques. Un salarié ayant des difficultés de transport et/ou étant victime de nuisances sonores au quotidien, est-il aussi productif que celui qui n’y est pas exposé ? L’engagement de la direction pour les déplacements durables a porté ses fruits puisque sur son site de 1 300 personnes, 35% des employés aurait renoncé à une voiture individuelle.

Pour aller plus loin et bousculer les habitudes, Déclic mobilités veut s’éloigner d’un discours culpabilisant pour impulser de nouveaux comportements et faire évoluer les pratiques en termes de mobilité. Bref, faire naître un véritable «déclic» dans les esprits, comme son nom l’indique.

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Le vélo, une alternative à la voiture individuelle.

Déclic mobilités dispose d’un terreau favorable dans le Nord-Pas-de-Calais puisque déjà près de 800 entreprises (soit 11% des emplois) ont engagé une réflexion sur le management des transports. Cependant, il est clair qu’il reste encore beaucoup à faire.

 1. Selon la brochure «Mobilité intelligente» produite par la chambre de commerce et d’industrie Grand-Lille. Cf. http://www.grand-lille.cci.fr/files/2013/04/Plaquette-mobilite.pdf