Agriculture
La Meuse a fait le choix de l’hyper local
Déployé en Meuse en 2021, l’outil Agrilocal vise à promouvoir les circuits courts, l’agriculture de proximité au profit de l’économie locale. En Meuse, près de 500 000 euros d’achat devraient être réalisés en 2024.
Un million d’euros de commandes. Ce n’est pas rien. La Meuse peut en effet s’enorgueillir d’être le deuxième département à atteindre ce seuil en seulement trois années d’adhésion au programme Agrilocal. Créée en 2013 par deux départements pionniers, cette plateforme internet d’achat de produits locaux qui met en relation les acheteurs de la restauration collective et les fournisseurs de leur territoire, respecte scrupuleusement les règles de la commande publique. «Au début, l’idée était donc de développer et soutenir le recours aux produits locaux dans les quinze collèges qui dépendent du département (sur les 21 recensés sur ce territoire rural)», rappelle Guillaume Giro, directeur de la transition écologique du Conseil départemental, ajoutant que l’outil a permis «d’augmenter de 50 % les achats locaux par rapport à 2020.» Sur les 38 départements adhérents à cette association, la Meuse a su se hisser sur la cinquième marche en termes de chiffre d’affaires par nombre d’habitants. Si en 2021, 57 000 euros d’achat étaient réalisés, ce chiffre a atteint 375 000 euros en 2023 avec l’objectif affiché de flirter avec la barre des 500 000 euros à la fin 2024. Un défi qui devrait être quasiment relevé dans trois mois. Cette hausse progressive traduit l’intérêt des collectivités à jouer le jeu.
Une dynamique vertueuse
Car au-delà du département pour l’approvisionnement des cantines des collèges, d’autres ont suivi le pas. C’est le cas de certaines intercommunalités dont la Communauté de communes de l’Aire à l’Argonne, meilleure élève et «véritable locomotive dans la démarche.» Certaines communes, les hôpitaux et même l’armée ont rejoint l’aventure. À l'heure où le choix d’une alimentation locale et saine a le vent en poupe, les obligations de la loi Egalim initiée dès 2018 et qui vise à un meilleur équilibre dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable ont fini de convaincre certaines. Du côté des producteurs, l’outil a séduit 89 fournisseurs dont soixante réguliers. Il faut dire que la solution est «simple d’utilisation. En seulement trois clics et moins d’une minute, les producteurs peuvent s’inscrire», selon le technicien.
Reste à structurer la logistique
Après cette hausse continue, le système arrive-t-il à un plafond ? «J’ai un regard bienveillant sur cette opération mais il reste un vrai travail de longue haleine à faire. Si certains agriculteurs ont fait le choix du circuit court, en revanche il nous faut développer le circuit moyen-court pour aller vers d’autres clients. Et là, on a besoin d’organisation en amont des deux côtés, notamment au niveau de nos capacités à produire, organiser nos circuits et sur la première transformation. Il nous faut passer à l’étape supplémentaire de structuration et de logistique», analyse Nicolas Perotin, le président de la chambre d’agriculture de la Meuse. Même analyse du côté du département qui continuera de s’impliquer au-delà de ses compétences : «le Conseil départemental est au côté du monde agricole avec une volonté affichée de défendre les circuits courts et de valoriser les producteurs locaux. Je tiens à préciser que l’agriculture est essentielle à l’économie de notre territoire», assure Jérôme Dumont, le chef de l'exécutif meusien. Le travail devra être partenarial avec la chambre d’agriculture, la région, le département mais ce n’est pas tout. Les fournisseurs privés devront aussi se positionner. C’est tout l’enjeu pour transformer l’essai concluant en Meuse et passer le cap de la professionnalisation.
A.M.
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