La Journée de la transmission élargie à la croissance externe

Organisée le 15 novembre à la Cité des échanges, la 7e édition de la Journée de la transmission d'entreprise s'est enrichie cette année d'un module "Croissance externe", répondant ainsi aux attentes des nombreux cédants et repreneurs, dans une dernière configuration Nord France Europe en attendant son passage en Hauts-de-France.

De gauche à droite, Pascal Arnoult, membre du directoire de la CENFE en charge de la Banque des Décideurs en Région, Vianney Descheemaeker (Forest Style), Bruno Fontaine (groupe GHI), Christophe Levyfve (Netco), Bruno Chesnel (Renson) et Olivier Ducuing en charge de l'animation de la conférence-débat « Croissance externe : de l'opportunité au risque ».
De gauche à droite, Pascal Arnoult, membre du directoire de la CENFE en charge de la Banque des Décideurs en Région, Vianney Descheemaeker (Forest Style), Bruno Fontaine (groupe GHI), Christophe Levyfve (Netco), Bruno Chesnel (Renson) et Olivier Ducuing en charge de l'animation de la conférence-débat « Croissance externe : de l'opportunité au risque ».

 

 

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D.R.

De gauche à droite, Pascal Arnoult, membre du directoire de la CENFE en charge de la Banque des décideurs en région, Vianney Descheemaeker (Forest Style), Bruno Fontaine (groupe GHI), Christophe Levyfve (Netco), Bruno Chesnel (Renson) et Olivier Ducuing qui animait la conférence-débat.

 

La 7e édition de ce qui était jusqu’à l’an dernier la Journée de la transmission d’entreprise est devenue cette année la Journée de la transmission et de la croissance externe. Organisée à la Cité des échanges à Marcq-en-Barœul par la Caisse d’épargne Nord France Europe en partenariat avec La Gazette Nord – Pas de Calais, la CCI de région Nord de France, Grand Lille.TV, Réseau Entreprendre Nord, les associations Aparté (Association de partenaires pour le rapprochement et la transmission d’entreprise) et CRA (Cédants & Repreneurs d’affaires), cette Journée a réuni plus de 120 participants intéressés dans un premier temps par la conférence-débat organisée sur le thème «Croissance externe, de l’opportunité au risque» et ensuite par des rendez-vous en face-à-face programmés tous les quarts d’heure, permettant aux repreneurs potentiels d’échanger avec des cédants ou leurs conseils. Chacun pouvait aussi bénéficier de rendez-vous personnalisés avec des avocats, des experts-comptables et autres notaires afin de se faire accompagner dans l’ensemble de leurs démarches, de la mise en relation au financement du dossier,jusqu’à la mise en œuvre du projet.

C’est en réponse à une interpellation des participants à cette Journée les années précédentes que la Caisse d’épargne Nord France Europe a élargi sa thématique à la croissance externe. Pourquoi se contenter d’acheteurs personnes physiques quand les transmissions se font aussi entre entreprises ? «Confrontée à la difficulté de stimuler des entreprises acheteuses d’autres entreprises, en raison notamment de l’aspect souvent avancé du secret des affaires, la Caisse d’épargne Nord de France s’est lancée dans ce qui est encore un test”, explique Pascal Arnoult, membre du directoire de la CENFE en charge de la Banque des Décideurs en Région, bien conscient qu’«aujourd’hui, il y a encore davantage d’acheteurs personnes physiques que d’acheteurs entreprises. Il y a déjà des rendez-vous organisés pour ces derniers, mais ils ne sont pas la majorité». Et de se réjouir des premiers commentaires d’acheteurs entreprises : «C’est génial ces speed datings sur la base de présélections sérieuses, je peux faire mon marché et rencontrer sept/huit  représentants de cédants, je vais revenir…»

L’événement est d’importance pour la Caisse d’épargne Nord France Europe, comme l’a expliqué Pascal Arnoult : «C’est la dernière édition organisée par Nord France Europe, aujourd’hui en période de fiançailles pour un mariage, fin avril 2017, avec la Caisse d’épargne Picardie, dans un nouvel ensemble Caisse d’épargne Hauts-de-France.» Bonne nouvelle pour les entreprises de ce territoire, puisque «cette fusion donnera une dimension accrue à nos fonds propres, nerf de la guerre dans nos métiers pour financer les entreprises, pour encore plus participer au financement d’acquisitions, à des opérations de LBO, au financement de la croissance externe… La Caisse d’épargne Hauts-de-France, ce sera 3,2 Mds€ de fonds propres, 3 200 collaborateurs, 360 agences, un territoire copié-collé sur la grande Région, près de 500 000 sociétaires et 2 200 clients entreprises, dont 600 pour lesquelles nous avons un rôle de premier banquier. Pour avoir une position de leader sur l’économie sociale et solidaire, le logement social, le financement du secteur public, les professionnels de l’immobilier, sur le marché de l’entreprise, nous avons encore des progrès à faire. Tant en Nord de France qu’en Picardie, la Caisse d’épargne croît de deux points tous les ans. Notre ambition, c’est de jouer la carte de leader sur l’entreprise.»

 

ENCADRE

 

Quatre témoins dans la vraie vie de la croissance externe…

 

De l’avis général, la conférence-débat mise sur pied en ouverture de la journée sur le thème «Croissance externe, de l’opportunité au risque» a répondu à l’objectif qui lui était assigné : apporter le témoignage de chefs d’entreprise qui ont engagé des opérations de croissance externe, dans un contexte où la croissance externe est «souvent vue de l’extérieur comme le Graal du développement économique». Les expériences d’acquisitions présentées, riches d’histoires et de stratégies de croissance diversifiées, de règles à respecter et d’écueils à éviter, auront profité à l’auditoire intéressé au premier chef par le sujet, cédants et acquéreurs.

Ainsi, pour être sur des marchés de niche − la pompe agricole et les cuves de stockage −, Bruno Chesnel, président de la société Renson à Raillencourt-Sainte-Olle depuis sa reprise en 2003 (18 M€ de chiffre d’affaires et 80 salariés), explique que pour lui «la croissance externe est synonyme de croissance tout court». Repreneur notamment d’Usines de Rumeaucourt en 2010, il regroupe ses deux sites en un seul bâtiment neuf de 11 000 m² à Raillencourt-Sainte-Olle. Il reconnaît cependant «deux erreurs» : «si ce n’est pas pour vous, ce n’est pas pour vous : il faut l’accepter», explique-t-il pour la première, ajoutant pour la seconde «avoir surestimé la dimension affective avec le cédant… qui a vendu à un autre».

Longtemps salarié de l’entreprise Netco à Lille, créée en 1986, Christophe Lefyfve, très admiratif des créateur d’entreprise pour faire partie de ceux qui assure la relève, l’a reprise en mai 2012 autour de trois grands métiers : la stratégie d’entreprise, l’innovation et la communication, et la mission d’aider les marques à entreprendre. Le projet Netco repose sur la vision “Pop Corn”, qui projette la société à l’horizon 2020. «La croissance externe a pris sa part, mais que sa part dans ce projet. Elle est une des façons de contribuer à la réalisation du développement. Tout ce qu’on entreprend est au service de la réalisation de cette vision qu’on a décidée.» A son actif, sur cinq ans, sept opérations de croissance externe qui ont fait passer, avec la croissance interne, l’entreprise de 40 personnes à 200 personnes, à une marge brute autour de 15 M€ en 2017 et à une présence à Paris et à Bruxelles.

Parti d’une copie blanche en 1999 avec un parcours de créateur passé du stade de la création à celui de la TPE, puis de PME entrée aujourd’hui dans les critères de l’ETI, Vianney Descheemaeker, qui a démarré par le rachat d’entreprises de négoce, puis rapidement élargi au rachat d’entreprises de production, dirige le groupe Forest Style, basé à Wambrechies et un des leaders du mobilier de jardin avec 20% de parts du marché en France et 30% en Espagne (65 M€ de chiffre d’affaires, 300 salariés, 3 000 points de vente livrés dans la grande distribution partout en Europe). «Au total, nous avons acheté cinq sociétés, créé deux sociétés et en avons revendu deux. Nous avons fait appel à Nord capital et Siparex, qui ont les bons réflexes pour être moins dans l’affect et se projeter dans le futur.»

Quatrième témoin au parcours lui aussi très différent, Bruno Fontaine, président du bailleur social Groupe Hainaut immobilier (GHI) et ancien cadre dirigeant du groupe Arcelor, puis d’une société flamande concurrente. Trois entreprises au sein desquelles il a fait montre de savoir-faire en matière de croissance externe, insistant sur la nécessaire création de richesse, sur l’obligation de projet d’entreprise, voire d’arbitrage en l’absence, par exemple, de compétences ou de bonne dimension.

Au final, une conférence-débat riche d’expériences et de conseils. «Même dans les groupes, c’est dans la tête du dirigeant. Dans les petits, c’est moins formalisé, mais il faut avoir la stratégie dans la tête», explique l’un quand pour l’autre, «il faut codesigner la vision pour avoir un maximum d’alliés à sa réussite». Ne jamais oublier que «racheter, c’est toujours difficile», que «c’est un sport collectif, pas un exploit individuel», que «l’accompagnement n’est pas réservé qu’aux grandes entreprises», que «c’est une démarche qui peut être longue». Les risques cachés ? «Cela arrive toujours, plus ou moins lourd. Le problème, c’est la grosseur du cadavre, comment s’en garantir pour se protéger». Autrement dit, «être capable d’imaginer jusqu’où je suis prêt à perdre»…