Collectivité

La Meuse fait le choix de la résilience écologique

Engagé dans un plan de transition écologique, le département de la Meuse mise sur une action volontariste pour baisser de 40 % son empreinte carbone à l’horizon 2030. Pour y parvenir, la collectivité multiplie les actions innovantes en lien avec ses compétences, sans perdre de vue la question budgétaire et ses incertitudes pour 2025.

© Alexandra Marquet- Jérôme Dumont, le président du département de la Meuse qui vient de contractualiser avec Enedis pour «un avenir durable.»
© Alexandra Marquet- Jérôme Dumont, le président du département de la Meuse qui vient de contractualiser avec Enedis pour «un avenir durable.»

L’ année 2019 marque le point de départ des ambitions meusiennes de voir fondre de près de 40 % son empreinte carbone avec un calendrier prévisionnel et des actions fléchées jusqu’en 2030. La boussole indique le chemin à suivre avec une diminution de 5 % par an des émissions directes et de 4 % des émissions indirectes. Pour atteindre cet objectif de décarbonisation, la collectivité a choisi de s’attaquer à sa flotte de véhicules. 480 000 euros de dépenses sont «qualifiées de favorables» et correspondent à l’acquisition de véhicules électriques pour sa flotte légère et en 2024 à l’achat du HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) en substitution partielle du gasoil pour les véhicules lourds. Et pour cause, 34 tracteurs d’entretien ne représentent pas moins de 30 % des émissions carbone de l’ensemble de la flotte lourde composée de 145 véhicules. En utilisant ce carburant deuxième génération, 400 tonnes de CO2 doivent être évitées chaque année. «Cette innovation n’est qu’un axe de notre démarche qui se veut avant tout volontariste», confie Jérôme Dumont, le président du département de la Meuse qui vient de contractualiser avec Enedis pour «un avenir durable.» Ce partenariat marque d’ailleurs «une étape cruciale dans notre engagement et permet de définir les modalités de coopération, d’appui et de coordination», ajoute le chef de l’exécutif meusien dont la volonté est de faire de la Meuse «un modèle de durabilité et de solidarité.» Durabilité avec la protection de la biodiversité comme la reforestation et la gestion de la végétation. Ce sont 30 000 arbres qui seront plantés d’ici à 2030 dans ce territoire rural. Un plan de mobilité électrique a également été initié autour de l’équipement de bornes de recharge rapide, particulièrement attendues des usagers.

Quand durabilité rime avec solidarité

Du côté de son soutien aux publics empêchés, la collectivité mise sur la lutte contre la précarité énergétique. Dans ce domaine, la Meuse est en queue de peloton avec un nombre élevé de ménages vulnérables habitant dans des logements énergivores. Enedis va dès lors fournir des données précises à l’échelle des communes ou des quartiers afin que la collectivité adapte ses interventions sur des publics qui rencontrent des difficultés avec des impayés par exemple. Cette action s’inscrit dans le pacte local des solidarités de la Meuse validé en juin 2024.

À la tête de 80 bâtiments pour une superficie de près de 200 000 m2 et un budget de 15,3 millions d’euros pour le budget 2024, le département s’engage en parallèle dans la rénovation énergétique tous azimuts. Début décembre, le collège de Revigny-sur-Ornain a été inauguré après un chantier de réhabilitation de deux ans qui s’est appuyé sur des matériaux biosourcés et un investissement 6,8 millions d’euros dont un tiers au titre de la réhabilitation passive. En adhérant à Fibois Grand Est, la Meuse s’engage à ce que 40 % des surfaces rénovées le soient en bois et matériaux biosourcés. Fin 2025, le collège de Saint-Mihiel devrait être le premier à être équipé de panneaux photovoltaïques solaires pour un budget prévisionnel de 480 000 euros. «Tous ces investissements visent à réduire notre facture énergétique, au-delà des contraintes environnementales», explique le patron des Meusiens. Les chaudières des collèges de Gondrecourt-le-Château et de Verdun vont aussi être changées. «C’était les deux dernières alimentées par du fioul. Toutes ces actions ne sont pas des anecdotiques, mais entrent dans une stratégie globale», insiste l’élu qui a misé il y a dix-huit mois sur un budget vert, véritable outil de pilotage qui vise à évaluer la performance des dépenses de la collectivité sur le climat et la biodiversité.

Au-delà de ses compétences, la collectivité a choisi de sensibiliser le grand public. C’est pour cette raison qu’en septembre dernier, lors de Verdun Expo, une première mondiale était offerte aux Meusiens par le chercheur-explorateur Christian Clot qui avait ouvert au public son Climate Sense, une chambre climatique qui simule la vie quotidienne dans des conditions caniculaires, à 50 degrés. «L’enjeu est aussi de participer à la prise de conscience de la population car la collectivité ne doit pas être la seule à agir. Chacun peut jouer un rôle.»

Budget à voter

À l’heure où le vote du budget meusien habituellement adopté en décembre a été reporté en mars, compte tenu de l’instabilité gouvernementale, Jérôme Dumont assure que malgré les incertitudes politiques et financières, son engagement environnemental se poursuivra, en espérant des retombées sur le budget de fonctionnement, tout en admettant aussi que s’il dispose de moins de moyens, les investissements seront forcément limités.